L'église Sainte-Aurélie se trouve au cœur d'un faubourg populaire désigné sous le nom de Faubourg National depuis la Révolution française, mais connu auparavant comme le Faubourg des Charrons, puis le Faubourg Blanc. C'était autrefois un quartier de maraîchers, de jardiniers et de couvents[3].
Aujourd'hui l'église se situe un peu à l'écart des grands axes, entourée d'arbres et d'immeubles qui privent l'observateur d'une vision d'ensemble, sauf en hiver à la faveur de la chute des feuilles. Elle partage sa cour avec l'école primaire Sainte-Aurélie, la plus ancienne école publique strasbourgeoise, construite entre 1843 et 1846 par Félix Fries, sur un terrain mis à disposition par la paroisse[4]. À l'exception des fidèles, le public ne peut donc accéder à l'église que sur rendez-vous ou, quelquefois, lors des Journées européennes du patrimoine.
Histoire
Les découvertes et les interventions archéologiques menées dans le faubourg dès le XVIIe siècle concernent principalement des vestiges funéraires datant de l'Antiquité, ainsi que de la période mérovingienne[5].
La date de fondation de l'église reste incertaine. Selon le chroniqueur Koenigshoven cité par l'historien Jean-Daniel Schoepflin, sceptique[6], son origine remonterait à sainte Aurélie, l'une des onze mille vierges, morte à Strasbourg. D'autres sources suggèrent une fondation de l'église primitive au VIIIe siècle, sur une crypte qui aurait renfermé le tombeau de sainte Aurélie[7].
De fait elle est citée pour la première fois en 801, sous le vocable de Saint-Maurice, alors que celui de Sainte-Aurélie n'apparaît qu'en 1324[7]. La conviction qu'il s'agit bien de la même église s'appuie sur ce passage de la charte du établissant que « le chapitre afferme au couvent de Saint-Arbogast certaines dîmes de l'église Saint-Maurice, vulgairement dite de Sainte-Aurélie » :
« [...] decimationes seu fructus omnes decimationum ad eos et suos successores nomine ecclesie S. Mauricii extra muros Argentinenses que ecclesia vulgariter S. Aurelie nuncupatur pertinentes [...][8] »
D'après Schoepflin, l'église est concédée au chapitre de Saint-Thomas par l'évêque Henri II en 1219, une concession confirmée par une bulle du pape Honorius III[6].
En 1471 elle est incorporée au chapitre de Saint-Thomas. Elle passe à la Réforme en 1523, en même temps que le chapitre. Après le Temple-Neuf, Saint-Thomas et Saint-Nicolas, elle devient la quatrième paroisse de la confession d'Augsbourg à Strasbourg. Son premier pasteur est Symphorien Pollion (ou Pollio), qui avait d'abord prêché le protestantisme à la cathédrale[6]. Son successeur est Martin Bucer, élu prédicateur de « l'église des jardiniers » en 1524.
La vie des paroisses protestantes strasbourgeoises commence à être mieux connue à partir du milieu du XVIe siècle lorsque les registres baptismaux y sont introduits. C'est ainsi que pour l'église Sainte-Aurélie ces registres sont conservés aux Archives municipales de Strasbourg depuis l'année 1550[9].
Au XVIIIe siècle la charpente menace de s'effondrer et la construction d'une nouvelle église s'avère nécessair[10]. Elle est confiée aux maîtres d'œuvre (Baumeister) Michel Hatzung et Georges Frédéric Hüttner. La première pierre est posée le , les travaux progressent assez rapidement et la nouvelle église est consacrée le . À l'exception de la sacristie de la cathédrale, plus petite, en 1744, et l'église des Récollets, détruite depuis, c'est le seul édifice cultuel important construit à Strasbourg au cours du siècle[3].
Pendant la Révolution française, l'église sert de magasin à fourrage[11]. En 1805, après Austerlitz, des prisonniers et des blessés russes et autrichiens sont hébergés dans l'église[12] qui abrite un hôpital militaire du 19 janvier au 20 juillet 1806[11]. La guerre franco-allemande de 1870 occasionne quelques dégâts, comme en témoignent les quelques briques bouchant des impacts d'obus sur le deuxième niveau du clocher en pierre[11]. Plusieurs tuyaux de l'orgue conçu par André Silbermann ayant également été touchés, des réparations ont été confiées aux frères Wetzel[13].
La nef et la toiture ont fait l'objet d'une restauration en 2008.
