Amos Oz est né à Jérusalem où il grandit rue Amos dans le quartier de Kerem Avraham. Il est le fils unique[2] de Yehuda Arieh Klausner et Fania Mussman, des immigrants sionistes d'Europe de l'Est fuyant l’antisémitisme grandissant. Son père avait étudié l'histoire et la littérature à Vilnius. Ses parents émigrent en Palestine mandataire au début des années 1930. Son père travaille comme bibliothécaire à Jérusalem et sa mère donne des leçons d'histoire et de littérature. Klausner décrit sa famille comme pauvre[2]. Sa grand-mère maternelle possédait un moulin à Rivne en Pologne de l'Est (actuelle Ukraine), mais était venue à Haïfa en 1934.
Amos Oz et sa famille ont toujours entretenu une certaine distance à la religion dont ils méprisaient l'irrationalité.
Sa mère se suicide alors qu'il a douze ans. Cet événement est à l'origine de la série d'interrogations qui figurent dans son livre Une histoire d'amour et de ténèbres. « Jusqu'à l'âge de 12–13 ans, j'étais fanatique et militariste, je croyais en la force militaire, j'aimais le slogan de Vladimir Jabotinsky, leader de la droite nationaliste : « “Dans le sang et le feu, Israël est tombé. Dans le sang et le feu, Israël se relèvera” »[3] ».
Amos Oz, sioniste de plus en plus séduit par la gauche, rejoint le kibboutz de Houlda à l'âge de quinze ans. C'est à cette époque qu'il adopte le nom d'« Oz » qui signifie « force » en hébreu. C'est à Houlda qu'il commence à écrire, et qu'il gagne progressivement le droit de consacrer quelques journées par semaine à ses livres. Il demeure au kibboutz jusqu'à ce que sa femme Nily et lui s'installent à Arad, dans le nord du désert du Néguev, en 1986 en raison de l'asthme de leur fils Daniel(he).
À la fin des années 1950, Amos Oz sert dans Tsahal, unité Nahal, et se trouve confronté aux escarmouches à la frontière syrienne.
Après Nahal, Amos Oz étudie la philosophie et la littérature hébraïque à l'université hébraïque de Jérusalem. En dehors de courts articles dans les bulletins des kibboutzim et le journal Davar, il ne publie rien avant l'âge de 22 ans. Il commence à publier ses premiers récits, en 1965. Son premier roman est publié en 1966. Dès lors, il se met à écrire sans discontinuer, publiant une moyenne d'un livre par an sur les presses du parti travailliste, Am Oved, qu'il quitte finalement, en dépit de ses affiliations politiques, pour Keter(de). Pendant la Guerre des Six Jours, en 1967, il sert dans une unité de tanks dans le Sinaï et, lors de la Guerre du Kippour de 1973, il est affecté sur le plateau du Golan.
Le , il meurt des suites d'un cancer à 79 ans, et est qualifié à cette occasion de « Gloire » des écrivains d'Israël par le présidentReuven Rivlin[6],[7].
Dans son autobiographie Quelque chose déguisé en amour (דבר שמתחפש לאהבה) publiée en , sa fille Galia Oz(he) relate les violences familiales (coups, menaces, humiliations) dont elle et sa mère Nili auraient fait l'objet[8],[9]. Les deux autres enfants d'Amos Oz, Fania et Daniel, ainsi que sa femme Nili, répondent en parlant de souvenirs très différents de ceux de Galia et de l'amour que l'écrivain leur a montré toute sa vie[10].
Politique
Amos Oz compte parmi les intellectuels les plus influents en Israël. Il fut l'un des premiers à plaider en faveur de la séparation en deux États comme solution au conflit entre les Israéliens et les Palestiniens après la Guerre des Six Jours[11].
Amos Oz a longtemps été proche des travaillistes et de leur dirigeant Shimon Peres. Dans les années 1990, il retire son soutien au parti travailliste et se rapproche de la gauche, du Meretz, où il entretient des liens avec Shulamit Aloni, et appelle à voter pour le Meretz lors des élections à la Knesset en 2003.
En , l'écrivain annonce qu'il rallie le parti « Nouveau Mouvement » ou Hatnua HaHadasha, un parti de gauche dirigé par Haim Oron qui cherche à contrer le Likoud (droite nationaliste), dirigé par Benjamin Netanayahou, en vue des élections de . Le parti fusionne avec le Meretz peu après[15],[16],[17].
Regard sur l'œuvre
Amos Oz a écrit 18 ouvrages en hébreu, et près de 450 articles et essais. Ses œuvres sont traduites en trente-neuf langues.
Tournée vers l'exploration des êtres, de leurs espoirs et de leurs déceptions, de leurs relations souvent complexes, parfois frustrées, l'œuvre d'Amos Oz obéit surtout à un principe qui consiste à tenter, par l'écriture, de se mettre à la place d'autrui, pour mieux le comprendre. Amos Oz a souvent dépeint les relations de couple, l'amitié, les liens du voisinage, dans des lieux comme Jérusalem, ou le kibboutz, autant de prismes au travers desquels il cherche à envisager l'humanité dans son ensemble.
Adepte de la forme brève de la nouvelle, qu'il a souvent illustrée dans ses textes, Amos Oz revendique volontiers l'héritage de l'écrivain américain Sherwood Anderson. Comme chez ce dernier, ses nouvelles sont généralement liées les unes aux autres, Le terme de « roman en nouvelles » a parfois été indiqué par Amos Oz pour définir une forme qu'il affectionne[18].
Amos Oz milite pour une lecture lente de la littérature, qui permet de retrouver ce qu'il appelle un bonheur tranquille. Plutôt que la dissection et l'analyse à outrance du texte, il encourage la recherche du simple plaisir de la lecture et la bonne compréhension du texte, notamment par la participation active du lecteur au contrat introductif du début de chaque livre[19].
Prix et distinctions
Sa carrière est jalonnée par l'obtention de quelques-uns des prix et distinctions les plus prestigieux en Israël et dans le monde, notamment :