Joseph-Hugues Fabisch est né le [1] au 88, boulevard Sextius à Aix-en-Provence. Son père Charles Fabisch, né à Andrychów[2] en 1769 et mort à Aix-en-Provence le , arrive en France par Marseille après avoir quitté la Pologne pour s'installer à Aix-en-Provence en octobre 1809[3]. Il épouse le Françoise Agathe Salen (née le et morte le ), fille de Julien Salen propriétaire et d’Élisabeth Saint Étienne.
Joseph-Hugues a une sœur cadette, Marie Sophie Louise, née à Aix-en-Provence le . Tisserand de métier, Charles Fabisch a évolué rapidement dans la sphère artistique aixoise au côté notamment de Pierre Jacques Juramy, sculpteur, et Antoine Casimir Dost, orfèvre.
Fabisch fréquente l’école de dessin d’Aix-en-Provence, dirigée par le professeur de sculpture Clairian, où Pierre Jacques Juramy enseigne aussi la sculpture. Il devient protégé de Pierre Révoil et du comte Auguste de Forbin[3]. Lors de son séjour autour de 1836 chez Antoine Mollière à Millery, il rencontre le peintre des fleurs Simon Saint-Jean. Ce dernier l’encourage à s’établir à Saint-Étienne en 1836 comme professeur de dessin à l’institution de Reboul de Salze.
Lors de ces années, il s’essaie à la poésie[3]. En 1836, il publie Besoin de chanter et Besoin d’aimer. Il publie notamment en Le peintre au poète, ode à M. Sézil, professeur au pensionnat de Saint-Genis-Laval puis en La Vierge au Golgotha qu’il dédie à Reboul de Salze, directeur de l’institution de Saint-Étienne où il enseigne le dessin.
Vie lyonnaise
Joseph-Hugues Fabisch fréquente rapidement le milieu catholique lyonnais soutenu par Simon Saint-Jean avec lequel il reste lié toute sa vie. La mort de ses parents le coupe définitivement du milieu aixois. Il poursuit sa formation en Italie. En 1840, il adhère à la Confrérie de Saint-Jean, à Rome, et y rencontre le sculpteur Jean-Marie Bonnassieux[3].
Il épouse, à Saint-Étienne le , Louise Catherine Testenoire, orpheline de Charles Testenoire et de Laurence Detours (Gerbe de Tours fille d'Antoine Gerbe de Tours victime de la Terreur guillotiné en 1793 place des Terreaux), une famille stéphanoise relativement fortunée. Ils s’installent à Lyon au 25, rue des Remparts d’Ainay où Joseph-Hugues Fabisch commence à exposer à la Société des amis des arts en 1842.
Dès 1843, Fabisch crée son atelier qui devient une véritable entreprise et qui, sans l’enrichir, lui vaut une réputation de « fadeur et de mièvrerie qui nuit à ses œuvres originales[4]. »
Il est élu le 24 novembre 1857 à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon[6].
Joseph-Hugues Fabisch et Louise Catherine ont quatre enfants : Marie Antoinette Marcelline dite Antonie[7] (né le ), Anne-Marie Philippe (né Marie Philippe le puis élevé Jean-Marie Philippe[8]), Jeanne Marie (née le ) et Marie Philippine Marguerite (née le ). Anne-Marie Philippe meurt en 1881, il laisse plusieurs bustes dont celui de l'abbé Noirot et un groupe d'anges à l'église Saint-Bruno-les-Chartreux de Lyon[9].
Joseph-Hugues Fabisch meurt le au 1, quai de d’Occident à Lyon. Après une cérémonie à Ainay, il est inhumé le à Lyon au cimetière de Loyasse dans la chapelle des Testenoire, aux côtés de son fils mort en 1881 et du peintre Antoine Duclaux (1783-1868)[10].
Joseph-Hugues Fabisch se fait connaître en participant aux salons, notamment celui de Lyon en 1842, ou celui de Paris en 1846 où il expose une Vierge tenant l'Enfant Jésus.
