Rentré dans la diplomatie, Carl Burckhardt est attaché à la légation suisse de Vienne de 1918 à 1922.
Encouragé par son ami à se consacrer à la littérature, il choisit d'accepter une mission du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Asie mineure, en 1923, durant laquelle il prend part à organiser le retour des Grecs expulsés à la suite de leur défaite face a Atatürk.
En octobre 1935, il visite pour la Croix-Rouge internationale les camps de concentration nazis de Esterwegen, Dachau et Lichtenburg. Peu critique des conditions de détention, il s’offusque simplement que les détenus politiques soient mélangés aux prisonniers de « droit commun » et aux « déviants » (homosexuels)[1]. À sa décharge, la très grande majorité des personnes internées dans les camps nazis ne sont pas des prisonniers de guerre, alors que la Convention de Genève limite le champ d'action humanitaire du CICR à ces derniers[2]. Complaisant pour le régime, son rapport aura en revanche une influence déterminante sur la réorganisation des camps et la mise en place du système de triangles de couleurs pour distinguer les catégories de prisonniers[3],[4],[5].
Il retourne au sein du Comité international de la Croix-Rouge durant la Guerre. Durant cette période, il y assure des fonctions dirigeantes et réalise plusieurs missions en Allemagne. Il possède alors des informations précises sur l’extermination des Juifs, qu'il transmet aux autorités américaines[6].
En 1945, il devient le président du CICR. Sous sa direction, l'institution maintient la ligne adoptée pendant la guerre et renonce à condamner publiquement les crimes nazis. Parmi les nombreux visas humanitaires qu'elle délivre pour assurer le rapatriement des prisonniers de guerre, certains permettront la fuite de plusieurs dizaines de milliers de criminels nazis[2].
De 1945 à 1949, Carl Jakob Burckhardt est ministre de Suisse à Paris[7]. À ce titre, c'est lui qui transmet fin avril 1945 au général de Gaulle, au nom de son gouvernement, la demande du maréchal Pétain, alors en Suisse, de revenir en France[8]. Anti-communiste notoire, il s'efforce de faire échapper le plus grand nombre d'Allemands à la zone d'influence soviétique pendant la Guerre froide[2].
↑Homosexuel-le-s en Europe pendant la Seconde guerre mondiale, Régis Schlagsenhauffen, Nouveau Monde Éditions, 2017
↑(de) Paul Stauffer, Zwischen Hofmannsthal und Hitler : Carl J. Burckhardt. Facetten einer aussergewöhnlichen Existenz., Zurich, Neue Zürcher Zeitung, , 339 p. (ISBN3-85823-339-0), p.77