En 2018, elle comprend 18 000 agriculteurs adhérents, 4 800 salariés et 300 sites commerciaux et industriels. La coopérative s'est diversifiée vers d'autres métiers (jardineries, fioul, espaces verts, bio-énergie…) complémentaires des métiers agricoles. Elle a été mise en cause lors de l'affaire des algues vertes[2] et dans diverses controverses [3].
Histoire
Triskalia est née en de la fusion de 3 coopératives[4]. La plus ancienne est Coopagri Bretagne qui trouve ses racines en 1911 avec la fondation de l'Office central de Landerneau[5]. La Coopérative des Agriculteurs du Morbihan (CAM56) est née en 1933, en pleine crise agricole. L'Union Eolys est issue du regroupement, en 2003, des coopératives Douphine, Dynal et Trieux, créées respectivement en 1945, 1946 et 1950.
Le projet de fusion des 3 coopératives a été annoncé en et voté lors de leurs assemblées générales les 10 et . Le , l’Autorité de la concurrence a rendu un avis favorable à la fusion[6]. La fusion est effective depuis le . Le nom Triskalia est formé à partir de tri (trois) et du mot triskell, qui évoque ainsi l'ancrage territorial de la coopérative.[Comment ?]
En 2011, Triskalia a créé une chaire école-entreprise avec deux autres coopératives (Agrial et Terrena) et trois grandes écoles de l’ouest (Agrocampus à Rennes, le groupe ESA à Angers et Oniris à Nantes)[7]. La coopérative a aussi participé à la création d’Agrihub, première centrale d’achat en agrofourniture[8].
En 2012, Triskalia a fusionné ses filiales de commercialisation de légumes frais, Primeurs des Iles-Sévère et Sicagri-Ollier, au sein d’une nouvelle entité : Keltivia[9].
En 2016, Triskalia lance la Boutik' Triskalia, site de vente en ligne de matériel et produits pour élevage agricole[10].
En , les coopératives d'Aucy et Triskalia annoncent un projet de fusion de leurs activités, annonce faite au siège de la région Bretagne[11]. Dans un premier temps, les deux coopératives vont se rapprocher au sein d'une union, pendant 2 ans, avant de fusionner pleinement leurs activités[12].
En , des salariés de la coopérative se rassemblent, à l'appel de la direction[13], à l'extérieur de plusieurs sites du groupe pour protester contre les actions de dénigrement et les « attaques personnelles » dont ils feraient l'objet de la part d'un « groupuscule composé de quelques activistes »[14],[15].
L'Autorité de la concurrence valide en l'union des deux groupes, d'Aucy et Triskalia, dont le futur nom, Eureden, est choisi par l'agence Næmes en . Eureden est en 2020 la première coopérative agricole bretonne avec un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros, 63 sites industriels et 310 magasins[16]. Le nouveau groupe compte plus de 20 000 agriculteurs adhérents et plus de 9 000 employés[17].
Activités
Agriculture : conseils, produits et services destinés aux agriculteurs pour leurs productions animales et végétales ;
Agroalimentaire : transformation et commercialisation de produits alimentaires (produits laitiers, viande bovine et porcine, volaille, œufs, légumes frais et pommes de terre, légumes industrie) ;
Distribution : jardineries et libre-service agricole (Magasin Vert, Point Vert, Point Vert Le Jardin), animalerie (Terranimo), distribution professionnelle (machinisme agricole et matériel espaces verts avec Cultivert, fioul avec Sicarbuouest…).
Sites
Le site de Glomel s'étend sur 12 hectares. Ce site qui permet de stocker 65 000 tonnes de produits est classé Seveso seuil haut[18]. En 2018, l'entrepôt de la partie distribution s'installe à Rostrenen, dans un bâtiment de 28 000 m²[19].
En [26], à l'usine Nutréa, appartenant à la coopérative Eolys (devenue Triskalia en ) de Plouisy, plusieurs salariés sont exposés à un pesticide[27],[28] interdit depuis , le Nuvan total[29], à la suite d'un traitement fait plus tôt sur des céréales[30],[31]. En , le groupe Nutréa, filiale de Triskalia, est mis en cause par des salariés de Plouisy pour intoxication.