Sa première œuvre d'importance est le Magnificat sculpté pour l'église Saint-Joseph de Tassin-la-Demi-Lune, près de Lyon, en 1843[1].
Les commandes affluent et il s'entoure d'artistes praticiens. Son fils Philippe, dont il a été le professeur aux Beaux-Arts de Lyon jusqu'en 1863, le rejoindra par la suite. L'une de ses filles est aussi son élève.
Au cours des années 1850, le cardinal de Bonald initie de nombreux chantiers d'églises ce qui explique que Joseph Hugues Fabisch soit souvent sollicité pour réaliser des groupes, des autels, des statues ou des portails.
Joseph-Hugues Fabisch connaît donc le succès rapidement car son style artistique correspond aux attentes de l'époque. Il s'inscrit dans un contexte très porteur où la majorité des églises lyonnaises sont soit construites, soit agrandies ou remeublées.
Il définit son art en ces termes : « L'art apprécié de la hauteur des idées chrétiennes n'est pas une vaine spéculation et ne doit jamais être un but. Auxiliaire de la prédication, ses œuvres doivent tendre sans cesse à élever l'âme, à toucher le cœur[12]. »
On retrouve des travaux du sculpteur dans la région lyonnaise et dans le département de la Loire. Il produit de nombreuses statues pour des églises lyonnaises comme l'Église Saint-François-de-Sales de Lyon, ou la Basilique Saint-Martin d'Ainay. On fait appel à lui pour meubler les chapelles de l'Hôtel-Dieu de Lyon.
De ses quelques années à Saint-Étienne, il garde de très bonnes relations, ce qui lui permet de recevoir des commandes pour des églises stéphanoises comme Sainte-Marie, Notre-Dame, Saint-Louis ou encore Saint-Ennemond.
À la vue de la quantité importante de sa production, on suppose que de nombreuses œuvres sont réalisées par ses praticiens ou ses élèves, pratique courante à l'époque. Ses travaux tendent donc vers une répétition du style et du modèle, ce qui nuit à la qualité de son œuvre aux yeux de certains critiques d'art.
Mais il « laisse une œuvre d'une incroyable fécondité, mêlant bustes, statues en pied et groupes sculptés, avant tout d'inspiration religieuse »[1].
Principales réalisations
En 1851, la Ville de Lyon lance un concours pour la réalisation de la Vierge de la chapelle de Fourvière. Jean-Marie Bonnassieux est son principal adversaire mais aussi ami. Il est d'ailleurs en concurrence pour différentes réalisations avec d'autres sculpteurs, notamment Guillaume Bonnet (1820-1873).[réf. nécessaire]
En 1852, Joseph-Hugues Fabisch remporte un concours pour réaliser la Vierge sommitale de la chapelle Saint-Thomas de Lyon dont le clocher vétuste est construit agrandi par l'architecte Alphonse-Constance Duboys. Le sculpteur travaille dans son atelier des quais de Saône, mais ce dernier est inondé par la crue de la rivière. L'inauguration de la statue, initialement prévue pour le , est alors repoussée au , date à laquelle est désormais célébrée la Fête des Lumières de Lyon. Le jour même, un orage empêche les habitants de célébrer l'événement et allument pour l'occasion des bougies à leurs fenêtres[13].
Du 15 au , il est à Lourdes pour rendre visite à Bernadette Soubirous qui va lui décrire ses « visions » de la Vierge Marie, dont il réalise une statue sous le contrôle de l’abbé Blanc, qui désire avant tout que la statue soit fidèle au propos de la jeune femme. Cette statue de Notre-Dame de Lourdes[14], commanditée par les deux sœurs Lacour de Lyon, est destinée à la grotte de Massabielle. Elle est consacrée le devant 20 000 personnes[15].
