En 1980, il se lie d'amitié avec Manuel Valls (dont il est le parrain du deuxième fils) et avec Stéphane Fouks qu'il rencontre à Tolbiac. Il partage avec eux un engagement politique en faveur de Michel Rocard[2].
Sur le même thème, à la suite de cette nomination, une tribune publiée dans Le Monde remet fondamentalement en question le travail d'Alain Bauer dans le domaine de la criminologie. Michel Lallement, sociologue du travail au CNAM, Christine Lazerges, juriste à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Philip Milburn, sociologue à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines affirment ainsi : « Les publications signées par M. Bauer sont contestées par tous les spécialistes reconnus, psychiatres, psychologues, juristes et sociologues de la déviance et des questions pénales. La liste des critiques est saisissante. » Ils étayent leur affirmation en établissant une liste d'erreurs méthodologiques[11].
Alain Bauer répond le même jour dans ce journal et sur son site web[14] que ces attaques personnelles sont pour lui basées sur des motifs « plus militants et politiques que scientifiques ».
Il soutient sa thèse de doctorat en droit : Crime et criminologie : une archéologie juridique, politique et sociale, sous la direction de Christian Vallar, le à l'université Côte d'Azur[15].
Conseil
Alain Bauer a été président de AB Associates[16], société de conseil en sécurité et gestion des crises, créée en 1994, jusqu'en . La société a été dissoute le [17].
Concernant les activités de conseil d’Alain Bauer pour le groupe Renault-Nissan, pour lesquelles il aurait perçu plus de 200 000 euros par an, des médias s’interrogent sur plusieurs points : lien avec Carlos Ghosn, circuits et sources des financements, relations auprès de personnages politiques de premier plan[18],[19].
Nommé président de la commission sur le contrôle des fichiers de police, il a publié deux rapports sur le sujet en 2006[22],[23] et 2008[24]. Il a également été rapporteur du groupe de travail sur la police de sécurité quotidienne, proposant une organisation plus cohérente des services sur le territoire national[réf. souhaitée].
Le président de la République Nicolas Sarkozy et le Premier ministre François Fillon lui ont demandé de diriger une mission pour le rapprochement des instituts de formation, de recherche et d'analyse des questions de sécurité et stratégiques en . En cette qualité, il a prôné, avec Michel Rocard[25], la présidentialisation des questions de sécurité en soutenant la création d'un Conseil national de sécurité, sur un modèle différent de celui des États-Unis. Par ailleurs, il a dirigé le groupe de pilotage chargé de la fusion IHEDN/CHEAR et INHES/IERSE[26] et de la création d'un Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques le [27], chargé de mutualiser les crédits de recherche et de les réorienter sur l'université (et non plus sur les organismes privés tels que l'IFRI). Il préside le CSFRS depuis . Il est chargé en avec le Préfet de Police Michel Gaudin, de la rédaction du Livre Blanc de la Sécurité Publique.
Il est nommé, par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, membre du collège du Conseil national des activités privées de sécurité, organisme public placé sous la tutelle du ministre de l'Intérieur[28], dont il est élu président en . Il est réélu en 2015. Son mandat expire fin 2017, peu avant la publication par la Cour des comptes d'un rapport sévère avec le CNAPS. La Cour s'inquiète que plus de neuf demandes sur dix d'exercer soient satisfaites, doute de la fiabilité des enquêtes administratives préalables et déplore la faible assiduité de certains de ses dirigeants et plusieurs cas de conflits d'intérêts. Elle regrette que moins du tiers des sanctions financières infligées entre 2012 et 2016 aient été recouvrées et que les signalements au parquet demeurent quasi nuls même pour des faits graves, ce qui laisse le secteur de la sécurité dans une situation anarchique[29].
Il démissionne de la présidence du conseil d'orientation de l'ONDRP et du groupe de contrôle des fichiers de police et de gendarmerie en 2012.
Engagement politique
Ancien dirigeant de l'UNEF-ID, puis conseiller auprès du Premier ministre Michel Rocard de 1988 à 1990, Alain Bauer possède de nombreux liens avec des responsables du Parti socialiste, dont Jean-Christophe Cambadélis, Jean-Jacques Urvoas, Manuel Valls ou d'autres dirigeants et anciens militants de la MNEF, dont il était administrateur minoritaire[30].
Selon le quotidien de gauche L'Humanité, Alain Bauer passe « de gauche à droite dans les années 1990 », avant de se rapprocher de Nicolas Sarkozy dans les années 2000[31].
A l'approche des JO de Paris, il déclare dans l’émission C dans l’air sur France 5 que « La cérémonie d’ouverture des Jeux est une folie criminelle » en pointant un manque de sécurité pour les athlètes et le public[32]. Il détaille ses inquiétudes à la vue des tensions que provoque l'accumulation de conflits externes et des tensions sociales internes du moment. Ses craintes se portant particulièrement sur la cérémonie d'ouverture des jeux et le défiler de péniche, qualifié de « folie » par le préfet de Paris et de « pari inutile » par lui-même[33].
