SYRIZA, le mouvement de la gauche radicale, remporte une victoire historique. Manquant de peu d'obtenir une majorité absolue des sièges, il annonce la formation d'un gouvernement de coalition « anti-austérité » avec le parti des Grecs indépendants (droite souverainiste)[2]. Aléxis Tsípras prête serment comme Premier ministre de Grèce le [3].
Alors que le gouvernement n'a plus que le soutien de 155 députés, et qu'il faut une majorité de 200 députés pour élire le président, sous peine de dissolution, le gouvernement avance de 2 mois l'élection présidentielle. Dès l'annonce de cette élection anticipée du président, la Bourse d'Athènes chute massivement, anticipant un échec qui entraînerait des élections législatives anticipées[4],[5].
Le lors d'une allocution télévisée, le Premier ministre Antónis Samarás a déclaré : « C’est un devoir national d’élire le Président, et le sens commun nous commande d’achever les négociations avec les créanciers ». Il propose ensuite de « trouver le moment approprié pour des élections législatives, y compris fin 2015, alors que celles-ci doivent normalement se dérouler en juin 2016 » en échange d'un vote favorable pour le candidat soutenu par la coalition gouvernementale, Stavros Dimas[6].
Les partis d'opposition et en particulier SYRIZA rejettent ce marchandage et indique que « Par-dessus tout il craint le jugement du peuple, mais il ne pourra pas l'éviter »[7],[8].
Les 300 députés du Parlement grec sont élus via un mode de scrutinmixte pour une durée de quatre ans[10] : 50 sièges sont attribués au parti ayant obtenu le plus de voix, et les 250 sièges restants sont répartis à la représentation proportionnelle entre tous les partis ayant obtenu au moins 3 % des suffrages exprimés.
L'enjeu est donc pour le parti arrivé premier d'obtenir 151 députés, soit la majorité absolue. Vu l'importance de la prime majoritaire (16,7 % des sièges), un parti n'a besoin que de 40,4 % des suffrages exprimés, au plus, pour obtenir une majorité absolue de sièges au Parlement[11],[12].
Le pays est divisé en 56 circonscriptions avec un nombre de sièges variant de 1 à 44, en fonction du nombre de citoyens de chaque circonscription. 12 députés sont en outre élus sur une liste nationale.
Il est à noter que les électeurs, dans les circonscriptions comportant plus d'un siège, ont la possibilité de marquer des croix de préférences pour 1 à 4 candidats (nombre maximum variant suivant le nombre de sièges de la circonscription)[13]. Le nombre de préférences obtenues modifie l'ordre d'affectation des sièges au sein de chaque liste.
L'âge minimal pour se présenter à la députation est 25 ans.
On compte pour ce scrutin 9,8 millions d'électeurs[14].
Après le résultat du scrutin
Si le parti arrivé en tête n'obtient pas la majorité absolue de 151 députés, le président de la République, Károlos Papoúlias, confiera au chef du parti arrivé en tête un « mandat exploratoire » d'une durée de 3 jours afin que ce dernier puisse trouver une coalition à hauteur d'au moins 151 députés au total[15].
En cas d'échec, le président de la République confiera au chef du parti arrivé en second un « mandat exploratoire » d'une durée de 3 jours afin de trouver une coalition majoritaire.
En cas de nouvel d'échec, le président de la République confiera au chef du parti arrivé en troisième un troisième « mandat exploratoire » toujours d'une durée de trois jours afin de trouver une coalition majoritaire[16].
Le président de la République peut également convaincre les partis de former une grande coalition nationale.
En cas d'impasse, de nouvelles élections législatives pourraient avoir lieu en [17].
Forces en présence
Sur 36 partis politiques se présentant, 32 sont in fine autorisés à participer à ces élections par la Cour suprême (un parti devant pour ce faire changer de nom : les « Tyrannicides »).
