En 2003, à la suite de la fermeture de l'aérodrome de Montaudran, le site est largement abandonné. Il est réinvesti dans le cadre du développement de projet de la zone d'aménagement concerté de Montaudran Aerospace, devenu Toulouse Aerospace. Ainsi, une partie des bâtiments – particulièrement le château de Lespinet-Raynal – est occupée par L'Envol des pionniers, un musée consacré à l'épopée de l'Aérospostale, tandis que les anciennes halles de montage sont devenues un incubateur d'entreprises, la Cité, porté par la région Occitanie.
Histoire
La Première Guerre mondiale et la création de l'usine
En effet, Pierre-Georges Latécoère s'oriente vers la construction aéronautique car il a obtenu le 22 septembre 1917 une commande du service des fabrications de l'aviation, dépendant du ministère de l'Armement, pour la réalisation de 1 000 exemplaires d'un avion de reconnaissance, le Salmson 2, au prix unitaire de 25 000 francs, pour une valeur totale de 25 millions de francs[2]. L'usine de Montaudran, qui sort de terre entre la fin de l'année 1917 et le début de l'année 1918, comprend une halle de montage, une piste engazonnée pour le nouvel aérodrome, des ateliers et des bureaux. Pierre-Georges Latécoère aménage également le site en établissant à ses frais un nouveau tracé du chemin Carrosse, un nouveau passage à niveau et une maison de garde-barrière[3]. Le site emploie alors près de 1 500 ouvriers et ingénieurs, et devient la première usine de fabrication d'avions de la ville, produisant entre 500 et 800 appareils jusqu'à la fin de la guerre[4].
L'entre-deux-guerres
Le , jour de l'Armistice, Pierre-Georges Latécoère inscrit au tribunal de commerce de Toulouse les statuts de la première compagnie aérienne française, la Compagnie Espagne Maroc Algérie (CEMA) : c'est depuis la piste de l'aérodrome de Montaudran que décolle, le , le premier avion civil vers Barcelone, piloté par René Cornemont[5]. En 1921, l'entreprise devient la Compagnie générale d'entreprises aéronautiques (CGEA)[6].
De l'autre côté de la voie ferrée, l'activité est également importante dans les usines Latécoère, qui comptent encore plusieurs centaines d'ouvriers. En 1939, Louis Breguet et Pierre-Georges Latécoère fondent la Société méridionale aéronautique (SMA), avec un effectif de 1 700 ouvriers venus des usines Breguet du Havre et de Bouguenais[9].
Les usines Breguet de Montaudran et de Saint-Martin-du-Touch travaillent pour l'occupant allemand et deviennent des objectifs pour les bombardementsalliés. Dans la nuit du 5 au 6 avril 1944, les usines sont dévastées par un bombardement anglo-américain. Un avion, après avoir explosé, s'écrase près de la route de Revel (actuelle avenue Antoine-de-Saint-Exupéry)[11],[12]. Les installations d'Air France, contraint depuis 1943 d'effectuer des opérations de maintenance pour la Lufthansa, sont également durement touchées.
Dans la seconde moitié du XXe siècle
En 1955, la cité Carrosse est construite face à l'entrée des usines Breguet (actuels no 52-60) afin de loger une partie des ouvriers. L'activité aéronautique se poursuit également, quoique, en 1947, le ministère des Transports établisse que l'aérodrome de Montaudran est un « aérodrome privé agréé avec restriction, réservé exclusivement au centre d'ateliers de réparations d'Air France »[13].
En effet, l'usine apparaît trop exiguë pour la fabrication du Br-1150 Atlantic. En 1959, la société des ateliers d'aviation Louis Breguet fait l'acquisition d'un terrain de 13 hectares à Colomiers, en bordure de l'aéroport de Toulouse-Blagnac (actuel 15 avenue Yves-Brunaud/chemin de la Crabe). Les activités de construction aéronautique y sont déménagées[14]. Le site de Montaudran est dès lors transformé en centre d'essai et de maintenance. En 1967, un rapprochement s'opère entre la société des ateliers d'aviation Louis Breguet et la société des avions Marcel Dassault : il s'achève en 1971 avec la fusion des bureaux d'études, des administrations générales, puis des ateliers, au sein de la société Avions Marcel Dassault-Breguet Aviation (AMD-BA)[15].
L'entreprise Air France Industries poursuit quant à elle son activité de maintenance des avions jusqu'en 2003, après son déménagement à Blagnac au cœur du site AéroConstellation[16].
