Les élections législatives hongroises de 2018 se déroulent le afin de renouveler pour quatre ans les 199 membres de l'Assemblée nationale de la Hongrie.
Avec une participation au plus haut depuis vingt ans, la coalition Fidesz-KDNP du Premier ministre sortant, Viktor Orbán, donnée grande favorite du scrutin, conserve la majorité absolue ainsi que la majorité qualifiée des deux tiers des sièges. Le scrutin est un échec important pour les principaux partis d'opposition, dont les chefs démissionnent dans la foulée.
Contexte
Viktor Orbán est le Premier ministre sortant. En 2010 et 2014, il remporte largement les élections législatives, lui assurant un deuxième puis troisième mandat, après un premier effectué de 1998 à 2002 en coalition avec deux autres partis de centre droit. Lors de son troisième mandat, durant la crise migratoire en Europe, il s'oppose de façon virulente à l'accueil de migrants, ce qui lui assure le soutien d'une partie de la population. Pendant toute la législature, le Fidesz est donné en tête des intentions de vote.
Mode de scrutin
La Hongrie est dotée d'un parlement monocaméral, l'Assemblée nationale, qui est composé de 199 députés élus pour un mandat de quatre ans selon un mode de scrutin parallèle. Sont ainsi à pourvoir 106 sièges au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions électorales, auxquels s’ajoutent 93 sièges pourvus au scrutin proportionnel plurinominal de liste avec seuil électoral de 5 % dans une unique circonscription nationale. Ce seuil passe à 10 % pour les listes présentées conjointement par deux partis et à 15 % pour les listes présentées par des coalitions de trois partis ou plus[1].
Le scrutin à la proportionnelle est dit « de compensation » car l'on ajoute aux suffrages recueillis sur les listes nationales les suffrages « fragmentaires » (töredékszavazat) du scrutin uninominal, c'est-à-dire ceux qui n'ont pas permis aux différentes forces de remporter des sièges dans les circonscriptions ainsi que toutes les voix des partis ayant remporté un siège qui ont dépassé le seuil nécessaire pour l'emporter, on effectue alors la répartition selon le scrutin proportionnel d'Hondt[2].
Depuis 2014, chacune des minorités ethniques de Hongrie a la possibilité de faire élire un député de manière facilitée grâce à un abaissement du seuil électoral, à la condition qu'ils s'enregistrent préalablement sur des listes électorales distinctes. Le siège est prélevé sur les 93 dédiés à la représentation proportionnelle si la liste en question franchit un seuil spécifique établit au quart du quotient inverse de ce total, soit du total des suffrages au scrutin de liste[3]. Treize minorités sont concernées : les Arméniens, Bulgares, Croates, Allemands, Grecs, Polonais, Roms, Roumains, Ruthènes, Serbes, Slovaques, Slovènes et Ukrainiens. En pratique, seuls les communautés allemandes et roms sont suffisamment nombreuses pour espérer pouvoir atteindre ce seuil et obtenir un siège, si tant est qu'une part suffisante de leurs membres s'inscrivent sur les listes dédiées.
Campagne
Le Fidesz axe sa campagne sur la lutte contre l'immigration clandestine, posant le terrorisme islamiste comme la conséquence de l’immigration de masse provoquée par la crise migratoire en Europe, transformant l’Europe de l’Ouest et la Scandinavie en zones de non-droit[4].
Durant la campagne, le Fidesz pâtit des déclarations de Kristóf Altusz, secrétaire d'État rattaché au ministère des Affaires étrangères, qui a affirmé dans un journal maltais que la Hongrie avait discrètement accueilli quelque 1 300 réfugiés en 2017[5].
Dans les circonscriptions qui élisent des députés à la majorité simple, plusieurs candidats se retirent afin de ne pas diviser les voix de l'opposition libérale face aux candidats de la majorité sortante[6]. Les libéraux sont majoritaires dans de nombreux arrondissements de Budapest.
Pour de nombreux organes de presse, ces facteurs, associés le jour du scrutin à un taux de participation record au cours des vingt dernières années, laissaient présager un moindre résultat pour Viktor Orbán et le Fidesz[6]. Pourtant, le Fidesz emporte à nouveau la majorité des deux-tiers, avec 48,9 % au scrutin de liste – soit quatre points de mieux qu'en 2014, tandis que le parti nationaliste Jobbik est stable avec 19,3 %[7],[8].
Selon Libération, le parti Jobbik, originellement classé à l’extrême droite, a fait campagne au centre[4]. Au cours des années précédant le scrutin, le succès de sa stratégie de séduction des jeunes électeurs est remarquée[9],[10]. Selon les études, cette part du vote des jeunes est cependant très variable : 53 % des 15-34 ans en selon le Magyar Tudományos Akademia Politikatudományi Intézet ; respectivement 27 % et 29 % chez les 18-24 et 25-44 ans en d'après Republikon), pour une moyenne nationale d'environ 20 %[11],[12].
Lajos Simicska, l'homme d'affaires et de médias qui fut le trésorier du Fidesz et l'allié d'Orban, s'est retourné contre lui lors des dernières années et soutient désormais le Jobbik. En riposte, le gouvernement Orban a ordonné aux entreprises publiques de cesser toute publicité et tout abonnement[Quoi ?][réf. nécessaire]
Les 10 285 bureaux de vote du pays ouvrent le dimanche matin à six heures. La participation est rapidement notée comme très élevée. Les autorités la décomptent à 68,13 % à 18 h 30 contre 54,4 % à la même heure lors des précédentes élections. Devant l'importance des files d'attente, certains bureaux de vote, censés fermer à 19 heures, restent ouverts jusqu'à 21 h 30. Selon plusieurs instituts de sondage, la forte participation augmente la probabilité que les résultats divergent de ceux qu'ils avaient prédits[4].
Résultats
National
Résultats des législatives hongroises de 2018[8],[13]
La participation, plus forte que prévu et initialement considérée comme pouvant être défavorable au Fidesz[14], lui apporte finalement une large victoire avec des résultats plus élevés qu'attendus[15].
La coalition Fidesz-KDNP du Premier ministre sortant, Viktor Orbán, conserve ainsi la majorité qualifiée des deux tiers du parlement, ce qui lui assure de pouvoir continuer à modifier la constitution hongroise sans nécessairement passer par la voie référendaire[16].
À Budapest, Viktor Orbán s'adresse à une foule de ses partisans en liesse[17],[18],[19], leur demandant d'être humbles dans la victoire. Il remercie « les Hongrois qui ont prié pour nous et prié pour moi », la diaspora hongroise d'avoir aidé « à défendre la mère patrie », ainsi que le gouvernement polonais, qu'il qualifie d'ami de la Hongrie. Il parle également des résultats comme d'une chance que la population hongroise vient de se donner pour défendre la Hongrie, affirmant qu'elle n'est « pas encore là où elle veut être, mais s'est engagée dans la voie »[16].