Le Genevois est une région naturelle et une province historique de la Savoie, située dans la partie occidentale du département de la Haute-Savoie. Sa capitale historique et économique est Genève, mais face au développement de la Réforme, les différents pouvoirs sont transférés progressivement vers la cité d'Annecy.
Ce territoire est successivement un pagus (Pagus Genevensis), un comté, une partie du bailliage du Chablais et du Genevois dans l'organisation territoriale du comté de Savoie après son acquisition, une terre d'apanage pour les princes de la maison de Savoie, un duché, et enfin une province administrative (de 1723 à 1860) du duché de Savoie.
Aujourd'hui le terme Genevois français est le nom donné officiellement par l'Administration française à l'agglomération urbaine française située autour de Genève. Le « Genevois français » et la province historique du « Genevois savoyard » ne couvrent pas la même zone géographique : c'est pourquoi les termes Genevois français et Genevois savoyard ne désignent pas la même chose et ne sont pas interchangeables. De même, la province historique du « Genevois » et le canton de Genève ont des aires géographiques totalement différentes. Le Genevois savoyard se situe actuellement en France.
Le comté de Genève succède au pagus Genevensis dont l'existence est attestée dès l'époque du royaume des Burgondes, mais dont les limites sont si mal connues qu'elles ont conduit les historiens et les érudits de diverses époques à distinguer un pagus Genevensis major dont l'étendue couvrait la totalité du diocèse de Genève, et un pagus Genevensis minor limité aux possessions des comtes de Genève[3].
Il parait mieux établi que Gérold de Genève, le premier personnage qui porte le titre de comte de Genève, au milieu du XIe siècle[4]. Dix-sept de ses descendants règnent sur le comté de Genève[5].
Les possessions des comtes de Genève sont situées soit dans le diocèse de Genève, depuis le lac Léman jusqu'au Lac du Bourget, soit dans le Pays de Vaud, soit dans le pays de Gex, soit encore dans les actuels départements de l'Ain, de la Haute-Savoie et de la Savoie, sauf dans le Chablais et les Bauges[5]. Une partie de leurs biens situés au nord duc lac Léman proviennent de l'héritage d'Ita (ou Ida) de Glâne qui épouse le comte Aymon de Genève, fils de Gérold[6],[note 1].
A Sion et à Lausanne, le roi de Bourgogne avait cédé à l'évêque les droits comtaux. Historiens et érudits ne sont parvenus à aucun consensus pour ce qui concerne Genève. Certains considèrent que l'évêque les détenait en tant que vassal immédiat du royaume de Bourgogne, d'autres pensent que les comtes de Genève en jouissait jusqu'en 1124. Les comtes possèdent, à Genève un château, dit de Bourg-de-Four, qui est destiné à matérialiser leur pouvoir face à celui des évêques qui résident plus tardivement au château de l'Île.
Les différends entre les comtes et les évêques de Genève portent sur les droits féodaux, la nomination des évêques, la frappe des monnaies. Après une longue série de conflits avec les évêques Humbert de Grammont et Ardutius de Faucigny, les comtes doivent reconnaître la prépondérance des évêques. Une non moins longue série d'accords sanctionnent cette reconnaissance : à Seyssel en 1124, à Saint-Simon en 1156, à Aix-les-Bains en 1184 et à Desingy en 1219[5].
Au XIIe siècle, le comte quitte Genève, ne gardant qu'une résidence, au profit du pouvoir de l'évêque, Humbert de Grammont, s'installant occasionnellement à La Roche, avant d'établir sa capitale politique à Annecy-le-Neuf (Annecy)[8], au bord du lac. L'installation définitive date de 1219 avec l'installation des comtes dans le château, des ateliers monétaires[8].
Vers 1434[10], le territoire devient l'apanage éphémère, pour Philippe, fils du comte Amédée VIII de Savoie, qui porte le titre de « comte de Genève et de Genevois »[11],[12]. Toutefois, il faut attendre 1439 pour voir son implication réelle dans la gestion de ces terres.
Le second apanage est créé pour Janus de Savoie, entre 1460 et 1491[10],[12]. Ce dernier correspond à la partie du Genevois sans le mandement de Ternier, auquel a été ajouté le Faucigny, le Beaufortain, ainsi que les mandements de Faverges et d'Ugine[10].
L'apanage revient ensuite à une branche cadette de la maison de Savoie, les Savoie dit de Nemours, pour la période entre 1514 et 1659. Le comté de Genevois est érigé en duché en 1564 par Emmanuel-Philibert de Savoie. Marie-Jeanne Baptiste, (1644-1724), fille de Charles-Amédée de Savoie-Nemours, (1624-1652), devient duchesse de Savoie par son mariage avec son cousin Charles-Emmanuel II de Savoie, le . Le duché est réuni au duché de Savoie.
Au cours de la période suivante, de 1675 à 1713, le Genevois possède un statut particulier au sein des États de Savoie, avec à sa tête une assemblée de magistrat, appelé le Conseil de Genevois[13].