Au XXIe siècle
Au début du XXIe siècle, le quartier se transforme profondément. En 2003, à la suite de la fermeture définitive de l'aéroport de Montaudran et des derniers ateliers de maintenance aéronautique, une partie des terrains industriels qui bordent le chemin Carrosse sont dévolus à de nouvelles activités artisanales ou tertiaires. Les anciennes halles Latécoère abritent depuis 2020 la Cité des start-up, aménagée par le conseil régional d'Occitanie[17], et les anciens locaux d'Air France Industries le lycée professionnel privé Skhole d'art.
Les trois grandes halles de montage sont construites entre 1917 et 1918, à l'initiative de Pierre-Georges Latécoère, sur un terrain au nord de la voie ferrée de la ligne de Toulouse à Sète. Elles abritent les premières constructions aéronautiques à Toulouse, avec le montage d'avions de guerre – le Salmson 2 –, puis d'avions commerciaux et aéropostaux. En 1940, à la suite de difficultés financières, Pierre-Georges Latécoère vend l'usine à Louis Breguet. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production connaît des aléas nombreux et, après le bombardement du 6 avril 1944, les bâtiments sont en partie détruits. Louis Breguet reconstruit et agrandit alors le site pour produire des bombardiers, puis des avions de ligne. Les halles sont ensuite transformées en entrepôts pour la compagnie Air France, puis pour la société de transport routier United Transport Logistics (UTL).
Entre 2019 et 2020, les halles de montage sont rénovées et réhabilitées par l'agence régionale d'aménagement et de construction (ARAC) de la région Occitanie, sous la direction de l'agence Taillandier Architectes Associés. Les bâtiments sont dévolus à la Cité, un incubateur d'entreprises porté par le conseil régional. Ils regroupent des espaces de travail pour les start-up, mais aussi un Fab lab, une salle de conférence de 200 places, des salles de réunion et des espaces de travail collaboratif et un espace événements de 1 200 m2[18],[19].
Les halles sont constituées de trois nefs de 30 mètres de portée et 130 mètres de long environ, offrant chacune une surface au sol de plus de 3 080 m2. La nef centrale est couverte par une charpentemétallique qui repose sur des piliers de brique, tandis que les nefs latérales sont couvertes par une charpente en béton armé cintré. Le traitement moderne des façades transversales évoquent les façades construites en 1918, mais disparues après les destructions de 1944. Elles reprennent le principe de façade légère par l'utilisation de lames métalliques verticales torsadées. Les poteaux de l'auvent en béton, qui protégeait le quai de déchargement, sont mis à nu. La façade latérale présente une alternance de poteaux et d'ouvertures, tout en disposant de lames verticales au niveau de chaque ouverture. Au-dessus de l'entrée, les lames brise-soleil forment une marquise qui protège l'entrée principale du bâtiment.
Atelier des moteurs
Rue Beppo-de-Massimi
En 2022, l'ancien atelier est rénové par l'agence toulousaine Letellier Architectes. Il est transformé en parc de stationnement couvert de 84 places, accessible par la rue Beppo-de-Massimi.
Le château de Lespinet-Raynal – parfois désigné comme le Petit-Espinet – s'élève au sud de la voie ferrée de la ligne de Toulouse à Sète. Il est utilisé comme bâtiment de direction. Il se compose d'un rez-de-chaussée surélevé et un étage. Sa façade à cinq travées est symétrique.
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Protection
Le 21 juillet 1997, une partie des bâtiments de l'usine et de l'aéroport de Montaudran est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques. La protection concerne un certain nombre des bâtiments subsistants : le bâtiment de la salle d'attente des passagers, les anciennes halles de montage Latécoère et le château du Petit Espinet-Raynal. Elle sétend également à l'emprise de la piste, depuis son extrémité nord-ouest jusqu'au niveau de l'ancien bâtiment de direction[20].
↑Laurent Albaret, « Ce jour-là... 25 décembre 1918 ouverture du premier tronçon de la ligne. L'aéropostale se lance dans l'aventure », Le Fana de l'Aviation, no 589, , p. 68-78.
↑David Saint-Sernin, « Toulouse. Il y a pile 100 ans, voici comment Latécoère a fait décoller le premier avion civil à Montaudran. », actu.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Nicolas Neiertz, « Argent, politique et aviation. L'affaire de l'aéropostale (1931-1932) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 24, no 1, , p. 29–40 (DOI10.3406/xxs.1989.2183, lire en ligne, consulté le ).
Jean-Marc Olivier, « Latécoère, de la gloire à la survie. Un fabricant d'hydravions devenu sous-traitant de premier rang. », Entreprises et histoire, vol. 73, no 4, , p. 100 (ISSN1161-2770 et 2100-9864, DOI10.3917/eh.073.0100, lire en ligne, consulté le )