Judith est un personnage biblique, héroïne du peuple juif. Son nom dérive de l'hébreu (יְהוּדִית "loué" ou "juif", Yəhudit), et est la forme féminine du nom de Judas.
Les exploits de Judith sont relatés dans le livre du même nom qui fait partie des textes deutérocanoniques, c'est-à-dire exclu du canon de la religion juive (et donc considéré comme apocryphe par les Églises protestantes), mais accepté comme canonique par les Églises catholique et orthodoxe.
Le livre dit que Judith, une jolie veuve juive, a libéré la ville de Béthulie qui était assiégée par les Assyriens du roi Nabuchodonosor. Alors que les anciens de la cité souhaitent livrer Béthulie si le Dieu d'Israël n'intervient pas, Judith décide d'agir. Accompagnée de sa servante, elle se pare de ses plus beaux atours et se rend dans le camp de Holopherne, le général des assyriens. Subjugué par sa beauté, il l'invite à son banquet puis dans sa tente ; le voyant ivre, Judith fait appel à Dieu pour qu'il lui donne la force d'agir, et coupe la tête du général avec une épée. Elle retourne ensuite à Béthulie, avec sa servante qui transporte la tête coupée. La vue de la tête de l'ennemi redonne du courage aux Juifs, qui mettent en fuite les Assyriens, pris de panique sans leur chef.
L'historicité de ce personnage biblique est très douteuse, de même que la description historique des événements donnée par le même Livre de Judith qui — selon les exégètes de l'École biblique et archéologique française (les éditeurs de la Bible de Jérusalem), en accord avec d'autres érudits chrétiens[1] — « se caractérise par une indifférence totale envers l'histoire et la géographie »[2]. Par exemple, Holopherne est un nom d'origine perse[Nota 1] et Nabuchodonosor, qui aurait régné à Ninive sur les Assyriens , régna en réalité entre 605-562 av. J.-C. sur les Babyloniens et à son époque Ninive avait déjà été détruite (en 612 av. J.-C.) de son père Nabopolassar ; de plus, le retour de l'exil babylonien — qui n'aura lieu que sous Cyrus le Grand en 538 av. JC. — est décrit comme ayant déjà eu lieu[Nota 2]. Même la ville de Betulia — au centre du récit — malgré les détails topographiques et bien qu'elle soit présentée comme une ville en position stratégique pour contrôler l'accès à la Judée, est inexistante[Nota 3] et le trajet effectué par l'armée d'Holopherne est un « "défi" à la géographie » de la région, qui était évidemment inconnue de l'auteur du texte[3].
Dans l'art
Le personnage de Judith est récurrent dans l'iconographie à partir du Moyen Âge, comme une héroïne féminine qui triomphe de l'arrogance de l'envahisseur par la séduction et la violence.
Cycle de Judith, quatorze enluminures tirées du manuscrit des Histoires tirées de l'Ancien Testament, réalisé de manière anonyme en 1350 à Saint-Quentin. Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote ms. Fr. 1753. Il s'agit du plus grand cycle du Livre de Judith réalisé dans un manuscrit français du XIVe siècle[4].
↑ Les exégètes de la Bible TOB interconfessionnelle observent que « le général qui commande les troupes d’invasion, Holopherne, et son eunuque Bagoa portent des noms persans rapportés dans des textes extrabibliques qui racontent une campagne d'Artaxerxès III (359-338) », Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, p. 1846-1847 (ISBN88-01-10612-2).
↑ Même les exégètes de l'interconfessionnelle Bible TOB constatent que « le récit présente plusieurs difficultés historiques. Nabuchodonosor, roi de Babylone selon l’histoire, apparaît dans notre livre comme roi de Ninive, ville qui avait été vaincue en 612 par les armées coalisées de son père, Nabopolassar, et des Mèdes. Selon le livre de Judith, lui, le vainqueur et le destructeur de Jérusalem, lance ses forces dans une expédition où elles sont mises en déroute et massacrées par les Israélites qui ne sont revenus de captivité que depuis peu (Gdt4, 3; 5, 19), tandis que, selon l’histoire, c'est lui-même qui a déporté les habitants de Jérusalem », Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, p. 1846-1847 (ISBN88-01-10612-2).
↑Anche gli studiosi della Bibbia Edizioni Paoline, concordemente a quelli della Bibbia TOB e del "Nuovo Grande Commentario Biblico", confermano che "i luoghi attraversati dall'esercito di Oloferne in marcia verso l’Occidente e la stessa località di Betulia, epicentro dell’azione militare, sono immaginari" (La Bibbia, Edizioni Paoline, 1991, p. 614 (ISBN88-215-1068-9). Cfr anche: Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, p. 1846 (ISBN88-01-10612-2) ; Raymond E. Brown, Joseph A. Fitzmyer, Roland E. Murphy, Nuovo Grande Commentario Biblico, Queriniana, 2002, p. 749 (ISBN88-399-0054-3).).
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Références
↑Cfr ad esempio gli studiosi dell'interconfessionale Bibbia TOB, del cattolico "Nuovo Grande Commentario Biblico", della Bibbia Edizioni Paoline, Bibbia TOB, Elle Di Ci Leumann, 1997, pp. 1846-1847 (ISBN88-01-10612-2) ; Raymond E. Brown, Joseph A. Fitzmyer, Roland E. Murphy, Nuovo Grande Commentario Biblico, Queriniana, 2002, pp. 746-749 (ISBN88-399-0054-3) ; La Bibbia, Edizioni Paoline, 1991, pp. 614-615, 617-618 (ISBN88-215-1068-9).