Il fit arranger la petite maison du gardien pour en faire un charmant pavillon qu'il offrit en 1764, avec l'ensemble de la propriété, à sa maîtresse, la comtesse de Langeac (1725-1778). Celle-ci fit transformer la maison en manière de folie par l'architecte Chalgrin qui avait construit pour son amant l'hôtel de Saint-Florentin, place de la Concorde. Les travaux furent achevés en 1773[1]. La maison avait deux étages et vingt-quatre pièces principales dont deux salons de forme circulaire, l'un formant rotonde au centre de la façade, avec un plafond décoré d'une allégorie du char d'Apollon par Jean-Simon Berthélemy. Elle comportait également un niveau de sous-sols et était dotée du confort moderne sous forme de water-closets[2]. Elle était séparée des Champs-Élysées par un fossé de 19 toises (environ 38 mètres)[3].
Le ministre plénipotentiaireThomas Jefferson loua l'hôtel de Langeac d'octobre 1785 à septembre 1789 et y installa la légation des États-Unis d'Amérique[5]. Il put emménager dans sa nouvelle demeure le . Peu avant, le 4 septembre, il écrivait à Abigail Adams : « Je me suis enfin procuré une maison située de manière bien plus plaisante que celle que j'ai actuellement. Elle est à la grille des Champs-Élysées, mais dans la ville. Elle me convient à tous égards en dehors du prix, qui est plus élevé qu'aujourd'hui. Elle dispose d'un joli jardin »[6]. Le loyer s'élevait à 7 500 livres par an.
Jefferson meubla la maison avec un soin dont l'inventaire établi lors de son déménagement donne une idée : 48 chaises dont 20 dans la salle à manger, 7 miroirs... Il apporta quelques modifications à l'édifice, faisant notamment séparer une chambre en deux plus petites[7].
L’hôtel Langeac devint le « centre de la vie américaine à Paris »[8]. Jefferson était passionné d'agronomie et fit planter les pieds de vignes qu'il avait pris au cours d'un voyage en Rhénanie. Après son retour aux États-Unis, Jefferson fit revenir tous les meubles et objets d'art qu'il avait accumulés dans l'hôtel.
L'hôtel fut démoli en 1842 et remplacé par l'hôtel de Belleyme-Trévise, où résida le prince Napoléon (Jérôme) et qui fut lui-même démoli en 1898.
Notes et références
↑Les comptes du sculpteur Duret mentionnent à cette date l'achèvement du trophée de la porte cochère (Source : Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle, Paris, Éditions Mengès, 1995, p. 112).
↑« I have at length procured a house in a situation much more pleasing to me than my present. It is at the grille des champs Elysees, but within the city. It suits me in every circumstance but the price, being dearer than the one I am now in. It has a clever garden to it. »
↑Le seul plan qui subsiste du premier étage est de la main de Jefferson et probablement réalisé à l'occasion de ces travaux (William Howard Adams, The Paris Years of Thomas Jefferson, New Haven, Conn.: Yale University Press, 1997, p. 52). Ce dessin se trouve à la Bibliothèque nationale de France.