COUM Transmissions est une troupe d'art performance et un groupe musical, actif entre 1969 et 1977. Il est particulièrement porté sur la transgression dans tous les domaines, influencée par le dadaïsme et Merry Pranksters. Également adepte de Kraftwerk et du Metal Machine Music de Lou Reed, le collectif est reconnu par certains comme le fondateur de la musique industrielle[1].
Il s'agissait d'une formation fantasque et conflictuelle originaire de Kingston-upon-Hull, dans le Yorkshire, dont les membres permanentes étaient le fondateur Genesis P-Orridge, et Cosey Fanni Tutti, qui rejoignit le groupe au début de 1970. Sa composition était tournante, caractéristique atypique dans les années 1960, et incluait aussi bien des éléments intellectuels que criminels[réf. souhaitée]. L'organisation était notamment fascinée par le totalitarisme, la pornographie et les tueurs en série ; elle fit un scandale retentissant à ses débuts grâce à une exposition de tampons hygiéniques usagés[1]. En 1975, le collectif représente la Grande-Bretagne à la Biennale de Paris.
Son existence formelle s'étend de 1969 à 1976. Parmi les membres de son entourage étaient Foxtrot Echo (aussi connu sous le nom d'Echo Foxxtrot), Fizzey Paet, Ray Harvey et « Spydee Garmantel ». Bien que Peter « Sleazy » Christopherson et Chris Carter soient proches du collectif, ils ne l'ont pas rejoint sur le plan technique jusqu'à sa transformation en Throbbing Gristle[réf. souhaitée].
L'œuvre de COUM a pris différentes orientations. Parmi les plus remarquables on peut citer le modelage pornographique de Cosey et le groupe de musique industrielle Throbbing Gristle, né au cours de la performance finale de COUM en 1976. Après la dissolution du groupe en 1981, ses membres Genesis P-Orridge, Cosey Fanni Tutti, Peter « Sleazy » Christopherson et Chris Carter forment leurs propres projets : Psychic TV, Thee Temple ov Psychick Youth, Chris and Cosey, Coil, Thee Majesty, CTI, et The Genetic Terrorists, entre autres.
Les premières actions de COUM Transmissions ont lieu en fin 1969 à Hull. En 1970, les membres de COUM s'établissent dans deux maisonnettes délabrées de style géorgien dans le centre de Hull, sur Prince Street, qui seront surnommées « Alien Brain »[2]. Dans sa première phase, le collectif privilégie les performances musicales improvisées sur des instruments acoustiques[3]. Le titre de l'une des premières performances, Clockwork Hot Spoiled Acid Test, se réfère à deux inspirations, le roman L'Orange mécanique (1962) d'Anthony Burgess et le livre Acid Test (1968) de Tom Wolfe[4]. En tant que groupe musical, le collectif fait la première partie de Hawkwind en 1971[5] et suscite de l'intérêt de la part de John Peel, qui le diffuse dans son émission de radio[réf. souhaitée]. En mars 1972, COUM participe à un concours national de musique rock/folk, intitulant leur performance This Machine Kills Music[6].
Durant l'année 1973, P-Orridge et Tutti quittent Hull pour déménager à Londres, installant COUM dans un studio à Martello Street, dans le quartier de Hackney (l'un des districts les plus pauvres de Londres)[7]. Durant cette même année, COUM est invité par le Hull Arts Centre à participer à Fanfare for Europe, un événement célébrant l'entrée du Royaume-Uni dans l'Espace économique européen[8]. Le groupe participe également au Fluxshoe Festival, une exposition itinérante liée au mouvement artistique Fluxus organisée par David Mayor[9],[10]. Une publication intitulée Copyright Breaches est éditée à 200 exemplaires.
