En 1985, Borislav Stanković, secrétaire général de la FIBA, rencontre le commissioner de la NBA David Stern. Tous deux sont d'accord sur l'hypocrisie de la règle FIBA qui interdit aux professionnels de participer aux Jeux olympiques - le Brésilien Oscar Schmidt, considéré comme « amateur » par la FIBA, touchant alors le double de salaire en Italie que l'Allemand Detlef Schrempf en NBA [1]. Un premier rapprochement se fait avec l'accord de la création d'une compétition opposant une franchise NBA à des équipes FIBA, l'Open McDonald's, dont la première édition se déroule en 1987 à Milwaukee.
Lors du championnat du monde 1986, une proposition de Stanković pour l'entrée des professionnels américains est refusée par 31 voix contre et 27 pour (avec 18 ou 19 pays s'abstenant et un vote contre des États-Unis)[2],[Note 1]. Le Comité international olympique et la FIBA autorisent trois ans plus tard, le , un vote qui est désormais de 56 pour et 13 contre[3] et qui autorise les joueurs de basket-ball professionnel issus de la NBA à participer aux Jeux olympiques. Auparavant, les États-Unis étaient représentés soit par des joueurs universitaires soit par des joueurs évoluant en Europe.
L'équipe de Yougoslavie, championne du monde en titre en Argentine en 1990, et double détentrice des titres de championne d'Europe, lors des éditions de Zagreb 1989 et 1991 à Rome, domine le basket FIBA et s'appuie sur une génération qui a battu à deux reprises les jeunes Américains au championnat des moins de 19 ans 1987(en) en remportant le titre[4] et en demi-finale du mondial 1990. Cette sélection U19, Divac, Kukoč, Radja, Djordjević qui tous évoluent un temps en NBA, forme l'ossature avec Petrović, Paspalj, Zdovc. Kukoc déclara plus tard : « Si notre équipe n’avait pas éclaté, alors le match avec la Dream Team en 1992 serait devenu le meilleur de l’histoire du basket-ball »[4]. Dusan Ivkovic, sélectionneur de cette équipe yougoslave, estimait son équipe capable de rivaliser : « Nous étions sur la bonne voie. Notre équipe était remarquable... Je pense que nous étions prêts pour le plus grand choc, celui contre les Américains aux Jeux olympiques »[5].
Le nom Dream Team apparait avec la couverture de Sports Illustrated du , couverture où pose Michael Jordan, Magic Johnson, Karl Malone, Charles Barkley et Patrick Ewing[7].
La seule réelle surprise de cette équipe est l'absence d'Isiah Thomas, le meneur des Pistons de Detroit. Ce sont Magic Johnson et Larry Bird qui donnent en 2009 l'explication à cette absence. Magic, malgré l'amitié qui le lie à Thomas, fait partie des joueurs qui posent un véto à sa présence : « Personne dans cette équipe ne voulait jouer avec lui... Il ne comprend pas pourquoi il n'a pas été choisi pour cette équipe olympique et c'est vraiment dommage. Vous devez vous y attendre lorsque vous vous êtes aliéné plus de la moitié de la NBA »[Note 3],[12]. Le principal veto est celui de Michael Jordan, Daly, entraineur principal de Thomas chez les Pistons, décidant alors de « ne pas se battre pour Isiah »[13].
Magic, qui a annoncé sa séropositivité lors de l'automne précédent et l'arrêt de sa carrière dans la foulée, n'a joué qu'une seule rencontre depuis son arrêt, lors du NBA All-Star Game 1992. Il est le premier à s'engager et s'avère prépondérant dans l'accord de Bird, peu enthousiaste au départ en raison de ses problèmes de dos et estimant qu'il « représente le passé »[13], et Jordan. Magic est le leader de cette équipe. Il partage le capitanat avec son meilleur ennemi, Larry Bird[Note 4], Michael Jordan ayant refusé cette responsabilité de co-capitanat au profit de ces derniers.
La Dream Team commence sa préparation à La Jolla, près de San Diego, par une rencontre face à une équipe composée de jeunes joueurs : Grant Hill, Chris Webber, Penny Hardaway, Bobby Hurley, Allan Houston, Eric Montross, Rodney Rogers et Jamal Mashburn, dirigée par Roy Williams[17]. Ce dernier applique les consignes de jeu de Daly, « jouer comme des Européens », celles-ci devant mettre en évidence les difficultés qu'il avait identifiées[17],[3]. Cette rencontre, disputée en vingt minutes, voit la seule défaite de la Dream Team sur le score de 62 à 54. Plus tard, Mike Krzyzewski, déclara que Daly avait « orchestré » cette défaite, afin d'implanter l'idée « que nous pouvions concevoir de perdre »[17]. Elle est suivie d'une revanche le lendemain largement à l'avantage des professionnels[3],[18].
