Cécile Kahn grandit dans une famille bourgeoise républicaine de confession juive. Son père, Arthur Kahn, est un industriel alsacien, chevalier de la Légion d’honneur[3]. Son milieu familial n'est pas enclin à laisser les femmes étudier, toutefois elle réussit à obtenir à l'âge de 17 ans son brevet supérieur, qu'elle prépare en secret[4].
La rencontre avec Léon Brunschvicg, philosophe féministe membre de la Ligue des droits de l'homme, puis vice-président de la Ligue des électeurs pour le suffrage des femmes est décisive. Ils se marient en 1899[5] et ont, de 1901 à 1919, quatre enfants.
En 1910, elle devient secrétaire générale de l'UFSF puis présidente en 1924. Son projet est de développer l'association en province en créant des comités locaux (Marie-Josèphe Réchard présidente du comité local de Niort ou encore Laure Beddoukh présidente du comité local de Marseille)[7]. En mai 1914, elle est secrétaire générale adjointe du mouvement en compagnie de Pauline Rebour et elles développent ensemble les groupes provinciaux[8]. En 1914, elle crée l’Œuvre parisienne pour le logement des réfugiés. Elle est une féministe plus « réformiste » que « révolutionnaire ». Elle défend notamment l'école mixte.
Elle participe aux relogements de réfugiés de la Première Guerre mondiale et devient présidente de la « section Travail » du Conseil national des femmes françaises. Elle aide à la création de centres sociaux et en 1917 à l'École des surintendantes d'usine (les ancêtres des actuelles assistantes sociales). Elle est directrice de l'hebdomadaire La Française à partir de 1926, succédant ainsi à Jane Misme[4], et y publie de nombreux articles, notamment dans le cadre de son dialogue avec des militants antiféministes comme Marthe Borély.
Elle participe à la création des cantines scolaires, au développement de la surveillance de la délinquance et des risques sanitaires ainsi qu'à la promotion de l'éducation des filles. En 1937, elle publie le rapport ministériel : La Question de l'alimentation au ministère de l'Éducation nationale : les cantines scolaires. Les femmes peuvent dorénavant être candidates au poste de « rédactrice territoriale ». Le gouvernement Blum tombe à cause de l'opposition du Sénat, et son successeur, Camille Chautemps, ne la reconduit pas dans ses fonctions.
Seconde Guerre mondiale et décès
Pendant la Seconde Guerre mondiale, en raison de ses origines juives et de sa participation au gouvernement du Front populaire, elle est contrainte de se cacher dans le Midi de la France. Elle change de nom et ne peut être aux côtés de son époux, décédé à Aix-les-Bains, en janvier 1944. Elle est professeure dans un pensionnat de jeunes filles, à Valence. Après la guerre, elle reconstitue l'UFSF. Elle est « présidente d'honneur du Conseil national des femmes radicales socialistes »[4].
Marc-Olivier Baruch, « Cécile Brunschvicg, l'engagement républicain », dans Les cahiers du judaisme, no 12, 2002, p. 55-57.
Alice Benhamou-Panetta, « Le réveil des femmes en politique : Cécile Brunschvicg et Louise Weiss », dans Cahier d'histoire du Radicalisme, no 6, 1999, p. 1-9.
René Boirel, Brunschvicg, sa vie, son œuvre, avec un exposé de sa philosophie, Paris, PUF, 1964, 138 p.
Sandrine Lévêque, Femmes, féministes et journalistes : les rédactrices de La Fronde à l'épreuve de la professionnalisation journalistique, Le Temps des médias no 12, 2012, p. 41-53.
Muriel Pichon, « Cécile Brunschvicg née Kahn, féministe et ministre du Front populaire », Archives Juives 1/, Vol. 45, 2012, p. 131-134 (Lire en ligne).
« Cécile Brunschvicg, femme, féministe, juive, face au défi de l'intégration et de la neutralité religieuse », dans Archive du féminisme, no 9, , p. 29-42.