À l'issue de la cérémonie des Jeux paralympiques qui clôture les Jeux de Paris 2024, devant le constat qu'aucun incident majeur n'est venu perturber l'événement mondial, il évoque ces propos dans un interview, comme étant ceux d'un représentant « de tous ceux (...) qui étaient terrorisés par l'insouciance dans laquelle cette cérémonie se préparait »[34]. Le directeur de la création de Paris 2024, Thierry Reboul, évoque cette réaction sur BFM TV, la trouvant consternante et estimant que le plus approprié aurait été de s'excuser en constatant l'erreur d'analyse et de propos divulguée par Alain Bauer. Tout en appelant à tirer l'enseignement de cette épisode ou l'optimiste a pris le pas selon lui, sur le pessimisme ambiant[35].
Affaires judiciaires
Affaire Clearstream 2
En , ses bureaux sont perquisitionnés dans le cadre de l'affaire Clearstream 2. Les enquêteurs sont à la recherche d'éléments sur les informations qu'il aurait découvertes sur le corbeau présumé de l'affaire, Jean-Louis Gergorin[36].
Accusation de détournement de fonds publics
Dans un article du site Mediapart daté du , Laurent Mauduit dénonce certains faits. Alain Bauer aurait profité de contrats de complaisance avec la Caisse des dépôts et consignations sans passer par la procédure obligatoire d'appel d'offres en marché public et pour des notes de conseil jugées par l'auteur sans intérêt. Plusieurs milliers d'exemplaires du guide gastronomique Champérard, contrôlé à 50 % par le criminologue, ont aussi été achetés par la CDC, selon cette même source[37]. Le site Mediapart publie par ailleurs la note que produit en réponse Alain Bauer. À la suite de ces révélations, une enquête préliminaire est ouverte, notamment pour « abus de biens sociaux » et « détournement de fonds publics » par le parquet financier. Dans le cadre de cette enquête, les locaux du groupe Aéroport de Paris (ADP) ainsi que son domicile sont perquisitionnés le [38]. Ces investigations ont finalement dévoilé six contrats de prestations de service conclus avec la CDC ou la CDC internationale et AB conseil entre 2008 et 2012 pour un montant de 925 000 euros, quatre commandes à la société Champerard pour un montant total de 333 596 euros, et deux contrats conclus par ADP avec X Diagnostic (30 000 euros) et AB Conseil (89 700 euros). Alain Bauer sera ainsi jugé pour recel de favoritisme et de détournement de fonds publics[39]. D'abord prévu en mars 2024, le procès est finalement reporté en raison de l'état de santé de l'un des avocats des prévenus. Il se déroulera du 25 novembre au 2 décembre 2024[40].
Affaire Lafarge
Dans l’enquête judiciaire qui implique le groupe Lafarge pour, notamment, financement d’une entreprise terroriste en Syrie, le rôle d’Alain Bauer pose question selon le journal L’Express[41]. Alain Bauer a travaillé pour Lafarge entre 2007 et 2014 et a produit des renseignements dont certains concernent l’usine du site syrien de Jalabiya.
Contrat Renault-Nissan
Une enquête est ouverte en au sujet des contrats qui le lient à Renault-Nissan. L'entreprise, à l'origine de la plainte, explique que « la réalité de ses travaux n’a jamais été démontrée » et soupçonne son ancien PDG Carlos Ghosn d'avoir utilisé sa position pour faire profiter ses proches[42],[43]. Alain Bauer est placé sous statut de témoin assisté dans le cadre de l'instruction[44].
Franc-maçonnerie
Alain Bauer est membre du Grand Orient de France, conseiller de l'ordre et adjoint de Philippe Guglielmi de 1996 à 1999, puis grand maître de 2000 à 2003, avant de démissionner de toutes ses responsabilités nationales en 2005, après que des reproches lui ont été faits quant à ses prises de parole médiatiques[45].
Le journal L'Express, dans un reportage de janvier 2011, dresse un portrait mettant en avant son besoin de reconnaissance et son manque de modestie[46]. La journaliste y relate la critique d'un autre grand maître — l'avocat parisien Jean-Michel Quillardet — lui reprochant de médiatiser sa personne : « Il a été un bon grand maître, très actif, mais son ego surdimensionné l'a incité à médiatiser autant sa personne que l'obédience. Prenez le Dictionnaire amoureux de la franc-maçonnerie, qu'il vient de publier : dans ce domaine, il semblerait qu'il y ait eu peu de choses avant lui et… rien après. ». Cette critique interne à la franc-maçonnerie adressée à Alain Bauer n’est pas la première, ce qui l’a amené à démissionner de l’obédience[47],[48].
Critiques
En 1999, le sociologue Laurent Mucchielli publie un article, repris par l'Université du Québec à Chicoutimi intitulé Expertise ou supercherie sur les « violences urbaines »[49] qui critique l'ouvrage d'Alain Bauer et Xavier Raufer : Violences et insécurités urbaines[50].
