Guillaume II est le fils de Guillaume Ier, vicomte de Narbonne de 1388 à 1397, et de son épouse, Guérine, fille de Marquis de Beaufort, seigneur de Canillac et de Catherine d’Auvergne.
Par son testament du , rédigé peu avant sa mort, son père lui lègue la vicomté de Narbonne. Comme son fils est encore mineur, il lui donne comme tuteurs Pierre de Fenouillet, vicomte d’Ille et de Canet, son cousin germain, Jean de Son, seigneur de Fitou, son oncle et Raymond de Cascastel, son écuyer[1].
Devenue veuve, sa mère Guérine se remarie rapidement avec Guillaume de Tinières, seigneur de Mardogne en Auvergne, de qui elle aura deux enfants, Pierre et Marguerite.
Le , il reçoit à Narbonne l’empereur Sigismond et les ambassadeurs de Castille, de Navarre, d’Aragon, des comtes Jean Ier de Foix et Bernard VII d’Armagnac qui signent les capitulations de Narbonne (soustraction d’obédience au pape Benoît XIII).
Le , Martin de Sicile débarque à Cagliari avec une forte armée, et ouvre les négociations avec Léonardo Capello, le représentant de Guillaume. Le , Guillaume arrive à son tour en Sardaigne et rompt les négociations. Il est couronné à Oristano le . À la recherche d’appuis militaires pour faire face aux forces aragonaises, le vicomte obtient le soutien du maréchal Boucicaut, gouverneur de Gênes pour le roi de France. En , le roi Martin Ier d'Aragon envoie un ambassadeur à Charles VI de France pour se plaindre des agissements de Boucicaut, qui fait armer des galères et lever des troupes pour venir en aide aux Sardes révoltés contre les Aragonais et soutenir le vicomte de Narbonne
[2]. En juillet suivant, Charles VI rappelle à l’ordre Boucicaut, lui rappelant l’alliance existant entre la France et l’Aragon et lui ordonnant de décommander les préparatifs militaires faits pour soutenir les Sardes[3].
L’infant Martin est victorieux à la bataille de Sanluri(it) le , mais est victime de la malaria le . Son père Martin l’Ancien, roi d’Aragon, meurt quelques mois plus tard (). Guillaume rentre en France pour chercher du secours, laissant à Leonardo Capello le gouvernement du judicat. Celui-ci capitule le . Guillaume retourne en Sardaigne cette même année et réorganise ses possessions autour de Sassari.
Les menées de Guillaume II en Sardaigne sont cependant toujours vues d’un mauvais œil à la cour de France, car elles compromettent les excellentes relations entretenues avec le royaume aragonais depuis plusieurs décennies. Le , le duc de Berry, lieutenant du roi en Languedoc, écrit aux sénéchaux de Toulouse, Carcassonne et Beaucaire pour les aviser qu’il interdit de s’armer en faveur de l’expédition sarde du vicomte de Narbonne[4].
Le , le vicomte vend le judicat d’Arborée à Alphonse V d'Aragon pour 100 000 florins d’or[5].
En , il est parmi les conseillers du dauphin qui négocie avec le camp bourguignon l’accord qui se conclut par le traité de Pouilly-le-Fort, le .
Le , il participe, dans la suite du futur Charles VII, à l’entrevue de Montereau qui se termine par l’assassinat de Jean sans Peur. Selon le témoignage de deux membres de l’hôtel d’Archambaud de Foix, sire de Navailles (membre de la suite bourguignonne), qui recueillirent les paroles de leur maître blessé mortellement lors de l’attentat de Montereau, Navailles s’interposa lorsque Tanguy du Châtel tenta de porter un coup de hache au duc de Bourgogne. Le vicomte de Narbonne aurait alors levé sa hache de façon menaçante, disant « Si un de vous bouge, il meurt immédiatement ». Alors que le sire de Navailles agrippait l’arme du vicomte de Narbonne, le cri « Tuez, tuez » retentit et Tanguy du Châtel frappa alors le duc à la tête avec une hache[7].
En 1422, Guillaume de Narbonne bat les Anglais à Bernay, conjointement avec le comte d’Aumale qu’il fait chevalier avant l’action. Charles VII, pour le récompenser de ses services, lui offre la châtellenie de Cessenon[8].
