Remarqué dès sa formation, Bergler obtient rapidement un mécène et la médaille d'or de l'Académie de Parme pour son tableau Samson prisonnier des Philistins. Il passe six ans en Italie où il répond à de nombreuses commandes, notamment pour des retables et des autels.
Il vit quatorze ans à Passau, où il est peintre de cour et continue de produire des retables, des maître-autels, des tableaux de cabinet, ainsi que de grands tableaux destinés à des monastères et des églises.
Au tournant du XIXe siècle, Bergler participe à la création de l'Académie des beaux-arts de Prague dont il est le premier directeur et un professeur influent.
En 1776, Josef Bergler se rend à Milan, où le frère de son bienfaiteur, le comte Karl Firmian, devient son nouveau mécène. Il lui trouve un « excellent professeur » en la personne du fresquiste tyrolien Martin Knoller (1725-1804), auprès de qui Bergler s'exerce avec assiduité au dessin d'après nature et en copiant des œuvres classiques[1],[5]. Sous sa direction, Bergler peint beaucoup, notamment a fresco, et progresse vite, au point que l'on a confondu l'un de ses tableaux, L'Infanticide (d'après Raphaël, une commande que Knoller lui a confiée) avec le propre travail de Knoller. Bergler se lie d'amitié avec le sculpteur autrichien Joseph Mattersberger (1752-1825), une amitié qui dure jusqu'à la mort de ce dernier[1],[6].
En 1781, Josef Bergler part à Rome. Avant de s'y installer, il séjourne à Parme, Bologne et Florence pour dessiner d'après les œuvres qui y sont conservées. À Rome il doit, selon la coutume, choisir un protecteur parmi les artistes ; le choix se porte sur le gendre de Anton Raphael Mengs, le chevalier Anton von Maron (1731-1808)[1],[5].
Josef Bergler commence ses études supérieures et se familiarise avec le caractère artistique des plus grands maîtres en copiant, sur les conseils de Maron, les célèbres fresques du Dominiquin dans l'église Sant'Andrea della Valle et les chefs-d'œuvre de Raphaël dans les Loges de Raphaël. Il peint aussi beaucoup d'après nature et d'après d'autres artistes jusqu'à remporter, en 1784, le prix de l'Académie de Parme, une médaille d'or de 50 ducats, avec le tableau Samson prisonnier des Philistins. Il est très apprécié pour l'organisation des figures dans sa composition ; « Si le groupe de Dalila et des princes philistins était, par quelque objet léger, un peu plus en rapport avec celui de Samson enchaîné, le tableau de Bergler pourrait côtoyer les peintures les plus célèbres », commente le secrétaire de l'Académie dans le rapport de la remise du prix[7],[5],[4].
Carrière
Première période faste, à Rome
Joseph Bergler reçoit dès lors de nombreuses commandes et son séjour de six ans à Rome constitue sa première période de création artistique. Il peint principalement des pièces destinées à des églises, notamment le retableLa libération de saint Pierre du cachot par l'ange et une grande chapelle peinte a fresco et un autel pour le monastère de Marino. Il peint aussi plusieurs portraits d'amis et de connaissances[8],[9].
Au pays, ses parents, âgés, ont besoin de lui : Josef Bergler est appelé à reprendre l'atelier de son père mourant[6]. Ajoutés à cela la situation de la cour dont il est pensionnaire et son mal du pays, Josef Bergler décide de quitter Rome en 1786, malgré six très bonnes années dans la ville éternelle[8],[9].
Retour au pays et carrière à Passau
À Passau, dans la Principauté épiscopale de Passau, Josef Bergler essaie d'entrer au service du comte Auersperg comme avec son prédécesseur, mais il refuse. Cependant, après quelques difficultés, Bergler parvient à se faire connaître grâce à ses tableaux ramenés d'Italie et renoue avec le succès. Au point que finalement, le comte Auersperg en fait son peintre de cabinet et que son successeur, le comte Thun, le nomme « duc de cour » en 1795[8],[9].
Cette deuxième période artistique est ponctuée de nombreux tableaux commandés par les comtes : des retables, des maître-autels, des tableaux de cabinet, ainsi que de grands tableaux destinés à des monastères et des églises[10],[11].
Josef Bergler reste quatorze ans à Passau, jusqu'en 1800, un an après avoir épousé en 1799 Franziskou Hilarií Wello[6]. Une école d'art est fondée à Prague par une société d'amateurs d'art, et il est appelé pour réaliser son aménagement. À cette fin, le comte Thun, qui est toujours son mécène, lui accorde un congé de six ans avec maintien de ses appointements, au bout desquels il serait libre de revenir ou pas[12],[11].
Carrière à Prague
Une fois rendu à Prague, Josef Bergler devient directeur de l'Académie des amis patriotiques des arts, qui deviendra l'Académie des beaux-arts de Prague. Il demeure 29 ans dans la capitale du royaume de Bohême pendant lesquels son travail a une influence considérable sur la scène artistique tchèque. Dans le premier tiers du XIXe siècle, Bergler fait partie des artistes les plus respectés et est proche de l'aristocratie tchèque[6].
