Le gouvernement Van Zeeland II, a été le gouvernement de la Belgique en fonction du au . Il succéda au gouvernement Van Zeeland I qui avait « été démissionné » sous la pression de l'extrémisme naissant (Rexisme et Vlaamsch Nationaal Verbond) lors des élections législatives du . Le gouvernement Van Zeeland II se composait d'une coalition catholique-libérale-socialiste.
Les élections législatives de 1936 bouleversent la donne politique. Si le gouvernement Van Zeeland I avait réussi à redresser l'économie belge, il n'est pas pour autant arrivé à calmer le mécontentement. Les socialistes continuent de réclamer la mise en place du Plan du Travail de Henri De Man et les libéraux appellent à une amélioration de la Défense. La montée des régimes fascistes en Europe encourage le développement de mouvements d'extrême-droite comme le VNV, parti nationaliste flamand, ou Rex, dissidence conservatrice du Parti catholique. Les élections voient la progression des communistes, du VNV mais surtout de Rex qui obtient 10% des voix. Les catholiques, les libéraux et les socialistes perdent quant à eux de nombreux sièges.
La seule coalition possible consiste en la reconduction de la tripartite sortante. Le socialiste Émile Vandervelde est chargé de former un gouvernement mais la crainte de la droite de voir en Belgique un Front populaire (alors au pouvoir en France), fait échouer Vandervelde. Paul Van Zeeland parvient finalement à former un gouvernement non sans que les différents partis ne soient rappelés à l'ordre par Léopold III.
Le gouvernement est à peine formé qu'il doit faire face à un mouvement de grève de 500 000 personnes. Le gouvernement, après des négociations syndicales, fait voter l'augmentation des salaires, la semaine de congés payés et la semaine de 40 heures pour les professions pénibles. Les socialistes sortent renforcés au sein de l'exécutif.
Tandis que la gauche privilégie un rapprochement avec la France (en plein Front populaire) pour faire face à l'Allemagne, le gouvernement tente quant à lui de mener une politique de neutralité internationale (largement soutenue par Léopold III). La guerre civile espagnole est un objet de polarisation interne au gouvernement entre des socialistes pro-républicains et des catholiques conservateurs pro-Franco ; la non-intervention est un compromis interne entre ces deux tendances. Émile Vandervelde, de plus en plus partisan d'un soutien aux républicains espagnols, finit par être contraint à la démission en janvier 1937.
La montée de l'extrême-droite et l'alliance entre Rex et le VNV permet de créer une certaine unité antifasciste au sein du gouvernement. L'aile gauche du POB continue cependant d'être mal à l'aise aux côtés de libéraux et catholiques conservateurs, tandis que les catholiques les plus réactionnaires sont favorables à un rapprochement avec l'extrême-droite. L'unité du gouvernement permet de réprimer la marche sur Bruxelles organisée par Léon Degrelle le 25 octobre 1936 ; ce dernier est également battu par Van Zeeland lors d'une élection partielle grâce à une condamnation du rexisme par l'archevêque de Malines et à un soutien au Premier ministre allant des catholiques modérés aux communistes.
Si la victoire de Van Zeeland sur Degrelle détruit le prestige de ce dernier, elle détruit également l'élément fédérateur du gouvernement, soit l'opposition à Rex. En juin 1937, un projet de loi sur l'amnistie totale des activistes est ainsi rejeté par les libéraux, amenant à la demande de démission de Van Zeeland, rejetée par Léopold III. Quelques semaines plus tard, Van Zeeland est suspecté de malversations financières à la Banque nationale par une enquête du parquet, l'amenant une nouvelle fois à donner sa démission qui sera cette fois-ci acceptée[1].
Emmanuel Gerard (trad. Anne-Laure Vignaux), La démocratie rêvée, bridée et bafouée : 1918-1939 [« De democratie gedroomd, begrensd en ondermijnd : 1918-1939 »], Bruxelles, Le Cri, coll. « Histoire / Nouvelle Histoire de Belgique », , 282 p. (ISBN9782871065463)