L’Œuvre de secours aux enfants (OSE) est une association destinée au secours des enfants et à l'assistance médicale aux Juifs persécutés. Elle a secouru plusieurs milliers d'enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Histoire
L'ancêtre de l’OSE est créée en 1912 à Saint-Pétersbourg (Empire russe), essentiellement par des médecins, pour aider les populations juives défavorisées. Elle se nomme alors Société pour la protection sanitaire de la population juive, en russeОбщество Здравоохранения Евреев (Obshchetsvo Zdravookhraneniya Yevreyiev), en abrégé ОЗЕ (OZE)[1].
En 1923, l'union OZE fédère 30 200 membres de 101 sections réparties en France, en Angleterre, aux États-Unis et en Europe de l'Est. Albert Einstein en devient le président d'honneur[2]. L'organisation se nomme alors Union OSE des sociétés pour la protection des populations juives ou, en anglais, OSE World Union[3].
En 1933, l'OSE fuit le nazisme et se réfugie en France, où elle devient l'Œuvre de secours aux enfants, OSE ; son siège est resté depuis lors à Paris. Elle est obtient le statut d'association 1901 le 8 août de la même année mais souhaite conserver son caractère international. Un comité d'honneur facilite le soutien de l'élite gouvernementale, présidé notamment par Justin Godart, même s'il n'intervient pas directement dans le fonctionnement de l'organisation[4]. Celle-ci ouvre ses premières maisons en région parisienne pour accueillir les enfants juifs fuyant l'Allemagne et l'Autriche, puis très vite les enfants résidant en France. Lors des années 1930, une délégation fixée à Genève pour la coordination des activités internationales tandis que le comité parisien instaure OSE-France[5].
Restée à Paris autour d'Eugène Minkowski, une partie de l'OSE crée un réseau de patronages qui traversera toute la Seconde Guerre mondiale. Ses maisons d'enfants hébergent jusqu'à 1 349 enfants au printemps 1942. L'OSE participe à la mise en place du dispositif d'émigration de 311 enfants juifs vers les États-Unis via Lisbonne[7]. À partir des rafles de l'été 1942, notamment la rafle du Vélodrome d'Hiver, quand Minkowski donne comme mot d'ordre « Sauvons les enfants et dispersons-les », l'OSE organise clandestinement le sauvetage des enfants menacés de déportation et en sauve plus de 5 000. Ce réseau prend ensuite le nom de « Circuit Garel » quand Georges Garel en prend la direction[8].
À la Libération de la France en 1945, l'OSE est chargée de plus de 2 000 enfants devenus orphelins, dont 426 rescapés du camp de Buchenwald, hébergés à la maison d'Écouis[9]. L'une de ses missions est également de retrouver et d'identifier les enfants dispersés et de les renvoyer vers leurs familles si possible[10].
De 1945 à 1958, l'OSE se restructure en édifiant un service social d'aide destiné aux familles israélites nécessiteuses[11]. Dans les années 1960, l'OSE perpétue sa mission d'accueil et de protection sanitaire des populations juives en difficulté en prenant en charge les enfants exilés d'Égypte et d'Afrique du Nord ainsi que leurs familles.
L'entrée du service social de l’OSE dans le milieu ouvert, par distinction avec les internats, s'est d'abord effectuée à titre expérimental entre 1955 et 1957, avant les réformes de 1958-1959. L'assistante sociale Vivette Samuel construit un service précurseur dans ce domaine[12].
L'action actuelle de l'OSE repose sur trois pôles :
Association régie par la loi de 1901, l'OSE est reconnue d’utilité publique depuis 1951. En 2017, dans le cadre des Grands Prix des Fondations de l'Institut de France, elle reçoit avec deux autres associations le prix humanitaire Louis D.[13].
Michèle Becquemin (avec la collaboration, de Françoise Cattanéo, Sarra Chaïeb et Claire Cossé), Une institution juive dans la République : l'Œuvre de secours aux enfants, Paris, Pétra, coll. « Éducation, art du possible », , 344 p. (ISBN978-2-84743-058-5).
Sabine Zeitoun, Histoire de l'OSE : De la Russie tsariste à l'Occupation en France (1912-1944) - L’œuvre de Secours aux Enfants du légalisme à la résistance, (2e édition revue et augmentée), L'Harmattan 2012. (ISBN978-2-296-99140-8) Présentation
Michèle Allali et al., Une mémoire pour le futur : 90 ans de l'OSE, Paris, Somogy éditions/ Œuvre de secours aux enfants, , 158 p. (ISBN2-85056-688-8).
Renée Poznanski, « Œuvre de secours aux enfants », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, éditions Robert Laffont, 2006, page 199.
Katy Hazan et Georges Weill, « L'OSE et le sauvetage des enfants juifs », dans Jacques Sémelin, Claire Andrieu & Sarah Gensburger, La résistance aux génocides. De la pluralité des actes de sauvetage, Presses de Sciences Po, (ISBN9782724610895), p. 259-276.