Province du Genevois
Au XVIIIe siècle, Victor-Amédée II de Savoie met en place une nouvelle organisation administrative créant ainsi une intendance générale, reprenant l'ancien duché de Savoie, et cinq intendances de province. Ainsi la province du Genevois, avec Annecy comme centre, est composée de bailliages réunissant 153 paroisses, en 1723[14]. Avec l'édit du , la province connaît quelques modifications avec 14 nouvelles paroisses[15].
L'édit du , à la suite du retour intégral du duché de Savoie dans la Maison de Savoie, un nouveau découpage est proposé par le souverain autour de neuf provinces[17]. La province du Genevois ne possède plus que 74 communes, rassemblées dans 6 mandements : Annecy (29 communes) ; Duingt (14 communes) ; Faverges (7 communes) ; Talloires (8 communes) ; Thônes (8 communes) et Thorens-Sales (8 communes)[17]. Annecy reste le chef-lieu[17].
Deux ans plus tard, une nouvelle organisation territoriale apparaît. La division de Savoie, sous la juridiction du Sénat de Savoie, est divisée en 8 provinces dont celle du Genevois avec 7 mandements et 113 communes[18]. Avec la suppression de la province de Carouge, dont une partie est attachée à la Suisse, deux mandements s'ajoutent à celui du Genevois. Les mandements sont : Albens (15 communes) ; Annecy (26 communes) ; Duingt (23 communes) ; Faverges (10 communes) ; Rumilly (10 communes) ; Thônes (9 communes) et Thorens-Sales (9 communes)[18].
En 1837, une dernière modification est faite qui se maintiendra jusqu'en 1860, date de la disparition de la province qui s'intègre dans le département de la Haute-Savoie, à la suite du traité d'Annexion de la Savoie. La province du Genevois appartient alors à la division administrative d'Annecy, avec celle du Chablais et du Faucigny, composée de 7 mandements et 133 communes[19]. Les mandements sont : Annecy (26 communes) ; Duingt (23 communes) ; Rumilly (20 communes) ; Saint-Julien (29 communes) ; Seyssel (17 communes) ; Thônes (9 communes) et Thorens-Sales (9 communes)[19].
↑Léon Ménabrea et un certain nombre d'historiens se sont basés sur la localisation de ses biens pour déduire l'appartenance d'Ita à la famille de Glâne. Pierre Duparc fait observer qu'il n'existe pas de document qui le démontre de manière probante et qu'il s'agit d'une conjoncture[7][réf. nécessaire].
↑Laurent Perrillat, « Les institutions du Genevois du XVe au début du XVIIIe siècle : éléments d'études » (rapport d'étape), Université de Paris 4, 2000, p.7.
↑Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7 de Mémoires et documents, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 486 p., p. 229.
↑ a et bLaurent Perrillat, Le duché de Genevois aux XVe et XVIIe siècles : aspects institutionnels d'un apanage savoyard, thèse pour le diplôme d'archiviste paléographe, , p. 97.
↑Laurent Perrillat, « Les institutions du Genevois du XVe au début du XVIIIe siècle : éléments d'études » (rapport d'étape), Université de Paris 4, 2000, p.6.
↑Géographie générale : contenant la géographie physique, politique, administrative historique, agricole, industrielle et commerciale de chaque pays : avec des notions sur le climat, les productions naturelles, l'ethnographie, les langues, les religions, les voies de communication, les frontières et l'état politique, financier et militaire, Libr. J. Lecoffre, 1875, 1025 pages, pp.281-282 (Lire en ligne).
Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Cabèdita, , 193 p. (ISBN978-2-88295-117-5), p. 20.
Léon Ménabréa, Des origines féodales dans les alpes occidentales : Livre deuxième, t. 23, Turin, Stamperia Reale, coll. « Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino / II », (lire en ligne).
Joseph Dessaix et Gérard Melin (avant-propos), La Savoie historique, pittoresque, statistique et biographique, t. I et II, Paris et Genève, Slatkine (réimpr. 1994) (1re éd. 1854), 781 p. (ISBN978-2-05-101334-5 et 2-05-101334-9, lire en ligne).
Société savoisienne d'histoire et d'archéologie (responsable de la publication), L'Histoire en Savoie, « Dictionnaire du Duché de Savoie », Tome 1, Chambéry, La Fontaine de Siloé (réimpr. 2005) (1re éd. 1840) (ISSN0046-7510, lire en ligne), « N°9, Hors série », p. 168-169, « Genevois ».
Ouvrages spécifiques
Laurent Perrillat, « Les apanages de Genevois au XVe siècle. quelques résultats de recherches sur les institutions et les hommes », Etudes savoisiennes, no halshs-01023760, (lire en ligne)
Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Jean-Bernard Challamel, Alain Guerrier, Histoire des communes savoyardes. Le Genevois et Lac d'Annecy (Tome III), Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN2-7171-0200-0).
Pierre Duparc et Société d'histoire et d'archéologie de Genève (éditeur scientifique), Le Comté de Genève, IXe – XVe siècle, vol. 39, t. XXXIX, Genève, Jullien, coll. « Mémoires et documents publiés par la Société d'histoire et d'archéologie de Genève » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne).