Wang Bing (chinois : 王兵pinyin : Wáng Bīng) est un cinéaste chinois, né le à Xi'an[1]. Bien qu’il soit surtout l'auteur de documentaires, il a aussi réalisé quelques fictions.
Biographie
Après des études en photographie à l'académie des beaux-arts Lu Xun à Shenyang (province du Liaoning), de 1992 à 1995, il entre dans le département de la photographie de l'Académie du Film de Pékin, il y commence son expérience du métier. En 1997, il travaille comme photographe lors du tournage d'un film documentaire institutionnel. De 1999 à 2003, il commence à travailler seul, poursuivant un projet personnel et ambitieux : vivant dans un vieux quartier industriel de Shenyang, il filme et enregistre avec une caméraDigital Video (DV), la vie des ouvriers d'un quartier qui va bientôt être détruit du fait d'une réforme municipale. Ainsi naît le long documentaire (3 parties, plus de 9 heures de projection)[2], unique dans l'histoire du cinéma chinois indépendant, À l'ouest des rails (铁西区), tirant son nom de celui du quartier.
En , son film Le Fossé sort à Paris. Premier film de fiction de Wang Bing, il raconte la vie dans un camp de rééducation par le travail chinois dans le désert de Gobi en 1960. Wang Bing a eu l'idée de faire ce film en lisant, en 2004, en France, alors qu'il travaille à la Cinéfondation, le recueil de nouvelles de Yang Xianhui, Adieu, Jiabiang (Jiabiangou, près du désert de Badain Jaran), qui relate le destin tragique des hommes envoyés dans les camps de rééducation chinois entre 1958 et 1960. Après avoir travaillé comme documentariste sur la Chine au présent (À l'ouest des rails), Wang Bing a ressenti le besoin de rechercher les prémices cachées de ce qui se déroule actuellement. Il est donc parti à la rencontre de la centaine de survivants des laogai (camps de travail chinois), étiquetés à l'époque de « droitiers » ou « déviants de droite » (souvent pour des motifs fallacieux d'après le film) et a filmé ainsi de nombreuses heures d'entretiens comme documentation pour Le Fossé. Celui-ci a été tourné en hiver par −30 °C dans le désert de Gobi. Auparavant, Wang Bing avait tourné un documentaire de 3 h 20 (sorti en , également) Fengming, chronique d'une femme chinoise (2007) où il s'entretient avec Hé Fèngmíng auteure du livre Ma vie en 1957, sur son sort durant la campagne anti-droitiste à la fin des années 1950 puis, plus tard, durant la Révolution culturelle[3]. Les deux films se complètent. La vieille Fengming raconte, dans le documentaire, un épisode de sa vie qui évoque, comme dans Le Fossé, l'histoire d'une femme venue chercher le cadavre de son mari, et qui visite ce fameux dortoir-fossé.
↑Eloïse Duval, « Cannes 2023 : Todd Haynes, Justine Triet, Wes Anderson, Wang Bing et Catherine Breillat dans la sélection officielle », Libération, (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
Caroline Renard, Isabelle Anselme, François Amy de La Bretèque (éd.): Wang bing: Un cinéaste en Chine aujourd'hui, Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2014, engl. Wang Bing, making movies in China today, Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 2015
Antony Fiant, Wang Bing, un geste documentaire de notre temps. Laval, Warm, 2019. (ISBN9782955673973)
Elena Pollacchi: Wang Bing's filmmaking of the China dream : narratives, witnesses and marginal space, Amsterdam : Amsterdam University Press, 2021
Wang Bing: Wang Bing - The Walking Eye, Amsterdam, Paris: Roma Publications : LE 2021, 832 p.
Michael Guarneri: Conversations with Wang Bing, Bologna: Piretti, 2024
Bruno Lessard: The cinema of Wang Bing : Chinese Documentary between History and Labor, Hong Kong : Hong Kong University Press , 2024
Julie Savelli: Wang Bing. L'acte infini d'image: Anthropologie d'un art post-documentaire, Paris: Hermann 2024