Attentats de Londres du 7 juillet 2005

Attentats du 7 juillet 2005 à Londres
Image illustrative de l’article Attentats de Londres du 7 juillet 2005
Les secours à la station Russel Square du métro de Londres le .
Première attaque
Localisation Station Aldgate East
Cible Métro de Londres
Coordonnées 51° 31′ 00″ nord, 0° 04′ 50″ ouest
Deuxième attaque
Localisation Station King's Cross
Cible Métro de Londres
Coordonnées 51° 31′ 14″ nord, 0° 09′ 56″ ouest
Troisième attaque
Localisation Station Edgware Road
Cible Métro de Londres
Coordonnées 51° 31′ 34″ nord, 0° 07′ 31″ ouest
Quatrième attaque
Localisation Tavistock Square
Cible Bus à impériale
Coordonnées 51° 31′ 30″ nord, 0° 07′ 42″ ouest

Date Jeudi
h 50h 47 (UTC+1)
Type Attentat-suicide
Terrorisme
Tuerie de masse
Armes Bombes
Morts 52 (et 4 terroristes)
Blessés 784
Auteurs Mohammad Sidique Khan
Shehzad Tanweer
Germaine Lindsay
Hasib Hussain
Participants 4
Organisations Al-Qaïda
Mouvance Terrorisme islamiste
Géolocalisation sur la carte : Londres
(Voir situation sur carte : Londres)
Attentats de Londres du 7 juillet 2005

Le , quatre explosions touchent les transports publics de Londres et font 56 morts et 784 blessés. Les trois premiers attentats ont lieu dans un intervalle de 50 secondes (heures locales selon le fuseau horaire UTC+1) :

Ces attentats-suicides, commis par quatre jeunes terroristes islamistes britanniques, surviennent le jour de l'ouverture du 31e sommet du G8 en Écosse et le lendemain de la désignation de Londres comme ville hôte des Jeux olympiques d'été de 2012.

Chronologie des événements

Plan du métro de Londres.

Attaques contre le métro

  • 8 h 50 (7 h 50 UTC) : une explosion se produit dans une rame de métro à la station Liverpool Street (entre les stations Moorgate et Aldgate à la limite Est de la City, le quartier financier de la capitale britannique). Cet attentat fait sept morts.
  • 8 h 50 (7 h 50 UTC) : une explosion se produit dans une deuxième rame entre les stations de King's Cross et Russell Square. Cet attentat fait 27 morts.
  • 8 h 51 (7 h 51 UTC) : une explosion se produit au moment où une rame de métro arrive à la station Edgware Road. Sept personnes sont tuées dans l'attentat, dont deux ou trois dans la rame.

Les premiers rapports indiquaient un plus grand nombre de bombes. En effet, deux bombes ayant explosé entre deux stations, les survivants sont sortis par les deux stations, donnant l'impression, dans la confusion initiale, que chacune avait été touchée par une attaque distincte.

Attaque contre le bus à impériale

Bilans

Pertes humaines

Habitant de Londres à la sortie d'un métro.
Russell Square le 7 juillet.
  • Le bilan officiel s'établit finalement à 56 morts et 784 blessés[1].

Morts confirmées (Emergency Services press conference = conférence de presse des services d'urgence) :

Lieu Morts
Russel Square Station 27
Bus à Tavistock Square 14
Aldgate East Station 7
Edgware Road Station 7
Au cours des soins hospitaliers 1
Total 56

Réactions publiques

Réactions des autorités britanniques

Une réunion d'urgence est convoquée par le gouvernement britannique. À 10 heures, il déconseille à toute personne de venir à Londres. L'armée britannique se déploie pour protéger le palais de Buckingham, l'ambassade américaine et l'ambassade israélienne.

  • Déclaration de Tony Blair le 7 juillet à 12 heures GMT (depuis la réunion du G8 de Gleneagles Hotel en Écosse) : une série d'attentats coordonnés a touché Londres pour coïncider avec l'ouverture du sommet du G8. Tony Blair va quitter le G8 ponctuellement pour rejoindre Londres et faire le point avec ses services de sécurité mais le sommet se poursuit. Il affirme que la détermination des Britanniques à éradiquer le terrorisme est bien plus forte que celle de ceux qui ont commis ces attaques. Visiblement bouleversé, il qualifie ces attentats de « barbares ».
  • La reine Élisabeth II déclare : « De telles atrocités renforcent notre sens de la communauté, notre humanité, notre confiance dans l'état de droit ».
  • Le 10 juillet à Silverstone, les pilotes de Formule 1 observent une minute de silence avant le départ du Grand Prix de Grande-Bretagne en hommage aux victimes des attentats.
  • L'autorisation de tuer à vue sans préavis est donnée à la police londonienne, ce qui provoquera une bavure quelques jours plus tard : le 22 juillet, un jeune Brésilien, Jean Charles de Menezes, est abattu par la police de 7 balles dans la tête[2].

