Des élections législatives anticipées ont eu lieu en Grèce le [1],[2], après avoir été annoncées pour le [3]. Ces élections étaient initialement prévues pour 2013, conformément à la Constitution, mais la signature de l'accord ayant conduit à la formation en d'un gouvernement d'unité nationale, en vue de ratifier et mettre en œuvre les mesures de rigueur élaborées en concertation avec les autres pays de la zone euro et le FMI, incluait comme condition l'organisation d'élections anticipées. Le , le gouvernement annonce la tenue de ces élections au mois avril, peu après le vote par le Parlement d'un nouveau plan de rigueur particulièrement drastique[4].
Comme ces élections n'ont pu aboutir à la formation d'un gouvernement, de nouvelles élections législatives auront lieu le .
Contexte
La crise de la dette dans la zone euro et la crise de la dette publique grecque ont rapidement conduit à une crise politique. Mis sous pression par les manifestations contre les plans de rigueur mis en place par son gouvernement, le Premier ministre socialisteGiórgos Papandréou annonce la tenue d'un référendum sur l'adoption des mesures préconisées, en échange de leur aide, par l'Union européenne, le FMI et la Banque centrale européenne. Cette annonce provoque une vive controverse et pousse les leaders de l’opposition à réclamer l’organisation d'élections anticipées. Papandréou se résout finalement à faire adopter les mesures de rigueur par le Parlement et remet sa démission.
Le vendredi , les conditions d'adoption d'un nouveau plan de rigueur provoquent des tensions au sein du gouvernement. Les quatre ministres de LAOS et deux ministres socialistes démissionnent[6]. Dans la nuit du 12 au , un nouveau plan de rigueur particulièrement dur (salaire minimum réduit à 586 euros brut sur quatorze mois, suppression de 15 000 emplois dans la fonction publique) est adopté par 194 députés sur 300. À l'extérieur, une grande manifestation a lieu, en marge de laquelle des affrontements avec les forces de l'ordre font plusieurs blessés et provoquent une série d'incendies, touchant notamment la salle historique Attikón[7]. Quelques heures plus tard, le porte-parole du gouvernement annonce la tenue d'élections anticipées pour le mois d'avril[4].
Mode de scrutin
Les 300 députés du Parlement grec sont élus via un mode de scrutinmixte pour une durée de quatre ans[8] : 50 sièges sont attribués au parti ayant obtenu le plus de voix, et les 250 sièges restants sont répartis à la représentation proportionnelle entre tous les partis ayant obtenu au moins 3 % des suffrages exprimés.
L'enjeu est donc pour le parti arrivé premier d'obtenir 151 députés, soit la majorité absolue. Vu l'importance de la prime majoritaire (16,7 % des sièges), un parti n'a besoin que de 40,4 % des suffrages exprimés, au plus, pour obtenir une majorité absolue de sièges au Parlement[9],[10].
Le pays est divisé en 56 circonscriptions avec un nombre de sièges variant de 1 à 42, en fonction du nombre de citoyens de chaque circonscription. 12 députés sont en outre élus sur une liste nationale.
Il est à noter que les électeurs, dans les circonscriptions comportant plus d'un siège, ont la possibilité de marquer des croix de préférences pour 1 à 4 candidats (nombre maximum variant suivant le nombre de sièges de la circonscription)[11]. Le nombre de préférences obtenues modifie l'ordre d'affectation des sièges au sein de chaque liste.
L'âge minimal pour se présenter à la députation est 25 ans.
Forces en présence
Sur 36 partis politiques se présentant, 32 sont in fine autorisés à participer à ces élections par la Cour suprême (un parti devant pour ce faire changer de nom : les « Tyrannicides »).
Les principaux partis politiques participant à ces élections sont :
le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) est un parti social-démocrate modéré, vainqueur des élections législatives d'octobre 2009. Le PASOK avait alors obtenu 43,9 % des suffrages exprimés et 160 sièges. Son président, Giórgos Papandréou, a pris la tête du nouveau gouvernement. Le PASOK a subi un nombre important de défections au sein de son groupe parlementaires qui ont affaibli Papandréou et ont progressivement poussé celui-ci à la démission ;
la Nouvelle Démocratie (ND) est un parti conservateur qui a dirigé le gouvernement à plusieurs reprises. La ND avait été vaincue par le PASOK en 2009, obtenant 33,5 % des voix et 91 sièges. La ND participe au gouvernement d'union nationale mis en place en en alliance avec le PASOK et la Laos. À l'époque, cette participation avait été conditionnée à l'organisation d'élections anticipées ;
l’Alerte populaire orthodoxe (Laos) est un parti d'extrême-droite qui avait obtenu 5,6 % des voix et 15 sièges lors des élections de 2009. La Laos a participé au gouvernement d'union nationale jusqu'au , quand ses quatre ministres ont remis leur démission pour protester contre les mesures de rigueur proposées au vote des parlementaires ;
la Gauche démocrate (Dimar) provient d'une scission du courant modéré de SYRIZA, en désaccord avec l'orientation jugée trop radicale de leur mouvement avec le PASOK. Quatre députés élus en 2009 sur les listes de la Syriza en sont membres. La Dimar a été rejointe au cours de la législature par plusieurs anciens membres du PASOK, portant les effectifs de son groupe parlementaire à 10 membres quelques jours avant les élections ;
le Pacte social (KE) est une scission du PASOK menée par neuf députés hostiles au soutien de leur ancien parti aux plans de rigueur ;
les Grecs indépendants (ANEL) sont une scission de la ND menée par huit députés hostiles au soutien de leur ancien parti aux plans de rigueur ;
l’Alliance démocrate (Disy) est une scission de la ND menée par quatre députés hostiles au soutien de leur ancien parti aux plans de rigueur ;
les Verts écologistes (OP) sont un parti se réclamant de l'écologie politique qui avait échoué en 2009 à faire son entrée au Parlement en obtenant 2,5 % des voix ;
l’Aube dorée (XA) est un parti ultranationaliste et néonazi fondé en 1993, qui a connu ses premiers succès électoraux lors des élections municipales de 2010 à Athènes, en obtenant un député au conseil municipal.