Bergler travaille à promouvoir l'art dans le royaume en organisant des expositions annuelles et en régulant le marché de l'art au sein de l'Académie. Les artistes étrangers de visite à Prague le rencontrent et admirent ses œuvres et celles de ses élèves, contribuant à faire compter la Bohême dans le monde de l'art de l'époque[12],[2],[11].
Cette troisième et dernière période artistique, la plus longue, compte de nombreux tableaux, retables et autels destinés à des églises de Prague et de Bohême[13].
L'un de ses ouvrages les plus importants est son cycle entier de l'histoire de la Bohême, avec notamment trois grandes peintures à l'huile et 70 dessins[14],[15].
Bergler est aussi le portraitiste de la haute noblesse de Bohême : Auersperg, Clam-Gallas, Clary-Aldringen, Czernin, Kinsky, Lobkowitz, Sternberg-Manderscheid, Schönborn, Clam-Martiniz, etc.[14].
Dernières années
Les dernières années de Josef Bergler sont longues et douloureuses, l'artiste se trouvant souvent malade depuis 1822[14],[6].
Josef Bergler meurt à Prague le [1],[2],[16]. L'avis de décès de la Gesellschaft patriotischer Kunstfreunde (Société des amis des arts patriotiques) le qualifie d'« excellent par son action et sa bienfaisance »[14]. Il est enterré au cimetière d'Olšany[6].
Sa sœur, son élève préféré František Kristian Waldherr(cs), qu'il avait emmené avec lui de Passau, son mécène le comte Franz von Sternberg-Manderscheid, le magistrat Schütz et un certain Monsieur Prachner héritent de ses œuvres ainsi que celles qu'il avait collectionnées[14].
Œuvre
Accueil critique
Dans Winckelmann und sein Jahrhundert (1805), Johann Wolfgang von Goethe évoque Bergler en ces termes : « À côté de ces artistes (Füger, Böttner(de) et autres), un Tyrolien du nom de Bergler était connu comme un jeune artiste habile. Son travail a été récompensé par un grand prix lors du concours libre annuel organisé par l'Académie de Parme. Il possède, en plus d'une grande habileté du pinceau, une couleur vive et fleurie, mais il sait rarement s'accommoder du dessin de manière heureuse et impeccable[17],[18]. »
Georg Kaspar Nagler rappelle en 1835 que ce jugement a été rectifié par « les connaisseurs d'art les plus avisés et les membres les plus actifs de la société en question », qui mettent au contraire en avant la « justesse très scolaire du dessin, même pour ses sujets les plus audacieux »[19]. Il cite notamment l'historien de l'art tchèque Jan Rittersberg(cs) (1823), qui réfute les inexactitudes et les incomplétudes que contiennent sur Bergler les dictionnaires d'artistes de Bohumír Jan Dlabac(de)[20], Johann Heinrich Füssli[a], Johann Georg Meusel[21], Benedikt Pillwein(de)[4], notamment en faisant ainsi le portrait dythirambique de Bergler :
« Favorisé par la nature avec un talent artistique décidé, préparé heureusement pour l'art dès sa plus tendre jeunesse, formé en profondeur par une étude soutenue des chefs-d'œuvre antiques et plus récents, actif sans relâche, apprenant et pratiquant toujours, insensible aux attraits de la mode changeante, évitant soigneusement toute déviation des fausses manières, n'aspirant que vers le but où s'unissent la noblesse, la grandeur et la beauté, suivant la voie de la nature et de la vérité, guidé par les modèles de la classe, par son propre génie fécond et par sa tendre noblesse d'âme, examinant avec une scrupuleuse rigueur chacune de ses œuvres, notre montagnard ne devait-il pas accéder à un excellent niveau dans le temple des beaux-arts[22] ? »
Formation (1771-1784)
Pendant ses premières années (1771-1775), Josef Bergler a notamment peint le Sauveur crucifié (église Saint-Sauveur d'Ilz) ; trois tableaux dans l'église des Capucins : la Pentecôte, et deux représentations de saint François ; La Visitation d'Elisabeth et une pietà. Deux de ses tableaux de jeunesse se trouvent à Reichersberg et dans l'église paroissiale de Wegscheid[3].
Pour parfaire sa formation, Bergler produit beaucoup de copies d'après des maîtres. La « plus réussie de ces copies » est une Sainte Famille d'après Raphaël, offerte par l'artiste à son mécène à Passau, le comte Firmian[5].
Sa pièce d'académie, la peinture d'histoire — sa première — Samson prisonnier des Philistins, lui vaut la médaille d'or et le prix de 50 ducats. Le jury apprécie notamment l'organisation des figures dans sa composition. Selon Nagler, « la rondeur parfaite et le traitement extrêmement appliqué et léger de toutes les parties méritent les plus grands éloges ». Il loue les drapés et l'ornement des figures, ainsi que le rendu très vivant des visages, le traitement des mains et des pieds, ainsi que « l'arrière-plan vaste et somptueux bien pensé ». En revanche, si le jury regrette le traitement général du sujet, Nagler reproche le manque de contraste entre les différents personnages : ils ont tous le même ton carnal, ce qui nuit à l'harmonie de la composition[7],[9].