Soutien international

Allemagne

  • le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer déclare que son pays avait appris avec « horreur et répulsion » cet événement.
  • la sécurité dans les transports publics est augmentée.

Canada :

  • Le Premier ministre, Paul Martin : « Notre liberté collective a été attaquée aujourd'hui par ceux qui veulent utiliser la violence et le meurtre pour que l'extrémisme l'emporte dans le monde. »
George W. Bush réagit aux attentats depuis Gleneagles Hotel, où il assiste au sommet du G8.

États-Unis : après une brève déclaration au sommet du G8, George W. Bush annonce que « La guerre contre le terrorisme continue ».

France :

  • Le Premier ministre Dominique de Villepin intervient le 7 juillet à 12 h 50, il confirme un important nombre de victimes et élève le plan Vigipirate au niveau rouge : la surveillance est accrue dans tous les lieux publics, notamment les aéroports et les gares ferroviaires. La SNCF annonce que les allers-retours de la ligne franco-britannique Eurostar sont maintenus, mais invite les voyageurs à différer leur départ. Toutes les poubelles du métro parisien sont fermées.
  • Le président de la République Jacques Chirac dit sa profonde horreur et exprime la « solidarité totale de la France ».
  • Le maire de Paris Bertrand Delanoë déclare : « nous sommes tous à cet instant londoniens »
  • Georges Sarre, premier secrétaire du MRC, exprime sa solidarité avec les Londoniens mais invite le Royaume-Uni à analyser « l'origine de ces actes monstrueux, à l'heure où les États-Unis d'Amérique précipitent le monde dans une guerre de civilisations ».
  • François Hollande, premier secrétaire du PS, exprime au nom du Parti socialiste et de tous les socialistes sa « forte émotion et sa consternation » ainsi que sa « totale solidarité avec les Britanniques et leur Premier ministre, Tony Blair, qui traversent des heures douloureuses », il fait également référence aux attentats de Madrid et de New York et rappelle « nous sommes tous concernés par le fléau du terrorisme ».
  • Les coureurs du Tour de France observent une minute de silence au départ de l'étape du 8 juillet en hommage aux victimes des attentats.

Israël : le ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom a dénoncé les « terribles attentats » commis à Londres et fait part de sa volonté de lutter contre le terrorisme.

Suisse : le président de la Confédération, Samuel Schmid, a condamné ces attentats et a rappelé que « Nous ne pouvons plus dormir naïvement sur nos deux oreilles »

  • le pape Benoît XVI qualifie ces attaques d'inhumaines. Il a lancé un message aux terroristes : « À ceux qui alimentent le sentiment de haine et à ceux qui commettent des actions terroristes aussi répugnantes, je dis : « Dieu aime la vie, qu'il a créée, pas la mort. Au nom de Dieu, arrêtez ! »

Polémiques

  • Des simulations d'attaques avaient lieu aux mêmes endroits et à la même heure que les véritables attentats à la bombe dans le métro londonien. C'est Peter Power, ancien de Scotland Yard et directeur de "Visor Consultants" - société qui effectuait cette simulation - qui l'affirme[4].
  • D'après les autorités locales et nationales, Londres était censée être la ville d'Europe la mieux préparée à une attaque terroriste. Les services concernés estimaient probable la préparation d'un attentat dès 2004 et prirent des précautions[5].
  • En mars 2005, un sondage avait révélé que plus de 80 % des Britanniques redoutaient une attaque terroriste pour l'année à venir.
  • Juste avant les attaques, le niveau de sécurité avait été descendu d'un cran par le MI5[6].
  • Le 10 septembre, c'est au tour de Michael Meacher, ancien ministre de l'environnement de Tony Blair entre 1997 et 2003, de faire des déclarations. Selon lui, ce serait Omar Saïd Cheikh qui aurait organisé les attentats depuis sa prison au Pakistan, où il a été condamné à mort[7].
  • Selon une première dépêche de l'Associated Press, dès le matin, la section anti-terroriste des services secrets israéliens auraient averti Benyamin Netanyahou, ministre des finances d'Israël présent à Londres, de l'imminence probable d'un attentat. Un démenti a été publié par l'agence de presse peu après : il n'aurait été averti de ne pas se déplacer qu'après la première explosion. Divers chroniqueurs en concluent que des informations cruciales semblent avoir été transmises à un moment où même les services de police londoniens n'avaient pas encore réalisé qu'ils faisaient face à une attaque terroriste[8],[9]. Cependant, d'autres dépêches d'agence indiquent que ce sont les services londoniens qui auraient averti la délégation dont faisait partie M. Netanyahou des événements en cours.

