Le château se dresse sur la rive droite de la Tardoire, sur un promontoire rocheux dominant le bourg de Châlus, dans le département français de la Haute-Vienne. Plus récent d'un siècle, le château de Châlus-Maulmont, construit par Géraud de Maulmont, lui fait face.
Cette position en zone frontière explique un « chaînage » unique en France, de quinze châteaux forts sur une ligne protégeant, entre Périgord et Limousin, l’accès sud de Limoges : Châlus-Chabrol, Châlus-Maulmont, Firbeix, Saint-Pierre de Frugie, Courbefy, Vieillecour, Moncigoux, Jumilhac, Montbrun, Brie, Lambertie, Cromières, Les Salles, Les Cars et Lastours.
En construisant Châlus-Chabrol, l'objectif des seigneurs de Limoges (vicomtes et évêques selon une tradition rapportée par les frères de Sainte-Marthe, Ithier Chabot (ou Chalas) de Fraissenjas, élu évêque de Limoges le [1]) est de contrôler l'itinéraire de Limoges vers le Périgord. Ils détournent par Châlus la voie qui menait de Bourges à Bordeaux et passait alors par Lastours[2] afin, justement, d'éviter les terres des puissants seigneurs de Lastours pour rejoindre leurs possessions en Périgord dont le château de Hautefort.
La fondation par l'abbaye Saint-Augustin-lès-Limoges de l'abbaye de l'Abeille, à proximité du château, alliée à la fréquentation du nouvel itinéraire Limoges-Périgueuxvia Châlus et Aixe (qui reprenait en grande partie un itinéraire antique[3]), entraînent le développement d'un bourg castral (la Villehaute) et de foires importantes.
En mars 1199, Richard Cœur de Lion, venu mater la révolte d'Adémar (Aimar) V de Limoges[4], se trouve sous les murailles du château assiégé[note 1] par les troupes de Mercadier, chef de guerre aquitain entré en 1184 au service de Richard. La place, possession d'Aimar, vicomte de Limoges, abrite alors 38 habitants, femmes et enfants inclus, qui se sont réfugiés dans le donjon face aux assauts ennemis. Les Anglais tentent alors de saper la tour. C'est le chevalier Pierre Basile qui du haut du donjon aurait atteint Richard, d'un carreau d'arbalète. Les défenseurs retranchés dans cet ultime refuge finissent par se rendre. Le roi d’Angleterre décèdera des suites de sa blessure gangrenée, le [6],[note 2].
La forteresse se retrouve en 1592 aux mains des protestants et est défendu par le capitaine Labesse lors du cinquième siège mené par le gouverneur du Limousin Chamberet et le comte de Bourbon de Busset, sieur de Chalus, du parti catholique. Ces derniers bombardent le fort avec le le canon de Limoges et s’en rendent maître.
Démantelé à la Révolution française, Châlus-Chabrol est restauré au milieu du XIXe siècle par le comte de Châlus qui y installe, le , des religieuses de l'Instruction de l'Enfant-Jésus.
Il fit également restaurer, en 1861, la tour attenante au corps de logis, qui menaçait ruine[8].
Bertrand Heyraud, qui acheta le château en 1995 au comte de Bourbon-Chalus, entreprit sa restauration pendant quatre ans. C'est dans ce cadre restauré, que se sont déroulées, en 1999, les cérémonies du 8e centenaire de la mort de Richard sous la présidence conjointe de sa majesté la reine d'Angleterre et du président de la République, Jacques Chirac.
Description
Le château de Châlus-Chabrol est constitué d'un ancien corps de logis, d'une tour d'angle attenante et d'un donjon, qui datent de l'érection du château. Ils sont complétés par les vestiges d'une chapelle castrale du X-XIe siècle, devenue église paroissiale et d'une chapelle du XVe siècle, d'un puits et d'un corps de logis du XVIIe siècle. C'est dans la chapelle que Richard exigea que ses entrailles soient ensevelies. On peut voir devant un faux gisant en ciment de Richard rappelant cette « concession » dédaigneuse[9].
Alain d'Albret, héritier des Sully (arrière-petit-fils de Charles Ier d'Albret et de Marie de Sully, l'arrière-petite-fille d'Henri IV), qui rattache la châtellenie de Châlus à la vicomté de Limoges (sa femme étant Françoise de Châtillon-Blois-Bretagne, comtesse de Périgord et vicomtesse de Limoges).
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Culture
Dans le roman Celui qui revenait de loin de la série Les conquérants de l'impossible, l'auteur Philippe Ebly situe une partie de l'action dans ce château, au moment de la mort de Richard Cœur de Lion. Un des héros du roman et de ceux qui suivent dans la série est le jeune Thibault, duc de Châlus, miraculeusement conservé jusqu'à notre époque dans une mare d'azote liquide.
Notes et références
Notes
↑Une légende entretenue par quelques chroniqueurs hostiles à Richard, évoque un trésor découvert par Aimar et qu'il aurait refusé de partager avec son suzerain [5]. Cette thèse n'est pas retenue par les médiévistes actuels.
↑Châlus-Chabrol, est une étape de la route Richard-Cœur-de-Lion puisque c'est à Châlus que le duc d'Aquitaine et roi d'Angleterre a trouvé la mort en 1199[7].
Références
↑Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, Tome 1, par l'abbé Joseph Nadaud, publ. sous les auspices de la Société archéologique et historique du Limousin par l'abbé A. Lecler, V. H. Ducourtieux (Limoges), 1863-1882, p. 655, consulté sur Gallica le 30 mai 2009.
↑Jean-François Boyer, Bulletin de l'association Histoire et archéologie du pays de Châlus : hypothèses sur le contrôle des itinéraires médiévaux dans la région de Châlus et Lastours, vol. I, Châlus, A.H.A.P.C, , 36 p., p. 1-2.
↑Marcel Villoutreix, Travaux d'archéologie limousine : recherches sur un très ancien itinéraire entre Limousin et Périgord, t. 13, Limoges, Association des antiquités limousines (SAHL), (ISSN0750-1099), p. 81-89.
↑Jean Flori, Richard Coeur de Lion, Le roi chevalier, Paris, Payot, , 598 p. (ISBN2-228-89272-6), p. 233
↑Nobiliaire du diocèse et de la généralité de Limoges, Tome 1, par l'abbé Joseph Nadaud, publ. sous les auspices de la Société archéologique et historique du Limousin par l'abbé A. Lecler, V. H. Ducourtieux (Limoges), 1863-1882, p. 598, consulté sur Gallica le 30 mai 2009.
↑Stéphane William Gondoin, « Richard Cœur de Lion : « Le diable est déchaîné » », Patrimoine normand, no 119, octobre-novembre-décembre 2021, p. 64 (ISSN1271-6006).