La composition politique du parlement sortant est la suivante, avec l'évolution survenu depuis des dernières élections :
Les différentes enquêtes sur les intentions de vote menées par les instituts de sondages grecs laissent envisager un effondrement du PASOK, une stagnation, voire un recul de la ND et de LAOS, et une très forte poussée des partis de la gauche radicale[12]. Aucun parti ne devrait être en mesure d'obtenir la majorité absolue des sièges à pourvoir.
Il convient de se reporter à la version anglaise de cette page qui intègre les derniers sondages jusqu'au (date limite imposée par la législation grecque) ainsi que la fusion des partis ANEL et PARMAP dans la coalition des Grecs indépendants.
On peut noter que les principales différences entre la dernière volée d'enquêtes publiées le et les scores du concernent :
Société - Parti des successeurs de Kapodístrias (Kinonía)
28 514
0,45
0,29
0
Liste commune KKE (m-l)—M-L KKE
16 010
0,25
0,02
0
Autres partis
18 508
0,29
-
0
-
Suffrages exprimés
6 324 136
97,64
Votes blancs et nuls
152 682
2,36
Total
6 476 818
100
-
300
Abstention
3 469 041
34,88
Inscrits/Participation
9 945 859
65,12
Résultats détaillés par circonscriptions
Tentatives de formation d'un gouvernement
Les élections législatives du ont bouleversé le paysage politique grec. Le gouvernement sortant était constitué de technocrates, formé avec le soutien de 3 partis :
le PASOK subit une défaite sans doute inédite, passant, en seulement 3 ans, de 44 % à 13 % ;
Nouvelle Démocratie, pourtant très largement à l'origine de l'endettement extrême du pays, limite les dégâts en gagnant 17 députés, grâce à la prime majoritaire de 50 députés, malgré une chute de 48 % du nombre de suffrages obtenus (-60 % par rapport à 2007) ;
le parti d'extrême droite Laos perd lui tous ses députés, en passant en dessous du seuil de 3 %.
Les deux seuls partis soutenant le plan d'austérité n'ayant recueilli que 149 sièges sur les 151 nécessaires à la formation d'une majorité, la formation d'un gouvernement de coalition est difficile.
Selon la Constitution grecque, c'est au parti arrivé en tête que revient le droit de former un gouvernement. Antónis Samarás, dont le parti ND a recueilli 18,85 %, renonce le .
Aléxis Tsípras, leader de la Coalition de la gauche radicale Syriza, arrivée en second avec 16,78 %, abandonne à son tour le devant le refus de ND et du PASOK de négocier sur la renonciation aux mesures d'austérité imposées par les accords avec le FMI et l'Union européenne[43].
Le leader du PASOK Evángelos Venizélos est alors chargé, sans plus de succès, de former un gouvernement.
Le président de la république Károlos Papoúlias tente enfin de convaincre le petit parti modéré de la Gauche démocrate (Dimar), avec ses 19 députés de se joindre à une coalition à trois avec ND et le PASOK, d'abord pour former un gouvernement politique « normal », puis en désespoir de cause, de simplement soutenir un nouveau gouvernement de technocrates pour une période transitoire de 2 ans.
Mais DIMAR, s'en tenant à son programme électoral, aboutit au même constat que Syriza et finit par rompre les négociations le .
Les sondages en date du donnent la coalition SYRIZA au coude-à-coude avec ND. Lors des élections, l'arrivée en tête de l'un ou de l'autre sera déterminante pour l'avenir du pays, et pourra ou non conduire à un séisme inédit dans la zone Euro.
↑Ce pourcentage nécessaire diminue avec le pourcentage total réalisé par seuls partis ayant atteint le seuil de 3 %. Il est calculé en multipliant ce pourcentage par 101⁄250, puisqu'il s'agit d'obtenir au moins 101 des 250 sièges attribués à la proportionnelle.
En mai 2012, le total des voix des 7 partis ayant dépassé les 3 % a été légèrement inférieur à 81 % des votes exprimés. Il aurait donc suffi qu'un des partis récolte 32,8 % des suffrages pour obtenir la majorité absolue ( = 81 × 101⁄250)