Le vicomte Guillaume est tué à la bataille de Verneuil, le . Son corps ayant été retrouvé sur le champ de bataille, les Anglais le font écarteler et pendre au gibet pour son implication dans le meurtre de Jean sans Peur à Montereau[9]. Selon le Journal d’un bourgeois de Paris, son corps fut aussi décapité et « sa teste [exhibée] en une lance moult hault »[10]. D'après une autre chronique anonyme rédigée par un noble de sympathie bourguignonne, il eut aussi la main droite coupée[11].
Sa dépouille est par la suite inhumée à l’abbaye de Fontfroide, lieu traditionnel de sépulture de la famille vicomtale narbonnaise. Au début du XVIIIe siècle, son tombeau, dont il ne reste rien aujourd’hui, était toujours visible au milieu du chœur de l’église[12].
Dernier vicomte de Narbonne de la famille de Lara, il meurt sans postérité et lègue sa vicomté à son demi-frère utérin Pierre de Tinières, né du remariage de sa mère avec le seigneur de Mardogne, à condition qu’il relève les armes de Narbonne et le nom de Guillaume. Celui-ci vend la vicomté de Narbonne en 1447 à Gaston IV de Foix.
↑Pierre-Roger Gaussin, « Les conseillers de Charles VII (1418-1461) : essai de politologie historique », Francia, vol. 10, , p. 121-122 (lire en ligne).
↑Richard Vaughan, John the Fearless: The Growth of Burgundian Power, Woodbridge, Boydell Press, 2002 (2e édition), volume 2, p. 279.
↑Bertrand Schnerb, Jean sans Peur, le prince meurtrier, Payot, Paris, 2005, p. 709.
↑Journal d'un bourgeois de Paris, 1405-1449, Paris, Champion, 1881, p. 199.
↑Nicole Pons, « Mémoire nobiliaire et clivages politiques : le témoignage d'une courte chronique chevaleresque (1403-1442) », Journal des savants, 2002, no 2, p. 335-336. [lire en ligne].
↑Edmond Martène et Ursin Durand, Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, F. Delaulne, Paris, 1717, vol. 1, 2e partie, p. 55. [lire en ligne] : « Quelques auteurs ont avancé, que plusieurs des vicomtes de Narbonne (...) étoient enterrez [à Fontfroide]; cependant, il ne paroît aucun monument d’eux dans l’abbaye, que le tombeau du dernier, qui fut tué l’an 1424 dans un combat contre les Anglois. On voit son sépulcre de pierre au milieu du chœur. »
Sur les prétentions de Guillaume II de Narbonne sur la Sardaigne
(it) Luisa D’Arienzo, Documenti sui visconti di Narbona e la Sardegna, Padoue, CEDAM, 1977, coll. Pubblicazioni dell’Istituto di storia medioevale e moderna dell’Università degli studi di Cagliari ; no 24-25, 2 vol.
(it) Luisa D’Arienzo, « La lotta contro gli Arborea in Sardegna. La spedizione di Martino il Giovane (1408-1409) e la fine del Giudicato », dans Martí l'Humà : El darrer rei de la dinastia de Barcelona, Barcelone, 2015, p. 329-382. [lire en ligne]
Alphonse Blanc, « A propos de l'expédition en Sardaigne de Guillaume II, vicomte de Narbonne », Revue des langues romanes, 4e série, vol. V (XXV), , p. 296-306 (lire en ligne). [lire en ligne]
(it) Luciano Gallinari, « Guglielmo III di Narbona, ultimo sovrano di Arborea e la guerra dei Cent’Anni », 'Medioevo: Saggi e rassegne, vol. 18, , p. 91-121 (ISSN1127-2279, lire en ligne). [Autre lien de téléchargement]
(en) Luciano Gallinari, « Preliminary research on the Intervention of France in the War between the Kingdom of Arborea and the Crown of Aragon around 1400 », Nottingham Medieval Studies volume= 43, , p. 152-171 (DOI10.1484/J.NMS.3.298)
Pedro Roqué, « 153000 florins d’or d’Aragon, de 1414 à 1428. Avatars politiques et avatars monétaires en Sardaigne médiévale », dans John Day, éditeur, Études d’histoire monétaire, XIIe – XIXe siècles, Lille, Presses universitaires du Septentrion, (ISBN285939236X et 978-2-85939-236-9), p. 221-248.