Pour répondre à la forte croissance de la population du quartier après la Première Guerre mondiale, la décision est prise en 1928 de construire un nouveau lieu de culte.
Le chantier de l'église du Saint-Esprit est impulsé par le cardinal Verdier, dit "l’archevêque aux cent églises", par allusion aux Chantiers du Cardinal, une œuvre sociale et religieuse qu'il fonda en 1931[1], et qui était destinée à construire des églises dans les quartiers ouvriers[2] et à créer des emplois dans le contexte de la crise économique des années 1930.
L’église est achevée en 1935. Elle est la plus importante réalisation des Chantiers du Cardinal[3].
Architecture
L’architecture de l’église du Saint Esprit — avec sa juxtaposition affirmée d’influence byzantine et béton armé — est unique[1]. Elle est conçue par l’architecte Paul Tournon, qui doit faire face à un terrain de forme triangulaire[2],[3].
Bâtie entièrement en béton armé habillé à l'extérieur de briques de Bourgogne, l’église possède une nef carrée surmontée par une coupole mesurant 22 mètres de diamètre pour 33 mètres de hauteur, fortement inspirée par la célèbre coupole de Sainte-Sophie d’Istanbul[4],[5].
À l'intérieur, le béton est laissé dans son état brut, à l'exception de plusieurs fresques murales.
Le clocher, plus récent (construction achevée en 1963), abrite quatre cloches et des logements.
Après une première inscription en 1979 (pour le décor intérieur), l'église est entièrement classée au titre des monuments historiques le [6].
Paul Tournon commande la décoration de l'édifice à des artistes membres d'associations d'art sacré comme L'Arche et les Ateliers d'art sacré, une association d'artistes croyants dont le but était de « produire des œuvres d'art pour le service de Dieu »[1],[3].
Les fresques
Les fresques de l'église sont exceptionnelles, mais parfois difficiles à apprécier à cause de la pénombre qui règne à l'intérieur.
Toutes les fresques sont liées par un seul concept - la diffusion de l'Esprit-Saint dans l'histoire humaine. Elles racontent les éléments clés de l'histoire de l'Église depuis la Pentecôte jusqu'au vingtième siècle[1] à travers deux thèmes : l'histoire de l'Église militante et celle de l'Église triomphante[3].
Tournon impose une taille unique pour les personnages principaux des fresques et l'utilisation du rouge comme couleur de fond, afin d'assurer l'unité de l'ensemble[3].
La majeure partie de la décoration murale a été réalisée selon la technique de la fresque : sur enduit de ciment frais, les artistes peignaient environ un mètre carré par jour. Aucune retouche n'était possible. Deux artistes ont utilisé d'autres techniques : Maurice Denis a peint la Pentecôte sur enduit sec et George Desvallières le Chemin de croix sur toile marouflée[7].
En 1933, deux orgues étaient envisagés pour l'église : un grand orgue situé au-dessus du portail de l’église et un orgue d’accompagnement - l’orgue actuel - situé au-dessus du déambulatoire ouest. Par manque de financement, seul le petit orgue fut réalisé[10].
L'organiste prodige Jeanne Demessieux en fut la titulaire de 1933 à 1962.
En 2021, on annonce le transfert et la restauration de l'orgue Rochesson (1940) de l'église Saint-Nicaise de Rouen vers l'église du Saint-Esprit[11].