Les élections législatives vanuataises de 2022 ont lieu le afin de renouveler pour quatre ans les cinquante-deux sièges du Parlement du Vanuatu.
Le scrutin intervient de manière anticipée deux ans avant la date prévue. Confronté au risque d'une motion de censure, le Premier ministreBob Loughman fait en effet dissoudre le Parlement par le PrésidentNikenike Vurobaravu. Son gouvernement perd toutefois sa majorité parlementaire lors du scrutin et le candidat de l'opposition sortante, Ishmael Kalsakau, est élu Premier ministre par la nouvelle assemblée le 4 novembre[1].
Le Vanuatu possède un multipartisme marqué par un très grand nombre de partis. Les élections législatives de donnent lieu à un parlement particulièrement morcelé, près de vingt partis obtenant des sièges, dont onze n'en obtenant qu'un seul chacun. Le scrutin voit la victoire en termes de sièges des partis Terre et Justice, Vanua'aku Pati et du Mouvement de réunification pour le changement, qui obtiennent des résultats en hausse en termes de suffrages et de sièges. Bien qu'arrivé en tête des votes populaire, le Parti des dirigeants se positionne derrière eux en termes de sièges du fait du système électoral[2],[3].
Les élections sont suivies un mois plus tard de la formation d'un gouvernement de coalition qui donne lieu à une alternance. Le Premier ministre sortant Charlot Salwai tente sans succès de maintenir la coalition réunissant le Mouvement de réunification pour le changement, le Parti des dirigeants, Terre et Justice, et le Parti national unifié, allant jusqu'à s'écarter au profit du dirigeant de Terre et Justice, Ralph Regenvanu.
Le chef de l'opposition sortante, Ishmael Kalsakau, négocie quant à lui une coalition entre son Union des partis modérés, le Vanua'aku Pati, la Confédération verte et plusieurs partis mineurs. Le dirigeant du Vanua'aku Pati, Bob Loughman, est proposé par Kalsakau pour en prendre la tête. Les deux blocs sont alors de tailles similaires au Parlement, ce qui les conduit tous deux à se déclarer capables de former un gouvernement[4],[5]. Le , le Parlement élit finalement Bob Loughman au poste de Premier ministre par 31 voix pour et 21 contre[6],[7].
Tentatives de réforme et dissolution
Le nouveau gouvernement s'accorde comme l'ancien sur la nécessité de réformer le système politique afin d'empêcher les changements d'allégeance et les motions de défiance qui caractérisent la vie politique du pays depuis les années 1990[8]. Un référendum constitutionnel visant à mettre en œuvre ces réformes avait ainsi été prévu pour le , avant que des difficultés à voter son organisation ne conduisent finalement à son report puis son annulation de facto après la victoire de l’opposition.
Bob Loughman entreprend à son tour un projet d'importantes réformes, qui l'amènent à se heurter à de fortes oppositions dont notamment celle du Président Tallis Obed Moses. Lors de la première session ordinaire de 2022 organisée le , ce dernier prononce le dernier discours d'ouverture de son mandat, au cours duquel il appelle le gouvernement à renoncer à son projet d'abolition du ministère de la Justice, avertissant qu'une telle réforme conduirait à un « régime dictatorial »[9]. L'élection présidentielle organisée au scrutin indirect en voit le remplacement de Tallis Obed Moses par Nikenike Vurobaravu, du Vanua'aku Pati, au bout de huit tours de scrutin[10].
Si la réforme de la justice est finalement abandonnée, Bob Loughman tente néanmoins de faire modifier la durée du mandat du parlement afin de la faire passer de quatre à cinq ans[11]. Courant , l'opposition au Premier ministre continue de grandir, conduisant au départ de 17 députés dont le ministre de l'Agriculture. Le chef de l'opposition, Ralph Regenvanu annonce ainsi disposer du soutien de 29 députés sur 52 en vue du vote d'une motion de censure. Avant que cette dernière ne soit mise au vote, Bob Loughman demande cependant au président Vurobaravu la dissolution du parlement. Ce dernier la signe le , provoquant la tenue d'élections anticipées sous un délai de deux mois[12]. Le Premier ministre accuse dans la foulée les membres dissidents de son gouvernement d'avoir rejoint l'opposition en raison de son refus de voter une augmentation du salaire des députés[13].
L’opposition dépose un recours pour tenter de faire annuler la dissolution[14]. Le , la Cour suprême de Vanuatu(en) rejette le recours déposé par l'opposition, confirmant la convocation de nouvelles élections en octobre prochain[15].
Après l'élection, les nouveaux députés doivent choisir un nouveau premier ministre, ou bien renouveler leur confiance dans le premier ministre sortant.
Le 4 novembre, lors de la première session de la nouvelle assemblée, Seoule Simeon est réélu président du Parlement. Ishmael Kalsakau, le chef de l'Union des partis modérés, est ensuite élu Premier ministre par les députés, par cinquante voix pour, aucune contre et deux bulletins nuls. Ayant forgé une coalition majoritaire de huit partis, il est le seul candidat ; Bob Loughman, à la tête d'une alliance minoritaire, renonce à briguer un nouveau mandat et appelle à voter pour Kalsakau[1].