On lui doit la découverte des propriétés décolorantes du chlore, d'où il tire un procédé de blanchiment des toiles utilisant une solution d'hypochlorite de sodium : il invente ainsi l'eau de Javel.
Biographie
Claude-Louis Berthollet naît à Talloires près d'Annecy dans le duché de Savoie qui fait à l'époque partie du royaume de Sardaigne. Il est issu d'une famille bourgeoise de Savoie, son père est notaire, profession qu'exerçaient déjà ses propres père et grand-père. Claude-Louis est le sixième de neuf enfants dont seul lui et sa sœur cadette atteindront l'âge adulte. En rupture avec les traditions de famille (père notaire et mère issue d'une famille d'avocats et d'hommes de loi), il se destine à la médecine. Après des études secondaires au Collège Chappuisien d'Annecy, puis des études de médecine durant quatre années à l'université de Turin. Sa famille ayant refusé de l'aider financièrement, il obtient une bourse royale, et sera reçu docteur en 1768.
Puis il part en Égypte au sein de la commission des sciences et des arts, où il entre à l'Institut d'Égypte dans la section de physique et est élu vice-président. Il en sera élu président l'année suivante. Il fait d'importantes recherches sur le natron qui lui permettront d'élaborer sa théorie sur les affinités.
En 1779, il épouse la fille d'un maître de musique, Marie-Marguerite Baur. Louis-Philippe d’Orléans, son mentor et protecteur, accepte d'être leur témoin de mariage.
Un fils unique naîtra de cette union, Amédée-Barthélémy Berthollet (1780-1811). Également chimiste, il intégrera Polytechnique et aura pour condisciple Ch. Pertusier. Après la fin de ses études en 1798, il va fonder la Compagnie des Salines et Produits chimiques du plan d'Aren, société enregistrée à Aix en Provence et située sur la zone de Fos-sur-Mer.
Craignant d’entraîner son père dans le scandale lié aux rejets toxiques de son entreprise de fabrication industrielle de carbonate de soude, Amédée-Barthélémy se suicida par le charbon (monoxyde). Voulant, par sa mort, servir encore la science, il nota jusqu'au dernier moment ses impressions, qui furent reproduites par un journal du temps (SHAT Ecole Polytechnique, registre matricule des élèves).
Outre de nombreux mémoires, il publie, en 1791 et 1804, Éléments de l'art de la teinture[2],[3], à la suite de ses recherches dans le cadre de la Manufacture des Gobelins. Il publie Recherche sur les lois des affinités chimiques en 1801 et Essai de statique chimique en 1803[4]. Dans cet ouvrage majeur, il définit pour la première fois la notion d’équilibre chimique et pose les lois des doubles décompositions connues depuis sous le nom de lois de Berthollet.
Essai de Statique chimique, chez Firmin Didot (Paris), 1803
On lui doit la découverte des propriétés décolorantes du chlore d'où il tire un procédé de blanchiment des toiles utilisant une solution d'hypochlorite de sodium : il vient d'inventer l'eau de Javel. On lui doit aussi l'emploi du charbon pour purifier l'eau et la fabrication de plusieurs poudres fulminantes. Il fut, avec Antoine Lavoisier et Louis-Bernard Guyton-Morveau, un de ceux qui contribuèrent le plus à opérer une révolution en chimie. Il fut aussi avec Gaspard Monge l'un de ceux qui furent chargés pendant les guerres de la Révolution française de diriger la fabrication de la poudre et de multiplier les moyens de défense.
Il postulera l'identité de la lumière et du calorique[5].
Hommages
Le Noyer du Brésil est appelé de son patronyme[6], Bertholletia excelsa.
Son village natal de Talloires étant situé sur les rives du lac d'Annecy, la ville d'Annecy rend hommage à cette figure locale : on trouve ainsi une Avenue Berthollet à proximité de la gare, ainsi qu'une statue en pied située dans les Jardins de l'Europe, sur les berges du lac[n 2]. En outre, l'un des trois lycées publics de l'agglomération annécienne porte son nom ; le lycée Berthollet est ainsi plutôt orienté vers la filière scientifique, avec une prédominance de classes de section S, et des classes préparatoires scientifiques.
La ville de Chambéry a donné à l'une de ses rues principales le nom de Berthollet, en souvenir de celui qui fut l'un des membres fondateurs de l'Académie de Savoie, le [7].
Franc quartier du Sénat, au second de gueules à l'ibis d'or, au troisième de gueules au chien triomphant, d'or accollé de même, au quatrième d'azur, à l'appareil de chymie d'argent.[8],[11]
↑Le monument supportant une statue en bronze, dédié à Claude-Louis Berthollet, situé à Annecy, a été réalisé par le sculpteur Charles Marochetti et érigé en 1843. Une plaque mentionne: « A Claude-Louis Berthollet, ses concitoyens et ses admirateurs ». Quatre bas-reliefs représentent des phases historiques :
Berthollet se présentant à Tronchin à Paris
Berthollet recevant le duc d'Orléans dans son laboratoire
Berthollet avec Bonaparte devant le pyramides d'Égypte
Berthollet au chevet de Monge, malade à Saint-Jean d'Acre.
Références
↑Robert Solé, Les Savants de Bonaparte en Égypte, Paris, Éditions du Seuil, 1998, p. 213-214.
↑Claude-Louis Berthollet, Éléments de l'art de la teinture, Firmin Didot, (lire en ligne)
↑Amédée B. Berthollet, Éléments de l'art de la teinture, avec une description du blanchiment par l'acide muriatique oxygéné, Volume 1, Firmin-Didot, , 2e éd. (lire en ligne)
↑Claude-Louis Berthollet, Essai de statique chimique, vol. 1, Firmin Didot, , 555 p. (lire en ligne)
↑Jean Rosmorduc Une histoire de la physique et de la chimie - De Thalès à Einstein.
Seuil 1985 ; p. 129
Michelle Sadoun-Goupil, Le Chimiste Claude-Louis Berthollet (1748-1822), sa vie son œuvre, Paris, Vrin, 1977.
Jacques-Alphonse Mahul, Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel et continuation de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, 3e année, 1822, Paris : Ponthieu, 1823, p. 14-20[1]
Georges Cuvier, Éloge historique de M. le comte Berthollet, lu dans la séance publique de l'Académie royale des sciences le , dans Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, Gauthier-Villars, Paris, 1829, tome 8, p. CLXXIX-CCX(lire en ligne).