Pour les articles homonymes, voir Abbaye Notre-Dame et Bonneval.
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L'abbaye Notre-Dame de Bonneval est une abbaye cistercienne fondée en 1147, située sur la commune française du Cayrol dans le département de l’Aveyron, ainsi que dans le diocèse de Rodez.
Des bâtiments primitifs, vendus comme bien national à la Révolution française, restent une partie de l'église, les bases des bâtiments claustraux, quelques pièces (sacristie, celliers, ancienne infirmerie, pièces autour du cloître), les pavillons d'entrée avec une statue de la Vierge à l'Enfant datant du XIIe siècle, le système d'adduction et d'évacuation des eaux, et les remparts (XIVe – XVIe siècle). Il est possible toute l’année de voir les pavillons, les remparts, l’église ; le reste ne se visite pas, toujours habité par une communauté de cisterciennes-trappistines.
L'abbaye Notre-Dame de Bonneval a été fondée en 1147 par l'abbaye cistercienne de Mazan (en latin Mansiade, diocèse de Viviers, Ardèche) à l'initiative de Guillaume de Calmont d'Olt, évêque de Cahors. Guillaume mit à la disposition de Pierre II (évêque de Rodez), ses terres de Pussac et de Barrugues pour y établir des religieux. Pierre s'adressa alors à l'abbé de Mazan, qui envoya la première colonie cistercienne.
Rapidement, les dons et les candidats affluent. Bonneval devient une des plus importantes abbayes du Rouergue qui possède des granges, grandes fermes souvent éloignées de l'abbaye, tenues par des frères convers sous la direction d'un « grangier ». Fortifiées au moment de la guerre de Cent Ans, plusieurs d'entre elles ornent encore le paysage régional. Administrées au XIIe siècle par environ 450 religieux, ces granges étaient au nombre de douze au XIIIe siècle :
Après la peste noire au milieu du XIVe siècle, la guerre de Cent Ans affecte durement le Rouergue, donné aux Anglais par le Traité de Brétigny (1360). L'abbaye est pillée, mais bénéficiera par la suite de lettres de sauvegarde du chef des armées anglaises, le Prince de Galles[4]. Au cours des siècles suivants, les guerres de Religion puis les troubles populaires suscités au début du XVIIe siècle par le rattachement du comté de Rodez au Royaume de France seront à nouveau causes de difficultés pour l'abbaye.
Au XVIIe siècle et jusqu'à la Révolution, Bonneval sert de noviciat régional : c'est à l'abbaye que doivent être formés tous les novices des abbayes cisterciennes du Sud-Est. De fait, l'abbaye est tenue pour fervente et régulière[5]. De nombreux moines sont formés au collège des Bernardins de Paris ou de Toulouse[6]. Le dernier abbé régulier, par exemple, Jean-Aymar Frayssinous, était « docteur en Sorbonne, lecteur, régent et professeur royal de théologie à l’Université de Toulouse »[7]. Mais le régime de la commende, imposé à Bonneval dès 1473[Note 2] altère la vie de la communauté sur tous les plans : économie, recrutement, régularité de la vie monastique. Cependant Bonneval semble avoir eu la chance de ne pas tomber totalement dans la décadence fréquente des établissements religieux de l'époque : à la fin du XVIIIe siècle, quand la commission des réguliers décrit la vie monastique en France, Bonneval fait partie des cinq seules abbayes cisterciennes à recevoir des éloges[8]. En effet, les moines continuaient à célébrer l'office, à suivre la règle et les us de l'Ordre[9] et ils faisaient des aumônes - même si on est en droit de s'interroger sur la façon dont ces aumônes s'effectuaient car elles ne représentaient qu'une petite part des revenus que les moines percevaient sur la population alentour : droits de fermage, droits seigneuriaux, dîme[Note 3]. On était loin de l'esprit des premiers cisterciens, et de saint Benoît qui affirmait : ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains[10].
Au moment de la Révolution, les treize moines présents sont chassés de l'abbaye en 1791. L'abbaye est alors découpée en lots et vendue comme bien national. Les bâtiments servent de carrière de pierres. La façade du XVIIIe disparaît en grande partie mais les parties plus anciennes, construites en schiste, intéressent moins les démolisseurs.
En 1875, à la demande du cardinal Bourret évêque de Rodez, les cisterciennes de Notre-Dame de Maubec (Drôme, aujourd'hui Blauvac dans le Vaucluse) envoient une petite colonie de sœurs pour faire renaître Bonneval, avec l'aide de moines d'Aiguebelle. Parmi eux, le Père Emmanuel Bernex apporte une aide précieuse, notamment en communiquant aux sœurs les recettes de fabrication du chocolat utilisées à Aiguebelle, et en faisant installer sur la rivière (la Boralde Flaujaguèse) une turbine électrique dès 1881. Il sera ensuite abbé de Bonnecombe, autre ancienne abbaye cistercienne en Rouergue. Cette installation électrique sera d'ailleurs la première dans la région. Actuellement, un barrage et des turbines modernes, appartenant à l'abbaye, fonctionnent toujours.
En 1902, Bonneval fonde au Canada, à Saint-Romuald, Notre-Dame du Bon Conseil. Ce monastère, autonome en 1924, s'est transféré en 2002 à Saint-Benoît-Labre (Québec).
En 2020, les sœurs sont au nombre de 21, dont l'âge se situe entre 29 et 98 ans[11]. Comme il est d'usage chez les cisterciens, elles joignent le travail à la prière, notamment en produisant depuis 1878 un chocolat[12] qui contribue à la renommée gastronomique de la région. La journée cistercienne s'équilibre en effet selon la règle de saint Benoît (VIe siècle) entre prière liturgique et personnelle, lecture (la lectio divina, lecture priée de l'Écriture ou d'ouvrages spirituels) et travail.
Abbesses[13]
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