Les Américains disputent le tournoi des Amériques à Portland du au . Lors de cette compétition, ils remportent leurs sixieme rencontres avec un écart moyen de 51,5 points[19].
Avant les Jeux, la Dream Team peaufine sa préparation à Monaco. Elle dispute un match amical contre l'équipe de France, cette rencontre se soldant par une victoire américaine sur le score de 111 à 71[20]. Un cinq contre cinq (Stockton est blessé, fracture spiroïde de la jambe droite [21] depuis le tournoi des Amériques et Drexler légèrement blessé) oppose ensuite les Blancs, composés de Jordan, Pippen, Bird, Malone et Ewing, aux Bleus de Magic, Mullin, Lettnear, Barkley et Robinson, avec une victoire des Blancs 40 à 36[20]. Jordan déclara des années plus tard, que « à bien des égards, ça a été le meilleur match auquel j'ai jamais participé. Parce que la salle était fermée et qu'il ne s'agissait que de basket »[20].
Lors des Jeux de Barcelone, dans l'enceinte du Pavillon olympique de Badalone[22], la Dream Team gagne tous ses matchs, avec un écart moyen de 43,75 points. Le tournoi olympique commence par un match contre l'Angola. Ce match n'est pas seulement connu pour l'écart incroyable de 68 points, mais aussi pour un coup de coude de Charles Barkley directement dans l'abdomen de Herlánder Coimbra[23]. Les seules équipes ayant mené dans une rencontre contre la sélection américaine sont l'Espagne, en phase de poule (après quelques phases de jeu), et la Croatie, en finale. La supériorité de la Dream Team est telle, que le coach américain, Chuck Daly, ne demande aucun temps mort pendant toute la compétition[24] (il ne prend également aucun temps mort durant le tournoi des Amériques). Cette décision de ne prendre aucun temps mort est prise par Daly plusieurs semaines avant la compétition, l'entraîneur la justifiant plus tard par « qu'est ce que je vais pouvoir dire que ces gars ne seraient pas capable de voir par eux-mêmes ? »[23].
Charles Barkley termine meilleur marqueur de la sélection américaine lors du tournoi olympique avec une moyenne de 18 points par match, devant Michael Jordan, deuxième avec 14,9[25]. Barkley possède le meilleur pourcentage de réussite avec 71,1 %, tout comme le pourcentage de réussite pour les tirs à trois points, 87,5 % avec un sept sur huit[25]. Christian Laettner termine meilleur marqueur aux lancers francs avec 90 %[25]. La statistique du rebond est dominée par Karl Malone et Chris Mullin qui terminent avec une moyenne de 5,3[25]. Le meilleur intercepteur de la sélection américaine est Michael Jordan avec un total de 37 sur l'ensemble de la compétition, son coéquipier des Bulls de ChicagoScottie Pippen terminant meilleur passeur avec un total de 47[25]. Patrick Ewing est le meilleur contreur avec un total de 15[25].
La Dream Team, qui s'était imposée avec un écart moyen de 51,3 points lors du tournoi pré-olympique, s'impose avec un écart de 43,9 points, la Croatie subissant l'écart le plus faible avec 32 points[25]. Les Américains terminent avec un pourcentage de réussite de 57,8 %, le pourcentage de leurs adversaires étant de 36,5 %[25]. Le score moyen est de 117,3[25].
(en) Jack McCallum, Dream Team : How Michael, Magic, Larry, Charles, and the Greatest Team of All Time Conquered the World and Changed the Game of Basketball Forever, Random House LLC, , 384 p. (ISBN978-0-345-52050-0, lire en ligne)
Jack McCallum, Dream Team : Comment Jordan, Magic, Bird, Barkley et la plus grande équipe de tous les temps ont conquis le monde [« Dream Team: How Michael, Magic, Larry, Charles, and the Greatest Team of All Time Conquered the World and Changed the Game of Basketball Forever »], Talent Sport, , 396 p. (ISBN1093463430)
Sources
Notes
↑Les Américains, représenté par la Fédération amateur des États-Unis, font partie des treize votants contre cette entrée. Cette Fédération, qui n'intervient en rien dans la National Basketball Association ni dans la NCAA, perdrait ainsi le seul pouvoir qu'elle possède dans le basket-ball américain.
↑« Nobody on that team wanted to play with him... He doesn't understand why he wasn't chosen for that Olympic team and that's really too bad. You should be aware when you've ticked off more than half of the NBA. ».
↑Après une finale universitaire remportée par Magic, les deux hommes sont opposés trois fois en finale de NBA, avec deux victoires pour Magic en 1985 et 1987 et une pour Bird en 1984.
Références
↑McCallum 2016, Chapitre 3 Le commisioner et l'inspecteur des viandes.