En 2013, la série de photographies Where Do We Come From? What Are We? Where Are We Going? explore le deuil vis-à-vis de l'histoire coloniale[3].
En 2015, Kihara présente sa série de portraits photographiques A Study of a Samoan Savage, où Maui, représenté par le modèle Ioane Ioane, est soumis à des mesures anthropométriques déshumanisantes par des mains de blancs[4].
En 2019, Kihara crée son installation サーモアについてのうた [Sāmoa no uta] ‘A Song about Sāmoa’, deux séries de cinq kimonos en siapo sur la surface desquels deux fresques dépeignent Samoa, dans un style inspiré du nihonga[5]. Ces kimonos – créés avec les sœurs artisanes de tapa Ambronesia et Sylvia Hanipale et exposés à côté d'un kimono créé par Masako Kihara, la grand-mère de Yuki – incarnent et représentent les relations entre le Japon et l'Océanie[6].
Kihara a représenté la Nouvelle-Zélande à la Biennale de Venise en 2022 avec son exposition Paradise Camp, qui renverse les représentations de l'Océanie dans les canons de l'art occidental sur le mode camp[7]. En particulier, elle subvertit l'œuvre de Paul Gauguin pour revendiquer la Fierté collective d'être fa'afafine[8].
Thèmes
Selon la critique Pamela Rosi, l'œuvre de Yuki Kihara est traversée par des conceptions autochtones du temps comme un cycle spirituel, et développe les réflexions modernes autour du teu le vā, une idée des relations sociales comme des espaces dont il faut prendre soin[9]. Selon la critique Caroline Sinavaiana Gabbard, cette réflexion autour du vā, que l'on retrouve aussi dans l'œuvre de Kalisolaite 'Uhila, est une continuation de la pensée d'Albert Wendt et se rapproche de la philosophie de la Relation d'Édouard Glissant[10].
Pour Liang-Kai Yu et Eliza Steinbock aussi, la spatialité du concept de vā est cruciale dans l'œuvre de Kihara, particulièrement dans l'arrangement muséographique du pavillon néo-zélandais qu'elle a dirigé lors la Biennale de 2022. Cette exposition laisse selon eux entrapercevoir une utopie queer dans la subversion des musées et de leur monde[11].
Références
↑Katerina Teaiwa et Ioana Gordon-Smith, « About the Artist: Yuki Kihara », The Contemporary Pacific, vol. 34, no 2, , – (ISSN1527-9464, lire en ligne, consulté le )
↑Cameron Bates, « Te Papaʻs storm in a T-shirt », Sunday Star Times,
↑Mandy Treagus et Madeleine Seys, « Looking Back at Samoa: History, Memory, and the Figure of Mourning in Yuki Kihara’s Where Do We Come From? What Are We? Where Are We Going? », Asian Diasporic Visual Cultures and the Americas, vol. 3, nos 1-2, , p. 86–109 (ISSN2352-3085, DOI10.1163/23523085-00302005, lire en ligne, consulté le )
↑Ian Fookes, « Yuki Kihara’s ‘A Song about Samoa サーモアについてのうた’: Reimagining the Pacific through Japanese Relations », Ekistics and The New Habitat, vol. 81, no 3, , p. 68–88 (ISSN2653-1313, DOI10.53910/26531313-E2021813620, lire en ligne, consulté le )
↑Lisa Wilkie, « An octopus, a wave », Artnews NZ, , p. 72–75
↑Marie Bélœil, « Biennale de Venise. La Samoane Yuki Kihara revisite le paradis de Gauguin », Courrier international, (lire en ligne, consulté le )
↑Cécile Baquey, « Le paradis polynésien de Gauguin revu et corrigé par l’artiste samoane Yuki Kihara », Outre-mer la 1ère, (lire en ligne, consulté le )
↑Pamela Rosi, « Concepts of Ta Va in the art practice of Yuki Kihara », Pacific Studies Journal, (lire en ligne, consulté le )
↑Caroline Sinavaiana Gabbard, « Archipelagic Poetics in the Art of Kalisolaite ‘Uhila and Yuki Kihara », Journal of Transnational American Studies, vol. 10, no 1, (DOI10.5070/T8101044166, lire en ligne, consulté le )
↑Liang-Kai Yu et Eliza Steinbock, « Yuki Kihara's Paradise Camp as a potential Fa’afafine museum: Fabulous cohabitation in a shared world », Journal of Material Culture, , p. 13591835231210440 (ISSN1359-1835, DOI10.1177/13591835231210440, lire en ligne, consulté le )