Architecture
À l'exception du clocher, la silhouette générale de l'édifice est celle de l'église entièrement reconstruite en 1765, les volumes de la nef l'inscrivant dans la lignée des édifices baroques[11].
Façades
Orientée vers l'Est, la façade principale est surmontée d'un vaste pignon à volutes revêtu d'un crépi clair, percé de quatre œils-de-bœuf et sur lequel empiète un fronton triangulaire en pierre[3]. Celui-ci repose sur un avant-corps en grès encadré par deux hautes fenêtres pourvues d'arrière-voussures, semblables à celles des façades latérales. Tous ces éléments sont aisément reconnaissables sur la gravure de 1865 reproduite ci-dessus, à l'exception des volutes du pignon : les pans de la toiture y sont représentés droits.
Sous le fronton s'ouvre le portail principal, lui-même surmonté d'un larmier et d'une fenêtre plus petite[7]. Le cartouche de la clé porte cette inscription gravée dans un phylactère : « ST. AURELIA MDCCLXV ». Également surmontées de linteaux en chapeau de gendarme, les portes latérales déclinent le même motif rappelant la date de construction de la nouvelle église (1765).
Clocher
Situé à l'Ouest, le clocher est la partie la plus ancienne de l'édifice actuel, ses trois niveaux inférieurs, de style roman, datant du XIIe siècle. Les façades de l'étage inférieur sont crépies, à l'exception des angles en pierre taillée. Son socle présente une moulure à boudin et gorge[11]. À l'exception d'une arcade, il reste peu de chose de l'ancien portail Ouest, aujourd'hui pourvu d'une simple porte métallique. Séparés par des bandeaux en grès, les étages comportent de petites fenêtres, mais certaines ont été bouchées[11].
De l'époque médiévale ne subsistent que les parties basses de la tour[14], où se trouve la sacristie, au Sud. Celle-ci renferme un placard qui utilise une niche creusée dans l'épaisseur du mur et dont la vieille porte comporte trois serrures. La sacristie est décorée de portraits de pasteurs peints à l'huile[15].
Vestiges de l'époque médiévale.
Ouvertures aux niveaux inférieurs.
Fenêtre romane dans la montée de la tour.
Porte ancienne dans la sacristie.
Détail des trois serrures.
Au XIVe siècle la tour fut surélevée d'un niveau pour y installer un beffroi doté de hautes fenêtres gothiques et dont le toit à quatre pans est couronné par un coq[11].
Celui-ci abrite la plus ancienne cloche datée de Strasbourg (1410), qui traversa la période révolutionnaire sans dommages[16]. Elle pèse entre 24 et 25 Zentner[17] – soit environ 120 kilos – et porte l'inscription latine suivante :
Cette cloche n'était pas unique, des documents attestant l'existence de quatre cloches en 1754[19].
En 1794, au moment de la Terreur, le clocher fut un instant menacé de démolition, au même titre que les autres clochers de la ville, et pour commencer – dans un premier projet – l'élégante flèche ajourée de la cathédrale Notre-Dame[16]. En effet, le Jacobin Antoine Teterel, originaire de Lyon, y voyait une insulte au principe d'Égalité cher à la Révolution et une motion avait été déposée dans ce sens, qui ne fut pas suivie d'effet.
Une dizaine d'années après la consécration de la nouvelle église, en 1776, une nouvelle horloge avait été installée par Joh. Philipp Maybaum père et fils[20], mais l'horloge actuelle est celle construite en 1845 par Jean-Baptiste Schwilgué, alors au faîte de sa gloire après sa réalisation de la troisième horloge astronomique de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg. Elle a été restaurée au début des années 2000 et c'est aujourd'hui la dernière horloge de clocher de Schwilgué encore en état de marche à Strasbourg.
Agencement intérieur
Dimensions
Les dimensions de l’intérieur de l’église sont les suivantes[21]
longueur : 29 m
largeur : 18 m
hauteur : 12 m
Autel et chaire à prêcher
Les archives de la paroisse révèlent que d'importants travaux de rénovation sont entrepris entre 1668 et 1671[22]. Les murs extérieurs et intérieurs sont blanchis en 1668, et un menuisier nommé Hans Jakob Wildmann touche 42 florins en 1669 pour la fabrication de l'autel, alors que le tourneur sur bois Leonhard Zippel réalise gracieusement les colonnettes l'entourant. En 1670 le même Hans Jakob Wildmann reçoit 60 florins pour la réalisation de la chaire, tandis que le sculpteur sur bois Mathis Preis obtient pour son travail – qui inclut le pélican situé sous la cuve – une somme de 82 florins et 5 schillings[23].
