Gérard Deschamps vit à Lyon jusqu'en 1944 avant de s'installer à Paris jusqu'en 1970. Autodidacte, sa vocation pour la peinture se manifeste très tôt et il fréquente les galeries d'art parisiennes de la rue de Seine.
Il expose dès 1955 à la galerie Fachetti à Paris. C'est à cette époque qu'il abandonne la peinture à l'huile qui, selon lui, manque de souplesse, pour se tourner vers des collages incorporant des photographies d'objets issues du catalogue Manufrance.
En 1957, il expose à la galerie du Haut-Pavé à Paris ses premiers tableaux faits de chiffons et de plissages qui annoncent le Nouveau Réalisme. Début novembre de la même année, il est mobilisé et envoyé pour 27 mois en Algérie, où il participe à la contre-attaque de 1958 et à l'opération « jumelles ». Libéré en 1960, il rencontre Raymond Hains et Jacques Villeglé et intègre officiellement le groupe des Nouveaux Réalistes en 1961, un an après sa fondation officielle.
Avec ses plissages, il désire rénover les débordements de tissus, qui selon lui, « furent les gardiens du souffle de l'art en Occident, même dans les périodes de décadence, en effet que serait la victoire de Samothrace sans sa mince tunique mouillée qui en fait l'ancêtre des voitures compressées, réalisation ultime du plissage qui me fut soufflée par mon manque de moyens financiers[réf. nécessaire]. »
Il se spécialise dans les chiffons, les dessous féminins, trouvés chez un chiffonnier dénommé Chatton. Ces chiffons, puis les tissus d'essuyage industriels japonais envahissent ses ateliers à La Châtre et rue Gambetta à Paris. Ses compositions à base de dessous féminins — par exemple Le Rose de la vie, assemblage de culottes, corsets, soutiens-gorge, gaines et jarretelles à dominante rose — lui vaudront d'être censuré à plusieurs reprises.
En 1961, il trouve une nouvelle mine de textiles de récupération aux Puces, les bâches de signalisation de l'armée américaine aux couleurs fluorescentes, puis à nouveau un stock chez un ferrailleur de la Bastille. Il expose aussi dès 1961 des chiffons japonais et belges issus de la publicité, des nappes de cuisine en plastique, des patchworks… Dans la même période, marqué par la guerre (tout comme [Anselm Kiefer ) il utilise des plaques de blindage et des enveloppes de métal qui servent à isoler les réacteurs d'avions, marquées par des irisations de chaleur.
En 1965, développant ses métaphores militaires, il crée les « bananes » en grillage métallique plissé et coloré, qui peuvent faire jusqu'à 8 mètres de long et rappellent les barrettes de décorations militaires. Il invente les effets de moirage grâce à la superposition des grilles métalliques.
En 1970, en rupture avec le monde de l'art parisien, Gérard Deschamps s'installe totalement en Berry, à La Châtre, dans la maison de ses grands-parents. Son activité créatrice se poursuit et sera à nouveau montrée régulièrement à partir de 1978 dans les expositions, et dans les galeries parisiennes et étrangères.
Dès 1980, il témoigne de la société des loisirs avec ses « panoplies » ludiques, faites d'assemblages de maillots de bain, de ballons, de planches à voile ou skateboards, qui l'apparentent artistes du pop art. Dans les années 1990 apparaissent des assemblages très colorés de ballons de plage entassés dans des filets, puis, en 2001, de skateboards. Enfin, dernièrement, il expose ses Pneumostructures, assemblages, ou non, de bouées gonflables, de matelas pneumatiques ou autres liés à l'imaginaire enfantin.
En 2013 il rend hommage à son ami et complice Raymond Hains au Musée de l hospice Saint Roch d Issoudun à travers l exposition Deschamps /Hains .
Œuvres
Bigeart-Bise Art, barrette de croix de guerre, 1978, Centre national des arts plastiques, musée des Beaux-Arts de Dole
Chien fou à la cravate 1961 , Fondation Gandur pour l art contemporain Genève .
Plastique à la tapette, 1961, techniques mixtes sur panneau sous vitrine, 91,3 × 193,5 × 17,2 cm, musée d'Art de Toulon.
Torchons et serviettes, 1961, tissus sur panneau sous plexiglas, 93 × 190 × 10 cm, musée d'Art moderne de Paris.
2009 : « Châteauroue », manifestation d'art contemporain à Châteauroux ; « Solo Show », Fiac, Paris, galerie Martine et Thibault de La Châtre.
2011 : « Hommage à Gérard Deschamps », galerie du Temps Présent, Créteil ; Lieu d'art contemporain, L'Arboretum, Argenton-sur-Creuse ; galerie Martine et Thibault de la Châtre, « Yes we cannot ou comment les politiques nous mènent en bateau ».