Première période à Rome (1781-1786)
Il reçoit plusieurs commandes pour des églises et des amateurs d'art dont la plus importante est le retableLa libération de saint Pierre du cachot par l'ange. Il peint aussi plusieurs portraits d'amis et de connaissances[8],[9].
Pensionnaire comme peintre de cabinet du cardinal Auersberg, Joseg Bergler peint pour lui plusieurs tableaux dont deux toiles notables : La Nativité, un retable pour la chapelle d'un château de plaisance, et un tableau représentant la guérison du roi Ézéchias, à l'occasion d'une grave maladie du cardinal. Présentée à Jean-de-Dieu Soult avec la copie de la Sainte Vierge de Raphaël, le Maréchal montre toute son admiration pour ce deuxième tableau[9].
Nommé « duc de cour » par le comte Thun, Josef Bergler réalise les plus importantes huiles sur toile de son séjour à Passau[9]. Nagler estime que leur « excellence est garantie par les esquisses encore existantes et le talent reconnu de leur maître »[11].
La descente du Sauveur de la croix (tableau contenant de nombreuses figures ; l'un des premiers grands tableaux d'autel que Bergler a peint depuis son retour d'Italie)
Le Christ en tant que sauveur du monde (nombreuses figures secondaires symboliques)
En plus de ces œuvres, Bergler a réalisé une multitude de petites peintures, de dessins et de portraits.
Troisième période à Prague (1800-1829)
Quoique très occupé par ses responsabilités de professeur et directeur de l'Académie de Prague, Josef Bergler réalise un nombre important d'œuvres pendant son long séjour dans la ville. La lecture de la Bible, de La Messiade, d'Ossian, de Salomon Gessner, de l'histoire et des légendes tchèques inspirent à Bergler de nombreux sujets à peindre ou dessiner[11].
L'un de ses ouvrages les plus importants est son cycle entier de l'histoire de la Bohême, avec notamment trois grandes peintures à l'huile — Libuše au château de Vyšehrad arbitre la querelle des deux frères au sujet de l'héritage paternel ; Le Jugement féodal du duc Spytihněv II et La Délivrance de Charles IV à Pise par les valeureux chevaliers de Bohême, en particulier par les 3 Kolowrates — et 70 dessins[14],[15],[24]. Il crée d'autres tableaux historiques, notamment Hermann et Thusnelda, un grand tableau de galerie d'après la bataille de Teutobourg et le poème de Klopstock qui s'en inspire[25][14],[26].
Josef Bergler produit aussi une grande collection d'« excellentes »gravures originales sur cuivre, éditées en 5 cahiers de 20 grandes feuilles chacun, qui sont pour la plupart répertoriées par l'historien de l'art tchèque Bohumír Jan Dlabač(de)[20],[24]. Il reproduit ses portraits ainsi que des caricatures et des tableaux de genre au travers de gravures ; en tout, il produit plus de trois cents estampes[6].
↑(de) Johann Ritter von Rittersberg(cs), « Nekrolog: „Joseph Bergler, Director und Professor an der Akademie der bildenden Künste ...“ », Prague, v. Schönfeld, 1829.
↑ a et b(de) Bohumír Jan Dlabac, Allgemeines historisches Künstler-Lexikon für Böhmen und zum Theil auch für Mähren und Schlesien, vol. 1 : vol. 1 (A-H), Prague, (lire en ligne), p. 125-135.
(de) Johann Georg Meusel, « Bergler (Joseph) », dans Teutsches Künstlerlexikon oder Verzeichniss der jetztlebenden teutschen Künstler: nebst einem Verzeichniss sehenswürdiger Bibliotheken, Kunst-, Münz- und Naturalienkabinette in Teutschland und in der Schweiz. 2. Auflage, vol. 2 : Zweyter Theil, welcher Zusätze und Berichtigungen des ersten enthält, Lemgo, Meyersche Buchhandlung, (lire en ligne), p. 76-78.
(de) Mitteilungen des Vereins der Geschichte der Deutschen in Böhmen,vol. 13, 1875, p. 205.
(de) Georg Kaspar Nagler, « Bergler, Joseph », dans Neues allgemeines Künstler-Lexicon, vol. 1 : A - Boe, Munich, E. A. Fleischmann, (lire en ligne), p. 434-439.
(de) Benedikt Pillwein, « Bergler oder Pergler (Joseph) », dans Biographische Schilderungen oder Lexikon Salzburgischer theils verstorbener theils lebender Künstler, Salzbourg, (lire en ligne), p. 11.
(en) Roman Prahl (dir.), Joseph Bergler and Graphic Art in Prague 1800–1830, Prague, Olomouc, 2007 (ISBN978-80-85227-98-7).