Étapes de l'enquête

Indices

Les quatre explosions ont été déclenchées manuellement, les paquets d'explosifs pesaient 4,5 kg mais étaient très puissants. Après avoir été déclarés de nature militaire, la police a estimé qu’il s’agissait d'explosifs artisanaux, à base de peroxyde d'acétone, une substance facile à confectionner avec des produits domestiques, la même que celle utilisée par Richard Reid. Ils étaient placés dans des sacs à dos. La police annonçait avoir trouvé des empreintes digitales sur ces paquets.

Selon un article israélien[10], l'explosif serait le même que celui utilisé dans un attentat à Tel-Aviv en 2004 par des kamikazes ayant des passeports britanniques.

Recherche des coupables

La piste irlandaise semble aussitôt devoir être écartée puisque l'IRA a presque toujours prévenu de ses attentats et qu'un démenti a été donné par un officiel de ce mouvement.

Le modus operandi des explosions coordonnées (sauf celle du bus) dans des transports en commun fait penser aux attentats du 11 mars 2004 à Madrid provoqué par des islamistes marocains, ou encore à celui du 6 février 2004 à Moscou imputé aux filières islamistes tchétchènes, qui ont fait chacun plusieurs centaines de victimes.

Le , Al Jazeera indique avoir reçu une cassette vidéo dans laquelle le réseau Al-Qaïda revendique les attentats de Londres du 7 juillet. Al Jazeera montre une séquence sur laquelle on voit l'un des kamikazes, Mohammad Sidique, et une autre sur laquelle on voit le numéro deux d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. Mais cette vidéo aurait été montée après les attaques, ne démontrant donc pas le soutien d'Al-Qaïda[11].

Le 12 juillet 2005, 5 jours après les attentats, Scotland Yard déclare avoir identifié quatre suspects sur les enregistrements d'une caméra de surveillance de la Gare de King's Cross datant du 7 juillet 2005 à 8 h 30[12] : il s'agit de 4 jeunes musulmans britanniques :

Aucun n'était précédemment connu des services de police. Le jour des attentats, tous les quatre se sont rendus en voiture à Luton, dans le Bedfordshire, d'où ils ont gagné Londres par le train. Ils ont été filmés par une caméra de surveillance à leur arrivée à la gare de King's Cross à environ 8 h 30.

La deuxième étape de l'enquête a consisté à mener des perquisitions dans leur entourage pour démanteler tout le réseau (12 et 13 juillet). La police a ensuite diffusé quelques noms de suspects recherchés.

Le 22 mars 2007, trois hommes ont été arrêtés en relation avec les attentats : deux alors qu'ils s'apprêtaient à partir pour le Pakistan et un chez lui à Leeds, dans une rue où avait vécu un des kamikazes.

