L'église Notre-Dame de Lancharre est une église priorale de l'époque romane située sur le territoire de la commune de Chapaize dans le département français de Saône-et-Loire en région Bourgogne-Franche-Comté.
L'église est située au hameau de Lancharre, à 2 kilomètres au nord-est du bourg de Chapaize.
L'église date du XIIe siècle[1]. Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 8 septembre 1930[1].
Elle faisait partie d'une abbaye fondée au XIe siècle par les seigneurs de Brancion pour les jeunes filles et les dames de la noblesse dites « Les Dames de Lancharre », qui vivaient sans doute chacune dans une maison. Ces dames chanoinesses devinrent par la suite bénédictines[2].
De Lancharre dépendait le prieuré du Puley[3], dont la prieure venait deux fois par an assister l'archiprieure. En 1615, ce prieuré perdit toute autonomie (ordonnance de l'évêque de Chalon Cyrus de Tyard).
Peu après, en 1626, Marie du Blé, devenue abbesse, emmena ses moniales de Lancharre à Chalon, le commandeur du Temple mettant une maison à leur disposition. L'édifice ne conserve dès lors plus que sa vocation d'église paroissiale ; surdimensionnée, elle n'est qu'insuffisamment entretenue après le départ des religieuses.
À partir du règne de Louis XIV, Lancharre porte le titre d'abbaye royale et est placée sous la protection directe du monarque.
De 1611 à 1789, neuf abbesses se succèdent à la tête du monastère, la dernière étant promue par le roi Louis XVI le 14 mai 1789.
Quelques mois plus tard, le 13 novembre, jour de la signature du décret de l'Assemblée nationale obligeant tous les monastères à faire une déclaration de leurs biens[4], les religieuses, au nombre de vingt-six, sont rendues au siècle.
En 1791, la vente de tous les biens de l'abbaye marque la fin définitive des Dames de Lancharre, aussi bien à Chalon qu'à Lancharre même et dans toutes leurs autres possessions (qui s'étendaient encore en 1786 sur plus de vingt paroisses).
L'église priorale, partiellement ruinée, a perdu sa nef (démolie vers 1850).
Elle conserve cependant un beau chevet roman constitué d'une abside et de deux absidioles semi-circulaires ornées de petites arcatures et de pilastres plats. Chacune de ces absides et absidioles est percée de trois fenêtres et est recouverte de lauzes.
Elle conserve également un beau clocher, accolé à la croisée du transept mais « décentré », indice d'une première construction datée du XIIe siècle ; s'y trouvent accolées sur le devant une abside devenue absidiole et, à droite, une moitié de transept. Ce clocher est percé au dernier étage de paires de baies géminées ogivales.
Elle présente en façade trois grandes baies ogivales murées correspondant aux connexions de la nef et des collatéraux à la croisée et aux croisillons du transept.
Henri Batault, auteur de l'unique monographie écrite à ce jour sur Lancharre, a observé que « les voûtes de la nef centrale et du collatéral sud ont leur axe perpendiculaire à la longueur de l'église, au lieu d'être parallèle », disposition qui se rencontre également dans l'église abbatiale de Tournus.
L'église abrite des pierres tombales des prieures et des bienfaiteurs du monastère dont cinq ont été classées aux Monuments Historiques en 1899. À l'origine elles pavaient le sol de l'église ; elles sont désormais fixées au mur[2]. Leurs inscriptions évoquent la lignée des onze prieures qui, de 1245 à 1626, dirigèrent cette maison, ainsi que des prieures du Puley. Parmi ces tombes figurent :
Diverses campagnes de restauration ont permis de sauvegarder Notre-Dame de Lancharre.