En 2002, Jean-Philippe Melchior présente un ouvrage de Philippe Engelhard, La Violence de l'histoire, dans les colonnes de la revue de sociologie Esprit critique. Il y est rapporté les chiffres et les analyses « contestables et douteux » d'Alain Bauer, ainsi que le conflit d'intérêts entre ses missions publiques et son métier de consultant en sécurité[51],[52].
Le sociologue Laurent Bonelli a reproché à Alain Bauer et Xavier Raufer d'affirmer notamment dans La Guerre ne fait que commencer[53] qu'« à partir de ces zones de non-droit inaccessibles aux forces de l’ordre et grouillant d’armes de guerre, assurer la logistique d’un réseau terroriste est stricto sensu un jeu d’enfant[54] ».
En 2003, Alain Bauer reçoit un Big Brother Award de la part de l'association Privacy International pour l'ensemble de son œuvre. Ce prix concerne des « sociétés ou personnes s'étant distinguées par leur mépris du droit fondamental à la vie privée ou par leur promotion de la surveillance et du contrôle des individus ». Alain Bauer réagit à l'attribution de ce prix de la façon suivante : « J'ai un mépris amusé pour ce genre de tribunal populaire à sens unique où il ne m'a jamais été donné l'occasion de me défendre. On fait de moi un défenseur de la tolérance zéro alors que j'ai toujours écrit l'inverse, encore faut-il savoir lire[55]. »
Le sociologue Mathieu Rigouste a dénoncé, dans Les Marchands de la peur, son rôle dans la promotion d'une idéologie sécuritaire au sein du PS[56].
Le journaliste Jean-Paul Guilloteau, dans un article de L'Express sur Alain Bauer, écrit que : « Même ses amis le disent, la modestie ne l'étouffe pas [...] ». Ils raillent gentiment sa propension à évoquer sa dernière conversation avec le président ou le secrétaire général de l'Élysée ou à s'éclipser d'un dîner pour cause de visio-conférence avec le chef de la police de New York, Ray Kelly. « Il adore se mettre en scène », pointe le député socialiste Jean-Jacques Urvoas, qui le côtoie depuis trente ans »[57].
Selon Alizée Vincent du site Arrêt sur images, Alain Bauer se fait fréquemment inviter dans les médias pour parler de terrorisme, et s'y fait présenter comme un « expert » : or, selon la rédactrice de l'article, il n'a jamais travaillé directement sur ce sujet, et n'y possède aucune qualification professionnelle[58].
Avec Jean-Claude Rochigneux, Questions à l'étude des loges dans les obédiences de la franc-maçonnerie française, Éditions maçonniques de France, coll. « Réponses maçonniques », , 175 p. (ISBN978-2-84721-039-2).
Avec Xavier Raufer, L'Énigme Al Qaïda, éditions Jean-Claude Lattès, , 280 p. (ISBN978-2-7096-2743-6).
Avec Christophe Soullez, Fichiers de police et de gendarmerie : Comment améliorer leur contrôle et leur gestion ?, Paris, la Documentation Française, coll. « Rapports officiels », , 151 p. (ISBN978-2-11-006454-7).
Avec Roger Dachez, Les Mystères de Channel Row, Paris, éditions Jean-Claude Lattès, coll. « Crimes et Loges », , 322 p. (ISBN978-2-7096-2852-5).
Avec François Freynet, Vidéosurveillance et Vidéoprotection, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », , 128 p. (ISBN978-2-13-056728-8).
Avec Roger Dachez, Comment vivre au temps du coronavirus ? : un manuel pour comprendre et résister, Paris, Les éditions du Cerf, , 359 p. (ISBN978-2-204-14203-8 et 2204142034).
Avec Alexis Deprau et Gilles Ferragu, Juger les terrorismes. Regards croisés de la criminologie, du droit et de l'histoire, éditions du Cerf, avril 2024 (ISBN9782204151849)
↑Alain Bauer, « Du crime et de la criminologie en France », sur AB Associates, Le Monde, : « Au-delà du côté excessif des attaques personnelles, le sort de la criminologie m'apparaît beaucoup trop important pour que le processus lancé soit interrompu par une campagne basée sur des motifs plus militants et politiques que scientifiques. ».
↑Notamment dans les chapitres 7, 8 et 9 de La machine à punir : Pratiques et discours sécuritaires sous la direction de Laurent Bonelli et Gilles Sainati, Éditions l'Esprit Frappeur, Paris 2001, 320 pages (ISBN978-2-84405-211-7).
Mathieu Rigouste, Les Marchands de peur : La bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire, Paris, Libertalia, , 160 p. (ISBN978-2-918059-18-9, lire en ligne) — Ce texte est extrait du livre : Les marchands de peur, paru aux éditions Libertalia, 2011. Il est repris dans Mathieu Rigouste, Alain Bauer et le consortium de la peur : Itinéraire d’un marchand de peur, 18 mars 2012, site lmsi.net.
Robert Cario, Martine Herzog-Evans et Loïck Villerbu, universitaires et anciens membres de la Commission nationale de la criminologie, « L'émergence indispensable de la criminologie à l'université », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )