L'armée impériale du Mandchoukouo (en chinois : 満州帝国軍, pinyin : Mǎnzhōu Dìguó Jūn Manchukuo) est la force terrestre de l'empire du Mandchoukouo, contrôlé par le Japon, active de 1932 à 1945. Armée considérée comme illégitime et imposée par nombre de Chinois, elle est victime de nombreuses désertions et révoltes de ses troupes.
Histoire
Exercise militaire de l'armée impériale du MandchoukouoGénéraux de l'armée.Officiers de l'armée
L'armée impériale du Mandchoukouo est formée à partir de ces forces collaborationnistes chinoises après la création de l'État du Mandchoukouo en . Elle est initialement armée par l'équipement et les arsenaux de l'armée du Nord-Est. Comme beaucoup de ces hommes sont des recrues inexpérimentées ou des forces irrégulières, et que beaucoup sont dépendants à l'opium, elle ne forme pas alors une force armée très efficace. En outre, comme beaucoup ne sont que de simples mercenaires désirant seulement combattre pour le camp qui paye le plus, leur fiabilité, si ce n'est leur loyauté, est plus que discutable.
En , une unité de 2 000 hommes déserte sa garnison de Wukimiho, en emportant les armes, et part rejoindre les armées de volontaires anti-japonaises. De même, le 7e de cavalerie se révolte durant la même période. Selon l'un des officiers japonais les plus gradés, la principale origine de l'armement servant à combattre les Japonais et les forces du Mandchoukouo vient de l'armée du Mandchoukouo elle-même, et il y a de nombreux cas où les troupes du Mandchoukouo vont combattre uniquement pour déserter en masse et rejoindre la résistance[1]. La désertion la plus célèbre est celle du général et ancien ministre de la Guerre du Mandchoukouo, Ma Zhanshan, en dans le Heilongjiang avec plusieurs milliers d'hommes et de nombreuses pièces d'artillerie.
Durant ses premières années, l'armée impériale du Mandchoukouo est organisée en sept armées provinciales (une pour chaque province), pour un total de 111 000 hommes. Une brigade de cavalerie est créée pour fournir de garnison à la capitale Hsinking, et la garde impériale du Mandchoukouo est créée en à partir d'hommes d'ethnie mandchoue car cette unité est destinée à protéger l'empereur Puyi en personne et ses hauts officiers.
En , de nouvelles règles statuent que seuls les officiers ayant été entrainés dans les écoles approuvées par le gouvernement du Mandchoukouo ont la permission de servir dans l'armée impériale du Mandchoukouo. Cela fait partie d'une stratégie pour purger les anciens de l'armée du Nord-Est, considérés comme peu fiables, et améliorer les standards et la formation de l'armée tout entière. C'est également une première étape dans la tentative de mettre fin à la tradition des seigneurs de guerre, c'est-à-dire que les généraux à la tête des armées provinciales voient dans leur zone de commandement un fief privé destiné uniquement à leur enrichissement personnel.
En , des académies militaires sont ouvertes à Mukden et Hsinking.
Uniformes
Orchestre de l'armée du Mandchoukouo.La combattante et espionne Yoshiko Kawashima en uniforme de général.
À ses débuts, l'armée impériale du Mandchoukouo a un grave problème d'uniformes car ceux-ci ne se différencient pas de celui des forces anti-japonaises et des bandits et ne se distinguant de leurs adversaires que par le port d'un brassard jaune et d'une étoile à cinq branches - reprenant les couleurs du drapeau de la république - sur les coiffures[2].
Ce souci est rectifié en , avec de nouveaux uniformes inspirés de ceux de l'armée japonaise, avec un code de couleur sur leurs cols : noir pour la police militaire, rouge pour l'infanterie, vert pour la cavalerie, jaune pour l'artillerie, marron pour le génie, et bleu pour le transport.
En , elle adopta un nouvel uniforme kaki similaire à celui de l'armée japonaise avec un système de grades particuliers au col des vestes. Quelques casques japonais furent distribués mais la coiffure sera en général le képi ou la casquette de toile de coton.
Armes
L'armée impériale du Mandchoukouo hérite à sa création d'un agglomérat d'armes venant des anciens arsenaux du Kuomintang, ce qui créé d'énormes problèmes de maintenance et d'approvisionnement. Par exemple, il y avait 26 types de fusils et plus de 20 types de pistolets en utilisation en .
En , 50 000 carabines Type 38 sont importées du Japon et les mitrailleuses sont remplacées deux ou trois ans plus tard. Au début de la guerre du Pacifique, l'armement de l'armée impériale du Mandchoukouo est pratiquement identique à celui de l'armée japonaise. Des pistolets Mauser sont utilisés par les soldats et des Browning GP et des Colt M1911 par les officiers.