Suspects

  • Haroon Rashid Aswat (en), un Pakistanais. Il aurait quitté Londres deux jours avant les attentats et aurait passé plus de 20 communications par portable avec les auteurs des attentats. Il est considéré comme le dirigeant britannique d'Al-Qaïda et Scotland Yard le soupçonne d'être le commanditaire des attentats. Après des rumeurs d'arrestation le 20 juillet au Pakistan, il a finalement été arrêté par la police zambienne à la frontière du Zimbabwe et détenu en Zambie. Il aurait déclaré avoir été un garde du corps d'Oussama ben Laden. Le 7 août 2005, il a été extradé vers le Royaume-Uni[14]. Cependant, Scotland Yard ne serait pas intéressé par Aswat[15].
  • Magdi Mahmoud El-Nashar, un Égyptien de 33 ans, maître de conférences en chimie à l'université de Leeds. Depuis cinq ans, ce chercheur en biochimie menait des études de troisième cycle et bénéficiait d'un accès aux laboratoires. Il est soupçonné d'être l'artificier du groupe. Il avait également passé le premier semestre 2000 au département de génie chimique de l'université d'État de Caroline du Nord. Trois semaines avant les attentats de Londres, il aurait loué un appartement à Leeds. D'après le journal égyptien Al-Ahram, qui cite une source sécuritaire non identifiée, le biochimiste aurait expliqué aux enquêteurs qu'il louait une maison à Hasib Hussain. La police britannique a perquisitionné la maison d'El-Nashar à Leeds, où elle a découvert des traces d'explosifs[16]. Il aurait quitté l'Angleterre la veille des attentats. Scotland Yard confirme le 15 juillet son arrestation en Égypte[17]. Selon les autorités égyptiennes, il nie toute implication dans les attentats. Le ministère de l'Intérieur égyptien a indiqué que « l'enquête montre de manière irréfutable » que Magdi Nachar, « n'a joué aucun rôle » dans les attentats du 7 juillet[18]. Il a été relâché le 9 août 2005.
  • Mohammed al-Guerbouzi, un homme qui a séjourné à Londres et qui serait l'un des fondateurs du GICM (Groupe islamique combattant marocain), a été présenté comme suspect par des médias, ce que la police a qualifié de spéculations[19]. Dans un entretien à la chaîne de télévision Al Jazeera, il nie toute implication. Il affirme ne pas être dans la clandestinité et ne pas être recherché par la police londonienne. Il semblerait qu'il ne soit pas impliqué dans ces attentats.
  • Mustafa Setmarian Nasar dit Abou Moussab al-Souri, un Syrien considéré comme le cerveau des attentats et également le cerveau des attentats de Madrid[20].

Cinéma

Les attentats de Londres constituent la toile de fond du film London River de Rachid Bouchareb, sorti en 2009.

Ils apparaissent également dans une scène du film Au-delà (2010) ainsi que dans le film Zero Dark Thirty (2012) qui raconte la traque d'Oussama Ben Laden.

Dans le film L'Outsider (2015), les attentats sont évoqués lors du krach boursier du 7 juillet 2005.

Notes et références

  1. (en) Stephen Sloan et Sean K. Anderson, Historical Dictionary of Terrorism, Scarecrow Press, , p. 396.
  2. (en) « New claims emerge over Menezes death », sur www.guardian.co.uk (consulté le )
  3. (en) Résolution 1611 sur New claims emerge over Menezes death
  4. (en) Nicholas Glass, « Coincidence of bomb exercises? », Channel 4 News.com,‎ (lire en ligne)
  5. (fr) Voir cet article sur terrorisme.net
  6. (en) MI5 downgrades terror threat to UK businesses sur news.ft.com
  7. (fr) Lire L'article du Guardian
  8. (fr) Attentats de Londres : qui savait quoi (et quand)? sur cyberie.qc.ca
  9. (fr) Attentats de Londres : encore des questions sur cyberie.qc.ca
  10. article israélien Article
  11. (fr) Article de la Libre Belgique
  12. Les gares londoniennes sont surveillées par 1 800 caméras, le réseau du métro par plus de 6 000 autres et certains bus en sont également équipés.
  13. (en) Hasib Hussain with backpack sur flickr.com
  14. Simon Freeman, British al-Qaeda suspect facing extradition to US, Times Online, 08/08/2005.
  15. Richard Woods, David Leppard et Mick Smith, Tangled web that still leaves worrying loose ends ; The Times & The Sunday Times ; original url: http://www.timesonline.co.uk/article/0,,2087-1715122,00.html ; https://www.thetimes.co.uk/ ; 31 juillet 2005.
  16. (fr) La police britannique aurait identifié le cerveau des attentats de Londres sur lemaroc.org
  17. (fr)voir cet Grande-Bretagne : Le suspect arrêté au Caire nie toute implication dans les attentats de Londres sur interet-general.info
  18. (fr) Attentats de Londres : le chimiste égyptien disculpé sur radio-canada.ca
  19. (fr)Haribou Bangré, « Attentats de Londres : la presse soupçonne un Marocain », Afrik,‎ (lire en ligne)
  20. (en) David Samuels, « The New Mastermind of Jihad A recently freed Islamist thinker has long advocated small-scale, independent acts of anti-Western terror », sur wsj.com, .

Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Documentation

Articles

Photographies