Les principaux partis politiques participant à ces élections sont :
le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) est un parti social-démocrate modéré. Le PASOK avait alors obtenu 13,18 % et 41 sièges en , 12,28 % des suffrages exprimés et 33 sièges en juin suivant. Son président est Evángelos Venizélos ;
la Nouvelle Démocratie (ND) est un parti conservateur qui dirige le gouvernement depuis . La ND vaincu le PASOK en 2012, obtenant 21,40 % et 108 sièges en 29,66 % et 129 sièges en juin. La ND participe au gouvernement d'union nationale mis en place en en alliance avec le PASOK et le LAOS. À l'époque, cette participation avait été conditionnée à l'organisation d'élections anticipées. Son président est l'actuel chef du gouvernementAntónis Samarás ;
la Gauche démocrate (DIMAR) provient d'une scission du courant modéré de SYRIZA, en désaccord avec l'orientation jugée trop radicale de leur mouvement avec le PASOK. Lors des élections législatives de 2012, ce parti obtint 6,11 % et 19 sièges en mai 2012 puis 6,25 % et 17 sièges en juin suivant. Son président est Fótis Kouvélis ;
les Grecs indépendants (ANEL) sont un parti souverainiste et eurosceptique, issu d'une scission de la ND. Ils ont obtenu 10,61 % et 33 sièges en mai 2012 puis 7,51 % et 20 sièges. Son président est Pános Kamménos;
l’Aube dorée (XA) est un parti ultranationaliste et néonazi, fondé en 1993, qui a connu ses premiers succès électoraux lors des élections municipales de 2010 à Athènes, en obtenant un député au conseil municipal. En 2012, ils ont obtenu 6,97 % et 21 sièges en mai puis 6,92 % des voix et 18 sièges en juin. Son secrétaire général est Nikólaos Michaloliákos. Il est actuellement en prison, ainsi que la moitié des députés, dans le cadre de l'instruction pour « constitution et direction d'organisation criminelle »[18].
Une enquête d’opinion réalisée juste avant le premier tour de l'élection présidentielle du indique qu'en cas d'élections législatives, la coalition SYRIZA emmenée par Aléxis Tsípras remporterait de 34,5 % des voix devançant Nouvelle Démocratie actuellement au pouvoir, à 27 % puis To Potámi à 6,5 %, Aube dorée également à 6,5 %, les socialistes du PASOK, également dans la coalition actuellement au pouvoir, crédités de 4,5 %[19].
Après la fin du 3e tour de scrutin pour l'élection du président de la RépubliqueAléxis Tsípras s'exprime sur ce vote : « Le gouvernement Samaras qui a dévasté la société grecque appartient maintenant au passé ». Continuant son discours il indique : « Ce 29 décembre est un jour historique pour la démocratie grecque […] Malgré les pressions, les députés grecs, les partis d’opposition et la grande majorité du peuple ont décidé de mettre un terme aux politiques des mémorandums et d'austérité… Par la volonté du peuple, dans quelques jours, les mémorandums de l'austérité appartiendront également au passé… et maintenant relevons-nous les manches! »[20]
Deux camps s'opposent selon le quotidien I Kathimeriní :
« Le camp de la peur », prédisant le chaos en cas de victoire de SYRIZA[23],[24], composé de « ceux qui pensent que la Grèce ne peut pas se passer de l'Europe, et que le pays doit continuer la cure d'austérité imposée[25]. »
« Le camp de la colère », qui veut « punir le gouvernement pour la hausse des taxes, et sa politique politicienne de petits arrangements[25] » composé principalement de jeunes grecs et d'une partie de la population grecque qui est, ou se sent exclue[26],[27].
Avec 36,34 % des voix et 149 députés sur 300, ratant la majorité absolue de deux sièges, la victoire du parti anti-austérité SYRIZA, est presque totale.
Malgré une grosse baisse d'audience de 36,82 %, le parti de droite souverainiste des Grecs indépendants, opposé aux mesures d'austérité obtient avec 4,75 %, 13 députés, et entre dans le gouvernement Tsípras I.
Le parti de centre gaucheTo Potámi est l'autre vainqueur de cette élection, qui avec 6,05 % obtient 17 sièges pour sa première participation.
L'autre grand perdant de cette élection est le parti Gauche démocrate qui ne recueille que 0,49 % des voix et n'est plus représenté à la Vouli.
↑Ce pourcentage nécessaire diminue avec le pourcentage total réalisé par seuls partis ayant atteint le seuil de 3 %. Il est calculé en multipliant ce pourcentage par 101⁄250, puisqu'il s'agit d'obtenir au moins 101 des 250 sièges attribués à la proportionnelle.
En mai 2012, le total des voix des 7 partis ayant dépassé les 3 % a été légèrement inférieur à 81 % des votes exprimés. Il aurait donc suffi qu'un des partis récolte 32,8 % des suffrages pour obtenir la majorité absolue ( = 81 × 101⁄250)