Eugénie Droz, née le à La Chaux-de-Fonds et morte le à Genève, est une éditrice et historienne suisse. Elle est la créatrice à Paris de la librairie Droz et d'une maison d'édition qu'elle transféra à Genève en 1948 et dirigea jusqu'en 1963.
Biographie
Fille de Frédéric Zahn, éditeur à La Chaux-de-Fonds, et de Laure Amélie Droz[1], Eugénie Droz, comme elle se fait appeler sa vie durant et dont le nom de naissance est Laure Eugénie Zahn, vit à partir de 1900 à Neuchâtel où sa famille s'installe. Elle étudie à l'école normale et obtient un diplôme d'institutrice[2]. Entre 1910 et 1913, elle enseigne le français à l'institut morave de Gnadenberg en Silésie, tout en perfectionnant son allemand. De retour à Neuchâtel en 1913, elle obtient une licence à la faculté des lettres et se lie d'amitié avec le professeur de littérature médiévale Arthur Piaget[1] avec lequel elle travaille sur le second volume du Jardin de plaisance et fleur de rhétorique d'Antoine Vérard[2].
Elle réalise en 1935 l'édition scientifique du Recueil Trepperel qui constitue sa thèse de doctorat ès-lettres de l'université de Neuchâtel[3], facsimilé de 35 textes anciens accompagnés de leur version en français moderne, recueil actuellement conservé à la réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale de France[4].
En 1916 elle s'installe à Paris[1] où elle suit des cours à l'École pratique des hautes études (IVe section - Sciences historiques et philologiques). Diplômée en 1924, elle ouvre la librairie Droz d'abord au 34 rue Serpente et, un an plus tard, au 25 rue de Tournon[1],[5]. Elle commence ses activités d'éditrice en adoptant comme marque de libraire-éditrice le monogramme de Jean de Stalle, imprimeur allemand actif à Genève de 1487 à 1493, constitué de quatre putti, tout en le modifiant en remplaçant les initiales de celui-ci par les siennes (E et D)[6].
En novembre 1944, le gouvernement provisoire la charge d'étudier à Genève les fiches des déportés politiques[2] C'est probablement à cette période qu'elle décide de se réinstaller à Genève[2]. En 1947, Eugénie Droz vend l'immeuble de la rue Tournon et s'installe définitivement à Genève, au 8 de la rue Verdaine. Elle vend sa société en 1963.
Elle meurt le dimanche [7] et est enterrée le 24 à Gy, où elle a vécu de 1964 à 1968[2].
Travaux
Ses travaux érudits portent sur les éditions de textes ainsi que sur l'histoire du livre au XVIe siècle. En 1934, elle fonde la revue « Humanisme et Renaissance »[5] qui remplace la « Revue du seizième siècle ». Elle y associe Abel Lefranc, ou encore Robert Marichal[2]. Elle crée également l'association « Humanisme et Renaissance », et modifie ultérieurement le nom de la revue en Bibliothèque d'humanisme et Renaissance[2].
Elle crée en 1945 à Paris la collection « Textes littéraires français », l'une des premières collections de livres de poche, sur le modèle de la Société des textes français modernes[2], puis en 1950, à Genève, la collection « les Travaux d'Humanisme et Renaissance », qui demeure une collection de référence pour les études sur la Renaissance[2], Les Antiquités et les Regrets de Du Bellay en 1945, ainsi que des travaux d'histoire du livre au XVIe siècle, avec Claude Dalbanne, L'Imprimerie à Vienne en Dauphiné, en 1931, avec Louis Desgraves, l'imprimerie à la Rochelle, en 1959-1960.
Ses recherches qui suivaient deux directions : la propagation de la « réforme luthérienne » en terres française et genevoise, ainsi que l'histoire du livre, publiant, dès 1970, Les Chemins de l'hérésie[2]», une somme en quatre volumes qui rassemble des études et des documents inédits[8].
