Descendante directe d’une dynastie de grandes musiciennes, Eva Saurova pratique la danse et la musique dès son plus jeune âge.
Sa grand-mère, Zdenka Hirschova (1875-1956), a étudié le chant dans la fameuse École Pivoda qui a formé la célèbre cantatrice Emmy Destinn. Sa mère, Bedřiška Seidlová (1914-1995), fut une célèbre violoniste, sa tante, Jirina Seidlová (1906-1994), une harpiste réputée et son grand oncle un chorégraphe très connu : Ivo Vania Psota. C’est donc tout naturellement qu’Eva Saurova entre au Conservatoire national de musique, de danse et d’arts dramatiques de Prague, l’un des plus anciens conservatoires européens (il fut fondé en 1808), dans la classe de Konstantin Karenin. Elle y obtient son Absolutorium en chant et en art lyrique en 1967. L’année suivante, alors qu’elle est engagée comme soliste dans la troupe du Théâtre F. X. Šalda de Liberec, Eva Saurova et sa famille quittent, précipitamment et dans la clandestinité, la Tchécoslovaquie pour fuir les événements politiques consécutifs au Printemps de Prague.
C’est à Paris qu’elle trouve refuge. Aussitôt arrivée dans la capitale française, la possibilité de passer le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de Paris (le CNSMDP), alors installé rue de Madrid, s’offre à elle. En effet, ce concours a été retardé d’un mois à la suite des événements de Mai 68. Elle entre alors dans la classe de Renée Gilly. En 1969, Eva Saurova obtient un Premier Prix de chant à l’unanimité. Jusqu’en 1972, année où son fils Jacques verra le jour, elle continuera de se perfectionner au CNSMDP auprès de Renée Gilly.
Carrière
Son premier grand rôle lyrique est Nedda dans l’opéra I Pagliacci de Leoncavallo, en 1973, à l’Opéra de Dijon, dans la mise en scène de Guy Grinda. Suivront, la même année, le rôle d’Alice dans Falstaff de Verdi à l’Opéra d’Avignon et la Grande Prêtresse dans Aida de Verdi au Capitole de Toulouse. Eva Saurova est lancée.
Opéra du Rhin
En 1974, Alain Lombard, alors directeur artistique de l’Opéra du Rhin, l’engage dans la troupe[3]permanente de solistes[4]. Elle y restera six ans. Ces six années lui permettront d’être sur scène tous les soirs, d’incarner de nombreux personnages et de travailler sous l’égide de chefs et de metteurs en scène prestigieux : Alain Lombard ou Dimítris Chorafás à la baguette ; Jean-Pierre Ponnelle, Louis Erlo ou Nathaniel Merrill à la mise en scène.
Tosca dans l’œuvre éponyme de Puccini, Musette de La Bohème, Tatiana d’Eugène Onéguine, Nedda d’I Pagliacci, Marianne du Chevalier à la rose de R.Strauss, Marina de Boris Godounov, Giulietta des Contes d’Hoffmann, Desdemona d’Otello ou Erisbe de l’Ormindo de Cavalli sont parmi les nombreux rôles qu’Eva Saurova a joués sur les scènes de l’Opéra du Rhin (Opéra de Strasbourg, scènes associées de Colmar et de Mulhouse) mais aussi à Luxembourg. En 1979-1980, elle fait partie de l’aventure de la Tétralogie de Wagner à l’Opéra de Lyon dirigée par Emil Tchakarov et mise en scène par Nicolas Joel.
Opéra National de Paris
En 1981, Eva Saurova intègre la troupe de l'Opéra national de Paris que dirige alors Bernard Lefort. La même année, une coproduction entre l’Opéra de Paris et le Centre international en recherche théâtrale va la propulser sur la scène internationale : La Tragédie de Carmen d'après Bizet, dans une adaptation de Peter Brook et Jean-Claude Carrière. Eva Saurova sera Carmen. La première représentation a lieu à Paris, au Théâtre des Bouffes du Nord, le 5 septembre 1981, avec l’Ensemble Ars Nova sous la direction du compositeur Marius Constant. Une tournée mondiale suivra la création ; un film sera tourné en 1983.
Elle participe également à la création mondiale de l’opéra d’Edison Denisov sur un livret de Boris Vian, L'écume des jours, en mars 1986, à l’Opéra-Comique dirigé par John Burdekin.
Dans les années 2000, Eva Saurova se consacre aux concerts et à l’enseignement, elle a notamment formé les chanteuses Barbara Carlotti[5] et Anne Rodier.
Discographie
Giacomo Puccini : Turandot, direction musicale Alain Lombard, Orchestre Philharmonique De Strasbourg, Montserrat Caballé, José Carreras, Mirella Freni, Michel Sénéchal, Chorus Of L’Opéra Du Rhin, EMI, 1978
Richard Wagner : Parsifal, direction musicale Armin Jordan , Goldberg, Minton et al., Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Prague Philharmonic Chorus. Erato 2292-45662-2[6]
Jacques Offenbach : La Périchole, direction musicale Alain Lombard, Régine Crespin, Alain Vanzo, Jules Bastin, Alain Decaux, Rebecca Roberts, Eva Saurova (Berguinella), Chœurs De L'Opéra Du Rhin,Orchestre Philharmonique De Strasbourg, Erato, 1977
Jacques Offenbach : La Belle Hélène, direction musicale John Burdekin, Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio France, Gabriel Bacquier, Jacques Martin, DVD (Video) - House of Opera DVDCC[7], 1986
Filmographie
La Tragédie de Carmen : mise-en-scène de Peter Brook, 1983, Film 3 Eva Saurova : Carmen
Parsifal : mise-en-scène de Hans-Jürgen Syberberg, chef d'orchestre Armin Jordan,1982, Eva Saurova : Blumenmädchen
La Belle-Hélène, DVD (Vidéo) - House of Opera DVDCC 233, 1986
Notes et références
↑Institut National de l’Audiovisuel – Ina.fr, « Recherche Ina fr », sur www.ina.fr (consulté le )