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Des attaques israéliennes en Syrie sont lancées dès l'annonce de la prise de Damas et de la chute du régime d'Assad qui s'en suit les et . Ces attaques prennent plusieurs formes et sont particulièrement localisées dans le gouvernorat de Qouneitra, dans le sud-ouest du pays. Des unités blindées israéliennes avancent dans la zone démilitarisée entre la Syrie et les hauteurs du Golan illégalement occupées par Israël[8] et ciblent la colline de Tel Ayouba dans la campagne centrale, avec des tirs d'artillerie[9],[10]. C'est la première fois en 50 ans que les forces israéliennes traversent la barrière frontalière syrienne, à la suite des accords de cessez-le-feu du 31 mai 1974 au lendemain de la guerre du Kippour[11]. Dans le même temps, l'aviation israélienne lance une campagne de bombardements contre les installations militaires sur l'ensemble du territoire syrien, sous le nom d'opération Flèche du Bashan.
Après la chute de Damas, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, déclare que depuis que l'armée arabe syrienne a abandonné sa position, l'accord de désengagement entre Israël et la Syrie de 1974 s'effondre, et que pour prévenir toute menace possible, il ordonne à Tsahal de reprendre temporairement la Ligne Violette, dont Tsahal s'est retiré en 1974, jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé avec le nouveau gouvernement en Syrie[12],[13].
Au cours de l'offensive, Israël avance à l'intérieur et au-delà de la zone tampon de l'UNDOF, capturant la ville de Qouneitra, ainsi que les villages de Madinat al-Baath, Khan Arnabah, Qatana et le versant syrien du mont Hermon[14]. Parallèlement, l'aviation israélienne effectue plus de 500 frappes aériennes dans l'ensemble du territoire syrien après la chute d'Assad[15], détruisant presque totalement les forces de l'Armée de l'air syrienne[16],[17] et 70 à 80 % des armes stratégiques syriennes[18].
Les Nations unies considèrent que l'accord de désengagement entre Israël et la Syrie de 1974 est toujours en vigueur et que les opérations militaires israéliennes dans la zone démilitarisée en sont une violation. L'ONU juge également contraires au droit international les bombardements israéliens sur la Syrie.
Contexte
Israël occupe la majeure partie du plateau du Golan syrien lors de la guerre des Six jours de 1967[19],[20]. Une zone démilitarisée, ou zone tampon, est placée sous la surveillance de l’ONU après la signature d'un accord de désengagement des armées israéliennes et syriennes en 1974, à la suite de la guerre de Kippour de 1973[19]. Cet accord avait pour but de mettre fin aux affrontements frontaliers continuels entre les deux armées[19]. Les troupes israéliennes avaient alors évacué le mont Hermon (dans son versant syrien)[19]. En 1981 Israël a annexé illégalement le Golan syrien[19]. Cette annexion a été reconnue en 2019 par les États-Unis de Donald Trump en 2019, mais est toujours considérée illégale par les Nations unies.
Offensive terrestre
A la suite à l'avancée de l'opposition syrienne dans le sud, le 6 décembre 2024, Israël renforce la Division 201 (habituellement chargée de veiller sur la frontière israélo-syrienne) et déploie des troupes supplémentaires sur le plateau du Golan[21]. Le lendemain, l'armée israélienne affirme avoir aidé la FNUOD à repousser une attaque[22] près de la ville de Hader(en), non loin de la frontière israélienne[23].
Le 8 décembre 2024, la radio de l'armée israélienne rapporte que des unités blindées israéliennes, dont des chars de combat principaux, traversent la barrière frontalière établie sur les hauteurs du Golan lors d'opérations menées tôt le matin afin de renforcer sa frontière avec la Syrie[24].
De plus l'armée israélienne « prend le contrôle d'un certain nombre de villages et de villes qui entourent le mont Hermon dans la zone démilitarisée, jusqu'à 18 kilomètres de profondeur en territoire syrien », selon RFI[25].
Les médias syriens rapportent que les forces israéliennes ont avancé dans le centre-ville d'al-Baath(en). En outre, l'armée de l'air israélienne renforce considérablement sa présence dans la zone tampon établie.