Peints en blanc et or, l'autel et la chaire proviennent donc de l'ancienne église. En 1865, à l'occasion de la célébration du centenaire de l'inauguration de l'église, l'autel et la chaire sont entièrement repeints[23].
D'importants travaux de restauration sont menés à partir du début des années 2000 jusqu'en 2014. En même temps la configuration de l'espace est modifiée, notamment pour permettre la tenue d'événements culturels. Désormais mobile, l'autel ne se trouve plus nécessairement sous la chaire.
Autel sous la chaire : configuration en 2010.
Espace central dégagé et absence de l'autel (2022).
Autel
L'autel rectangulaire baroque qui « tient à la fois de la table à quatre pieds et de l'autel-armoire[25] », est doté de 16 colonnettes tournées. Sa face principale est décorée d'un crucifix et de têtes d'angelots, dont la restauration a montré la qualité de la polychromie d'origine[26].
L'autel, qui se trouvait sur une estrade sous la chaire, est désormais doté d'un dispositif à roulettes qui permet de le déplacer, notamment lors de concerts dans l'espace central.
L'autel, surélevé, sous la chaire (2010).
Autel restauré, avec socle fermé (2022).
Dispositif à roulettes, ouvert (2022).
Chaire
De style cartilage[7], la cuve de la chaire suspendue est entourée de niches abritant les quatre Évangélistes et leurs symboles : l’ange pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l’aigle pour Jean[27]. Comme à l'église Saint-Guillaume de Strasbourg[28], elle est portée par un pélican nourrissant ses petits de son propre sang, conformément à l'iconographie chrétienne occidentale symbolisant le sacrifice du Christ[29].
Les travaux contemporains de restauration ont permis à la chaire de retrouver sa polychromie d'origine et les nuances d'or et d'argent des XVIIe et XVIIIe siècles[26].
Cuve de la chaire, de face (2010).
Pélican soutenant la cuve (2010).
Les Évangélistes (2010).
Les Évangélistes (polychromie après restauration, 2014).
L'orgue principal est achevé le par André Silbermann, originaire de Saxe et installé à Strasbourg. À l'origine il est doté de deux claviers et dix-sept jeux. Dans l'intervalle l'instrument a fait l'objet de nombreuses transformations. Au moment de la construction de la nouvelle église en 1765, l'orgue y est transféré par le fils aîné de Silbermann[30], Jean-André Silbermann, qui l'avait déjà complété de 3 jeux en 1762.
Afin de l'harmoniser avec l'autel et la chaire, le buffet est peint à son tour en blanc et or en 1790, tandis qu'un décor de feuillages rehaussé d'or souligne tous les éléments sculptés. Dans l'Alsace du XVIIIe siècle, un tel buffet peint reste exceptionnel[7].
En 1952 l'église est dotée d'un orgue mécanique neuf conçu par Ernest Muhleisen. De la réalisation de Silbermann il ne subsiste alors que le buffet et sept de ses jeux[13].
En 1997 le buffet fait l'objet d'un classement au titre des Monuments historiques[34], la partie instrumentale à son tour en 2000. Cette double reconnaissance favorise un projet de restitution de l'orgue Silbermann à son état d'origine. Démonté en 2011, sa restauration s'achève au printemps 2015[35]. Les parties anciennes des buffets, très altérées, en particulier toute l'ornementation, sont consolidées, les lacunes comblées. Un important travail de recherches auprès d'autres orgues de Silbermann ont été nécessaires pour reconstituer et compléter la boiserie. Tous les éléments ont ainsi pu reprendre leur place d'origine et leurs proportions initiales[36]. Le buffet d'orgue avait subi de nombreuses transformations. Initialement en bois ciré, il avait été peint dans les tons blanc et or en 1790, mais une étude stratigraphique menée en 2002 révèle une dizaine de couches superposées. L'ensemble est remis en peinture et doré à l'or fin à 24 carats, conformément à l'état de 1718[37].
Buffet de l'orgue principal restauré (état en 2022)
L'instrument est doté d'une console et d'une mécanique neuves. Le pédalier s'inspire de celui conservé dans l'orgue de l'abbaye Saint-Étienne de Marmoutier[38]. Tous les sommiers sont reconstitués. Trois grands soufflets cunéiformes en sapin se superposent dans le clocher situé derrière l'orgue. Ils peuvent être utilisés selon trois modes différents : tirés à la main, remplis par un ventilateur électrique ou actionnés par des robots[39]. La tuyauterie est également restaurée, mais seuls 520 tuyaux des 1 139 de 1718 (soit environ 46 %) étaient conservés. Les éléments manquants, notamment les tuyaux en bois, sont en copie stricte des anciens[40].