En 1974, le groupe se rend en Belgique, pour présenter une performance sonore créée en collaboration avec Paul Woodrow et nommée Marcel Duchamp's Next Work[11]. Le 17 mars est présenté au Oval Theatre à Londres Couming of Age, la première action de COUM impliquant la nudité[12], et utilisant des musiques de Nico, John Cale, Lou Reed et Vera Lynn[13]. Peter « Sleazy » Christopherson assiste à ce spectacle et propose de rejoindre le groupe[12]. À partir de cette période, COUM se réduit essentiellement à P-Orridge et Tutti, leurs partenaires Fizzy et Biggles ayant quitté Londres.
En 1975, COUM est invité à participer à des festivals d'art en Allemagne (Groß-Gerau, puis Kiel). En mars, Christopherson participe à sa première action de COUM, intitulée Couming of Youth et impliquant des actions sexuelles, qui est montrée durant quatre soirées au Melkweg à Amsterdam[13],[14]. En octobre, avec le soutien du British Council[15], COUM participe à la IXe Biennale de Paris, où est montrée une action intitulé Jusqu'à la balle crystal[16]. Dans cette période, les actions de COUM deviennent plus extrêmes. En parallèle, le groupe Throbbing Gristle commence à prendre forme[17], répétant dans le studio de Martello Street avec la participation de Chris Carter (qui cependant ne rejoint pas COUM Transmissions).
En 1976, durant février et mars, le British Council invite COUM à participer à l'exposition Arte Inglese Oggi 1960-1976, présentant des artistes anglais contemporains[18]. Tutti indique qu'à cette période, « COUM opère en parallèle à TG »[19]. Les premiers concerts publics de TG ont lieu (Air gallery le 6 juillet, Hat Fair le 21 août). En octobre, COUM est invité à montrer une exposition à l'Institute of Contemporary Arts de Londres. Cet événement, intitulé Prostitution, forme un point culminant dans la carrière de COUM, et prend la forme d'une rétrospective du collectif[13].
Le livre Wreckers of Civilisation (Black Dog Publishing Company, juillet 2000), de Simon Ford (conservateur au Victoria and Albert Museum de Londres), est considéré comme un travail documentaire concluant sur l'œuvre de COUM[20].
En 2017, dans le cadre des célébrations de ville de Hull comme capitale culturelle du Royaume-Uni (UK City of Culture), une exposition consacrée à l'histoire de COUM Transmissions est montrée à la Humber Street Gallery, présentant du matériel provenant des archives de Tutti et P-Orridge[21]. Lors de la soirée d'ouverture, Tutti et P-Orridge donnent des concerts solo[22]. D'autres anciens membres (Spydee, Foxtrot Echo et John Lacey) sont présents pour cet événement et participent à une conférence organisée par The Quietus[23].
En juillet 2009, le label discographique américain Dais Records sort des vinyles d'archives de COUM Transmissions intitulés The Sound of Porridge Bubbling (2009), Sugarmorphoses (2011)[24] et Home Aged and the 18 Month Hope (2013) en édition limitée à 500 exemplaires, comme c'est le cas pour Early Worm (Genesis P-Orridge, Spydeee Gasmantell, Pingle Wad, et Ron Megson (le père de Genesis P-Orridge), 1968) en 2008.
Le disque COUM Transmissions The Sound of Porridge Bubbling est enregistré en 1971 avec Genesis P-Orridge, Spydeee Gasmantell, Ray Harvey, Cosey Fanni Tutti et d'autres. Le contenu musical de l'album est de nature improvisée et avant-gardiste, et la plupart des morceaux de l'album consistent en des morceaux parlés et des expériences sonores, rappelant parfois le matériel audio expérimenté par William S. Burroughs et Brion Gysin dans les années 1960. L'un des morceaux, Nude Supper, est une lecture directe par Spydeee Gasmantell de l'œuvre de William S. Burroughs, Naked Lunch. La reprise en ligne de cet album est modifiée par la suite, de sorte que la piste intitulée Nude Supper fait désormais référence à la piste Sound of Porridge Bubbling, la piste Sound of Porridge Bubbling étant une reprise enregistrée de The Stripper. La version parlée originale de la lecture de Naked Lunch ne se trouve que sur les 500 exemplaires vinyles originaux de l'album (explique Spydeee Gasmantell, membre de COUM Transmission).