Le 8 décembre, après l'avancée de l'unité 5101 (Shaldag) des forces spéciales de reconnaissance israéliennes dans le gouvernorat de Qouneitra et du côté syrien du mont Hermon, Netanyahou publie une déclaration affirmant que l'accord de cessez-le-feu de 1974 s'est effondré lorsque les soldats syriens ont abandonné leurs postes sur les hauteurs du Golan, et que la zone doit être occupée « temporairement » pour « garantir qu'aucune force hostile ne s'installe près de la frontière d'Israël »[26]. Lors de la prise de contrôle, l'armée israélienne ordonne aux habitants des villes frontalières de rester à l'intérieur jusqu'à nouvel ordre.
Le , l'armée israélienne commence à envahir le bassin du Yarmouk[27]. Le , elle poursuit son invasion en prenant le contrôle du barrage d'Al-Wehda, qui fournit environ 30 % de l'approvisionnement en eau douce de la Syrie et 40 % de l'approvisionnement en eau douce de la Jordanie[28],[29].
Le , des habitants des villes et villages occupés du bassin du Yarmouk manifestent contre l'occupation israélienne[30]. À Maariya(en), l'armée israélienne ouvre le feu sur des manifestants et en blesse un à la jambe[31].
Bombardements
Du au , l'aviation israélienne annonce avoir effectués près de 480 frappes aériennes sur l'ensemble du territoire syrien[32] contre les installations du programme d'armes chimiques, des dépôts de munitions, des systèmes de défense antiaérienne - 85 % des systèmes de défense aérienne en Syrie ont été anéantis, soit un total de 107 systèmes de défense aérienne et 47 radars selon l'état major israélien le 13 décembre 2024 -[33], des bases aériennes - la totalité des MiG-29 seraient détruit ainsi que les navires à quai de la marine syrienne[34],[35],[36].
Un total de 15 bateaux de la marine syrienne et leurs stocks de missiles antinavires dans les ports de Lattaquié et d'Al Bayda ont ainsi été frappés dans nuit du 9 au 10 décembre 2024[37]. Une dizaine de navires de guerre dont au moins six patrouilleurs syriens de la classe Osa[38] sont endommagés ou détruits a Lattaquié[39].
L'armée de l'air israélienne mène des opérations ciblées contre des installations de stockage d'armes dans le sud de la Syrie pour empêcher qu'elles ne tombent aux mains des forces de l'opposition.
À Izra, deux civils (Hani Saleh Makhlouf et Saleh Ahmed Makhlouf) sont tués et un autre (Ahmed Saleh Makhlouf) brûlé au troisième degré par l'une de ces frappes[40],[41].
Le 11 décembre 2024 l'ONU demande « l'arrêt des frappes israéliennes, contraires au droit international »[25].
Dans la nuit du 15 au 16 décembre, une frappe israéliennes sur des entrepôts d'armes à Tartous provoque une immense explosion et un séisme de magnitude 3 sur l'échelle de Richter[42].
Réactions
Parties concernées
Syrie – Abou Mohammed al-Joulani, le chef de Hayat Tahrir al-Cham, déclare le 14 décembre que « les Israéliens ont clairement franchi les lignes d'engagement en Syrie, ce qui menace d'une escalade injustifiée dans la région ». Il ajoute que « l'état d’épuisement de la Syrie après des années de guerre et de conflits ne permet pas d’entrer dans de nouveaux conflits »[43].
Israël – Le gouvernement israélien affirme qu’il s’agit d’une opération militaire temporaire et que les États-Unis ont été prévenus avant d’intervenir et que « l’État d’Israël n’interfère pas dans le conflit interne en Syrie »[44],[45].
Ligue arabe - elle a exprimé « sa pleine condamnation d'Israël, puissance occupante, pour ses tentatives illégales de profiter des développements internes en Syrie, que ce soit en s'emparant de terres supplémentaires sur les hauteurs du Golan ou en déclarant nul l'accord de désengagement de 1974 ».
France - le ministère des Affaires étrangères « appelle Israël à se retirer de la zone » tampon instaurée entre l’État hébreu et la Syrie, ainsi qu'« au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie »[47]
Les pays arabes dont l'Irak, le Koweït, la Jordanie, la Qatar, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l'Algérie[48], entre autres, ainsi que le Pakistan, condamnent[49].
↑Félix Pennel, « Après avoir détruit la défense aérienne en Syrie, Israël voit « une opportunité » d’attaquer l’Iran », La Voix du Nord, (lire en ligne, consulté le ).