Un arsenal militaire est créé au Fengtian pour produire des fusils, des mitrailleuses et de l'artillerie. Les munitions et les armes de petit calibre sont commandées à des usines privées du Mandchoukouo.
Armes de l'infanterie
Liste des armes standard de l'infanterie en usage dans l'armée impériale du Mandchoukouo :
Après avoir subi les unités blindées soviétiques à la Bataille de Khalkhin Gol, entre autres, il est surprenant que plus d'initiatives n'aient pas été prises dans le développement de véhicules blindé par les Japonais et les forces du Mandchoukouo. Ces-dernières disposaient de plusieurs automitrailleuses construites par Isuzu du Type 93 Sumida et modifiées par la compagnie d'automobiles Dōwa au Mandchoukouo. À partir de , quelque dix petites chenillettes (Type 94 Te-Ke) furent transférées des forces japonaises à l'armée du Mandchoukouo pour former une brigade blindée. Durant la guerre, une version mandchoue du char léger Type 95 Ha-Go est utilisée dans les centres de formation, mais n'est pas déployée sur le terrain.
Division
En 1932
Armoiries du Mandchoukouo
Liste des divisions de l'armée impériale du Mandchoukouo à ses débuts[3] (elle compte 111 044 hommes) :
En , l'armée impériale du Mandchoukouo est réorganisée[4] en cinq armées de district, chacun divisés en deux ou trois zones. Chaque zone a une ou deux brigades mixtes assignées, ainsi qu'une unité de formation. Les brigades mixtes sont formées d'un ou deux régiments, d'un régiment de cavalerie et d'une compagnie d'artillerie ou de mortiers, pour une force de 2 414 hommes et 817 chevaux (dans deux unités d'infanterie) ou 1 515 hommes et 700 chevaux (dans une seule unité d'infanterie). Les brigades de cavalerie sont formées de trois régiments de cavalerie et d'une compagnie d'artillerie ou de mortiers, pour une force de 1 500 hommes et 1 500 chevaux.
L'effectif total de l'armée impériale du Mandchoukouo à ce moment est de 72 329 hommes. La nouvelle organisation se fait ainsi :
1re armée de district « Fengtian » - Général Yu Chih-shan (12 321 hommes)
6 brigades mixtes
2e armée de district « Kirin » - Général Chi Hsing (13 185 hommes)
4 brigades mixtes, 3 brigades de cavalerie
3e armée de district « Qiqihar » - Général Chang Wen-tao (13 938 hommes)
5 brigades mixtes, 1 brigade de cavalerie
4e armée de district « Harbin » - Général Yu Cheng-shen (17 827 hommes)
8 brigades mixtes, 1 brigade de cavalerie
5e armée de district « Chengde » - Général Zhang Haipeng (9 294 hommes)
3 brigades mixtes, 1 brigade de cavalerie
Unités indépendantes :
Armée de l'est Hingganling
Armée de l'ouest Hingganling
Armée du nord Hingganling
Armée du sud Hingganling
Armée de Seian
1re brigade de cavalerie de Xingjing
Flotte fluviale
Organisation de 1944
En , les effectifs de l'armée impériale du Mandchoukouo sont montés à plus de 200 000 hommes d'après les services de renseignements soviétiques, qui rapportent que l'armée est composée des unités suivantes[5] :
1re division (trois régiments d'infanterie, un régiment d'artillerie)
1re brigade de garde (deux régiments d'infanterie of deux bataillons, une compagnie de mortiers)
1re division de cavalerie (deux brigades de cavalerie, un bataillon d'artillerie montée)
10 brigades d'infanterie (deux régiments d'infanterie of deux bataillons, une compagnie de mortiers)
six brigades de cavalerie (deux régiments de cavalerie, une batterie d'artillerie montée)
21 brigades mixtes (un régiment d'infanterie, un régiment de cavalerie, une batterie d'artillerie de montagne)
Ian V. Hogg et Weeks, John, Military Small Arms of the 20th Century, Arms & Armour Press / Hippocrene, (ISBN978-0-85368-301-8).
Philip Jowett, Rays of the Rising Sun, Volume 1 : Japan's Asian Allies 1931-45, China and Manchukuo, Helion and Company Ltd., , 139 p. (ISBN978-1-874622-21-5).
Philip Warner, Japanese Army of World War II, Osprey Publishing, , 50 p. (ISBN978-0-85045-118-4).