Publications
Notice sur un manuscrit ignoré de la Bibliothèque nationale : Imprimés, vélin 2231; XVe siècle dans Romania, 1918-1919
La correspondance poétique du rhétoriqueur Jehan Picart, bailli d'Ételan dans la Revue du seizième siècle, 1921
Jean Castel chroniqueur de France dans le Bulletin philologique et historique, 1921
Notice sur un recueil de louanges dans Romania, 1923
Poètes et musiciens du XVe siècle, 1924 (avec G. Thibault)
Pierre de Nesson et ses œuvres, 1925 (avec A. Piaget)
Un chansonnier de Philippe le Bon dans la Revue de musicologie, 1926 (avec G. Thibault)
Les sept Pseaumes penitenciaulx et Letanie en françoys (avec Cl. Dalbanne), 1926
Relation du souper offert par le duc Sigismond d'Autriche aux commissaires bourguignons, Thann, 21 juin 1469 dans Mélanges de philologie et d'histoire offerts à M. Antoine Thomas, 1927
L'imprimerie à Vienne en Dauphiné au XVe siècle, 1930 (avec Cl. Dalbanne)
Un ex-libris de Simon de Colines dans Gutenberg-Jahrbuch, 1931
Un fragment de la Mort de Garin le Lorrain dans Romania, 1931
Les Reliures à la médaille d'Henri II dans Trésors des bibliothèques de France, 1932
Le chansonnier de Jean de Montchenu dans Trésors des bibliothèques de France, 1933
Prix d'une reliure à la médaille d'Henri II dans Humanisme et Renaissance, 1935
Guillaume Boni de Saint-Flour en Auvergne musicien de Ronsard dans Mélanges offerts à M. Abel Lefranc, 1936
Le Manuscrit des Plaintes d'Acante de Tristan L'Hermite, 1937
Le Comte de Modène et ses correspondants : documents inédits sur l'émigration, 1791-1803, 1942-1943
Les poésies de Robinet de Luc brodeur de François Ier dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1943
Les années d'études de Jean et d'Henry de Sponde dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1947
Le Premier séjour d'Agrippa d'Aubigné à Genève, ibid.
Le carme Jean Bodin, hérétique dans Bibliothèque d'humanisme et renaissance, 1948
Les dernières années de Clément Marot : d'après des poèmes inédits (avec P.-P. Plan), ibid.
L'Inventaire après décès des biens d'Agrippa d'Aubigné dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1949
Jean de Sponde et Pascal de l'Estocart dans Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 1951
Les ancêtres suisses de Guillaume Apollinaire dans Revue de Suisse, 1952
Simon Goulart, éditeur de musique dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1952
Claude Baduel, traducteur de Bucer dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1955
Les Étudiants français de Bâle dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1958
Une impression inconnue de Pierre de Vingle : les Prières et oraisons de la Bible, Lyon : 19 août 1530, ibid.
Autour de l'affaire Morély : La Roche Chandieu et Barth. Berton suivi de À propos du retour de Henri III de Pologne dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1960
Barthélemy Berton : 1563-1573, 1960
La veuve Berton et Jean Portau : 1573-1589, 1960
Note sur les impressions genevoises transportées par Hernández dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1960
L'imprimeur de l'Histoire ecclésiastique, 1580 : Jean de Laon, ibid.
Fausses adresses dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1961
Complément à la bibliographie de Pierre Haultin, ibid.
Jacques de Constans, l'ami d'Agrippa d'Aubigné : contribution à l'étude de la poésie protestante, 1962
Notes sur Théodore de Bèze dans Bibliothèque d'humanisme et Renaissance, 1962
Stanislas de Clermont-Tonnerre et l'occupation de Genève en 1782 dans Annuaire-bulletin de la Société de l'histoire de France, 1962
La Reine Marguerite de Navarre et la vie littéraire à la cour de Nérac (1579-1582) dans Bulletin de la Société des bibliophiles de Guyenne, 1964
Les Regule de Remigius, Muenster en Westphalie, 1486 dans Studi di bibliografia e di storia in onore di Tammaro de Marinis, 1964
↑ abc et dHenri Meylan, « Eugénie Droz (1893-1976) », Revue Suisse d'Histoire, no 27 cahier 4, , p. 528 (lire en ligne)
↑ abcdefghi et jErica Deuber Ziegler et Natalia Tikhonov, Les Femmes dans la mémoires de Genève du XVe au XXe siècle, Genève, Femmes & Histoire Éditions Suzanne Hurter, (lire en ligne)
↑ ab et cRobert Marichal, Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, Travaux et Documents -Tome LV- 1993 : no 3, p. 645-652, Chronique, Centenaire d'Eugénie Droz, Les souvenirs de Robert Marichal, Genève, Librairie Droz S.A., , 804 p.
↑Page de présentation de la Librairie Droz, [lire en ligne]