Un petit orgue de chœur Positif, doté de roulettes, est construit par le facteur Alfred Wild en 2001[56].
Panneaux peints
Le garde-corps des tribunes est habillé de 23 toiles peintes de format oblong, livrées en 1767 par le peintre et doreur strasbourgeois Pierre-Joseph Noël, représentant un cycle de scènes bibliques : 14 épisodes de l'Ancien Testament sur les retours de la tribune à l'Est et à l'Ouest et, au centre, 9 scènes du Nouveau Testament sur le côté Nord face à la chaire[57].
Dans l'ordre, de gauche (orgue) à droite, les scènes suivantes sont représentées[58] :
La chute d’Adam et d’Eve
Le sacrifice d’Isaac
Le serpent d’airain
David jouant de la harpe
L’hymne à l’Agneau, selon l’Apocalypse de Saint Jean
Elie montant au ciel dans un char de feu
Jonas et la baleine
L’Annonciation
La naissance de Jésus
Le baptême de Jésus
La crucifixion
La mise au tombeau
La Résurrection
L’Ascension
La Pentecôte
Le Jugement Dernier
L’arche de Noé
L’arc-en-ciel, image de l’Alliance de Dieu
L’échelle de Jacob
Moïse et les Tables de la Loi
Samson et le lion
David et Goliath
Daniel dans la fosse aux lions
La teinte bleu-vert des garde-corps, caractéristique de l'atmosphère du XVIIIe siècle, a été restituée. La restauration de l'ensemble, ainsi que le rafraîchissement des murs et du plafond, ont été achevés en 2014[57]. Le plafond à adoucissement, longtemps blanc, a retrouvé les motifs au trait, de forme géométrique, visibles sur une photographie de 1900[59].
Plaques
L'ameublement intérieur comporte également quelques tableaux et plaques de bronze. Le réformateurMartin Bucer y est particulièrement à l'honneur, avec notamment un médaillon à son effigie apposé à droite de la chaire, identique à celui de l'église Saint-Thomas de Strasbourg, réalisé par Johannes Riegger à partir d'une médaille frappée par Friedrich Hagenauer[60] en 1543. À gauche de la chaire, une plaque de bronze exécutée en 1929 par le sculpteur strasbourgeois Albert Schultz (1871-1953) montre Martin Bucer prêchant devant ses fidèles[61].
Liste des pasteurs depuis 1709
Au cours des travaux de restauration, la mention des pasteurs successifs a été découverte sur la cuve, dans une ouverture laissée visible sous l'escalier, à titre archéologique[26].
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↑En allemand, Zentner se traduit aujourd'hui par « quintal » (100 kilos), mais autrefois, notamment en Alsace et dans les pays germaniques, il correspondait plutôt à un poids de 50 kilos
↑Traduction : « Jésus Christ, Marie, Mathieu, Marc, Luc, Jean ; cette cloche fut fondue en l'an de grâce 1410 »
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يفتقر محتوى هذه المقالة إلى الاستشهاد بمصادر. فضلاً، ساهم في تطوير هذه المقالة من خلال إضافة مصادر موثوق بها. أي معلومات غير موثقة يمكن التشكيك بها وإزالتها. (يوليو 2016) حكومة صلاح الدين البكوش الثانيةمعلومات عامةالبلد تونس نظام الحكم الحماية الفرنسية في تونسالباي محمد الأ...
قصر العبيدمعلومات عامةنوع المبنى قصر وسجن.المكان الهفوف، المنطقة الشرقيةالبلد السعوديةتعديل - تعديل مصدري - تعديل ويكي بيانات سجن العبيد أو قصر العبيد كما كان يسمى أيضاٌ، يقع في شمال الهفوف القديمة بجانب قصر إبراهيم الأثري الذي تفصله عن براحة الخيل. حوله خندق من الشمال...
Battleground Telangana: Chronicle of an Agitation First editionAuthorKingshuk NagCountryIndiaLanguageEnglishSubjectTelangana movementPublisherHarperCollinsPublication dateJuly 2011ISBN978-93-5029-074-3 Battleground Telangana: Chronicle of an Agitation is a book written by Kingshuk Nag, a journalist and editor of The Times of India, about the Telangana movement in and before the formation of the state of Andhra Pradesh, India.[1][2] It was released in July 2011. Synopsis The bo...