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Au haut Moyen Âge, une marche est un fief créé dans une zone frontalière, soit après conquête, soit par détachement d'un autre territoire, et auquel le souverain attribue une fonction particulière de défense contre les territoires voisins.
Les marches désignent à l'origine de nombreux territoires frontaliers de l'Empire carolingien. Par extension, le terme a également désigné une province frontalière, militarisée ou non.
Le terme provient du proto-germanique *marko ou *marka, signifiant « frontière ». Il dérive lui-même de la racine proto-indo-européenne *mereg-, signifiant « bord » ou « frontière ». Cette origine se retrouve dans le latinmargo, « marge ».
Titres attachés aux marches
Les titres de marquis et margrave tirent leurs origines des seigneurs féodaux qui occupaient les positions dans les zones frontalières.
En 861, Charles le Chauve crée deux marches afin de protéger son royaume des guerriers de Bretagne et Normandie. En 863, il crée également la marche de Flandres :
la marche de Neustrie (861-987), constituée de zones tampons avec les Bretons et les Normands, annexées finalement au royaume de France :
Au début de son règne de roi de Francie orientale, Otton Ier réorganise son royaume afin de préparer une expansion vers l'est. En 937, il crée deux marches : la marche des Billung, confiée au princeps militiaeHermann Billung, et la marche de Géro, attribuée à Gero. En 961, lorsque Billung devient duc de Saxe, sa marche est fusionnée avec son duché. Dans le cas de Gero, Otton Ier, alors empereur, décide la division de ses territoires, considérablement étendus depuis 937. Après sa victoire sur les Magyars à la bataille du Lechfeld en 955, le roi Otton Ier et ses successeurs créèrent d'autres marches à l'est du duché de Bavière jusqu'à la limite avec le royaume de Hongrie.
Les différentes marches saxonnes du Nord-Est sont :
Les marches séparantes forment un territoire que se disputaient le roi de France et le comte de Champagne depuis le XIe siècle jusqu'à la fin du XIIIe siècle. Ces marches sont situées actuellement à l'est de la Seine-et-Marne.
Savoie - Dauphiné
La commune des Marches[1] fut fondée et fortifiée en 1300 par le comte Amédée V pour défendre la frontière sud du comté de Savoie face au Dauphiné voisin[2]. Le Dauphiné devenu français en 1349, la commune continua de marquer la frontière avec la France jusqu'à l'annexion de la Savoie en 1860. Aujourd'hui, l'ancien poste de douane, les bornes frontières (datant de 1822) et l'actuelle limite entre les deux départements de la Savoie et de l'Isère (qui passe au milieu du hameau de Saint-André) sont des témoins de ce passé.
Autres
D'autres territoires avaient des droits partagés, par exemple Moulins-la-Marche dans l'Orne.
La Mercie est un ancien royaume anglo-saxon situé dans les midlands de l'Angleterre. Ce nom provient du vieil anglais et désigne le « peuple des frontières ». Par latinisation du terme anglo-saxon mearc, les zones frontalières entre l'Angleterre et le pays de Galles furent collectivement connues comme marches de Galles (marchia Wallia). Les marches d'Écosse désignent les régions de part et d'autre de la frontière entre l'Angleterre et l'Écosse.
Le titre de gardien des Marches (Lord Warden of the Marches en anglais) était une fonction officielle aux cours d'Angleterre au Moyen Âge. Ses titulaires avaient la charge d'assurer la sécurité de la frontière entre les deux nations et prenaient souvent part aux campagnes militaires.
Scandinavie
En vieux norrois, mark signifie « terres frontalières » et « forêt » (le terme norvégien actuel signifie « sol »). Le terme apparaît dans les comtés de Finnmark (« terres ou forêts des Samis »), Hedmark (« terres de la tribu heiðnir »), Telemark (« terres de la tribu þelir ») et bien sûr dans Danemark.
Les forêts entourant les villes norvégiennes sont appelées marka, les marches. Celles entourant Oslo portent le nom de Nordmarka, Østmarka et Vestmarka, c'est-à-dire marches du Nord, de l'Est et de l'Ouest.
↑Florentin Briffaz, « Attention à la marche ! La politique des confins chez les comtes de Savoie et les ducs de Bourgogne (XIIIe-XVe siècles) », Siècles : Cahier du centre d'histoire « Espaces et cultures », no 54, (lire en ligne, consulté le )
↑Ghislain Garlatti, Histoire des Marches: à l'ombre du Granier, chronique d'un village de Savoie, p. 40.Lire en ligne.