Œuvre la plus populaire de l’artiste, diffusée dans le monde entier, cette statue est pourtant à l’origine d’une polémique sur son adéquation avec les visions de la jeune paysanne de Lourdes, laquelle ne l'approuve pas. En 1868, Fabisch crée une autre Madone pour Lourdes, cette fois-ci avec l'Enfant, érigée sur l'autel de la crypte de la basilique de l'Immaculée-Conception de Lourdes[16].
Chazay-d'Azergues, église Saint-Pierre : Vierge, 1871, réplique exacte en fonte et au tiers de la taille de la statue sommitale de la basilique Notre-Dame de Fourvière, commandée par la commune[19] ;
Sainte Catherine d’Alexandrie, 1866. Joseph-Hugues Fabisch est également l’auteur du fronton de l’immeuble dont cette statue occupe un des angles[30] ;
Saint Pierre, angle rue Constantine, rue Paul Chenavard[31].
Reyrieux, Grande Rue, près du cimetière : Vierge, 1851 (installée en 1884)[27] ;
↑Mariusz Kulczykowski, « En Pologne au XVIIIe siècle : industrie paysanne et formation du marché national », Annales. Économies, sociétés, civilisations, vol. 24, no 01, , p. 65, note 1 (ISSN0395-2649 et 1953-8146, DOI10.3406/ahess.1969.422032, lire en ligne, consulté le ).
↑[Histoire de Notre-Dame de Lourdes d'après les documents et les témoins. La chapelle et Bernadette (février 1859-avril 1879) / par L. J. M. Cros, S.J. Cros, Léonard Joseph Marie (1831-1913). Auteur du texte], p. 148, Gallica.
↑[Procès-verbal de la distribution des prix pour l'année 1862 aux élèves de l'école impériale de dessin et des beaux-arts […] de la ville de Lyon], Archives départementales du Rhône, côtes 4T75, 4T78-79.
↑Maryannick Lavigne-Louis, Vierge de la grotte de Lourdes, Musée des Beaux-Arts de Lyon, catalogue de l'exposition Les peintres de l'âme, 1981, p.76-79
Adolphe Vachet, Nos Lyonnais d'hier : 1831-1910, Lyon, , 392 p. (lire en ligne), p. 150-151.
Louis David, 1700-2000. L’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, trois siècles d’histoire lyonnaise, 2000, p. 409.
Maryannick Lavigne-Louis et Dominique Saint-Pierre (dir.), « Fabisch, Joseph Hugues (1812-1886) », dans Dictionnaire historique des Académiciens de Lyon : 1700-2016, éd. ASBLA de Lyon, , 1369 p. (ISBN978-2-9559-4330-4, présentation en ligne), p. 499-500..
Stanislas Lami, Dictionnaire des sculpteurs de l'École française au dix-neuvième siècle. T. II. D.-F., Paris, Champion, , 432 p. (lire en ligne), p. 313-315
Marius Audin et Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d'art de la France : Lyonnais, t. premier : A à L, Paris, Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, , p. 326-328.
Daniel Buren, Ponctuations statue/sculpture, 1980, p. 160 et 161 — Liste chronologique des œuvres.
Les peintres de l’âme, Musée des Beaux-Arts de Lyon, 1981, p. 73 à 80.
Pré-inventaire des monuments historiques et richesses artistiques, Sainte-Foy-les-Lyon, 1990, p. 240.
Bernard Berthod, Architecture et symboles, Fourvière a cent ans, 1996, p. 49.
Xavier de Montclos (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 6 Lyon, le Lyonnais – le Beaujolais, Paris, Éditions Beauchesne.
Dominique Bertin et Nathalie Mathian, Lyon, silhouettes d'une ville recomposée. Architecture et urbanisme 1789-1914, p. 279 et 285.
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Dominique Dumas et Gérard Bruyère, Salons et Expositions à Lyon, 1786-1918, catalogue des exposants et liste de leurs œuvres, t. II : F-O, Dijon, L'Échelle de Jacob, (ISBN9782913224711), p. 501-502.