Quatre salariés du site, appuyés par le syndicat SUD Industrie, membre de l'Union syndicale Solidaires, ont ensuite porté plainte contre l'entreprise Eolys devenue Triskalia pour intoxication devant le tribunal des affaires de Sécurité sociale, le tribunal des Prud'hommes, et également au pénal[32],[33]. Après plusieurs arrêts maladies consécutifs, deux d'entre eux ont été déclarés inaptes par la médecine du travail. Les deux autres salariés tentent actuellement de faire reconnaître leur hypersensibilité chimique multiple en maladie professionnelle. La MSA n’a pas reconnu le caractère professionnel de leur maladie, considérant qu’il n’y a pas de lien avec leur travail. Les quatre ont été licenciés par Nutréa pour inaptitude, après que ceux-ci aient refusé les solutions de reclassement proposées, « en raison de l'environnement chargés en produits chimiques, et de l'éloignement géographique des postes proposés »[26],[34],[35].
Le , le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Saint-Brieuc a reconnu la faute inexcusable de Nutréa[36] vis-à-vis des deux premiers, dont les intoxications avaient été reconnues en accident du travail. Nutréa n'a pas fait appel de cette décision[37],[38]. Le , le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociales de Saint-Brieuc a annoncé que leur préjudice était estimé a 114 000 euros pour Laurent Guillou et 105 000 euros pour Stéphane Rouxel[39],[40].
Ces deux victimes ont également saisi les prud'hommes pour contester le motif de leur licenciement et obtenu gain de cause[41],[42]. Une plainte au pénal a également été déposée, classée une première fois puis relancée, elle en est au stade de l'enquête préliminaire[43].
La Commission des pétitions du Parlement européen demande en à la Commission européenne l'ouverture d'une enquête « sur l’utilisation des produits phytosanitaires dans l’entreprise Triskalia, et plus largement dans les autres entreprises du secteur agroalimentaire de Bretagne »[44].
Un « collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'ouest » naît, à la suite de « l'affaire Triskalia », en [45]. Il obtient l'écoute de la Commission européenne[46] et reçoit le soutien de la députée Eva Joly[47].
Importation de maïs traité à la phosphine
En , Triskalia importe de Roumanie et débarque à Brest 25 000 tonnes de maïs traité à la phosphine, gaz mortel par inhalation[48],[49].
En , les députés de la commission des pétitions du Parlement européen demandent à l'unanimité « à la France de rendre publics les résultats des analyses concernant le maïs contaminé à la phosphine stocké sur le port de Brest »[44]. La Commission européenne diligente une enquête en Bretagne du commissaire Vytenis Andriukaitis en , sur la question du maïs traité à la phosphine ainsi que, plus généralement, sur l'utilisation des pesticides en région Bretagne[47],[50],[51].
La direction de Triskalia assure en « qu’un contrôle de la marchandise « a révélé une absence totale de résidus » »[48]. Au terme d'analyses commandées par l'État, cependant, 1 639 tonnes de maïs ont été déclarées impropres à la consommation animale et détruites[52].
Intoxications et pollutions sur le site de Glomel
France Culture révèle le que sur le site Triskalia de Glomel un nombre anormal de salariés et ex-salariés est atteint de cancers[53],[54].
Selon le « Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l'ouest », sur les 9 salariés affectés au stockage des produits phytosanitaires à Glomel en 1992, 5 sont décédés avant 70 ans dont 4 par cancer, 4 sont actuellement atteints de cancer[55].
Noël Pouliquen, manutentionnaire depuis 1996, ayant développé un lymphome non hodgkinien[50] en 2015 à l'âge de 47 ans, a été reconnu en maladie professionnelle le par la Mutualité Sociale Agricole (MSA) au titre du tableau 59 du régime agricole[45]. La justice reconnaît en 2019 « la faute inexcusable de l’employeur Triskalia à l’encontre de Noël Pouliquen »[56],[57].
En , le site de Glomel est brièvement occupé par des faucheurs volontaires, qui dénoncent les effets sur la santé des produits phytosanitaires stockés[58],[59].
Lait contaminé aux antibiotiques
Un éleveur des Côtes-d'Armor porte plainte en contre la coopérative Triskalia qui lui avait livré des aliments médicamenteux pour lapins en lieu et place de nourriture pour bovins, alors même que ces produits (oxytétracycline, tiamuline et néomycine) ne sont pas autorisés pour l'alimentation bovine[60]. L'entreprise reconnaît une erreur de livraison[61]. La production laitière de l'éleveur étant partie sur les circuits de distribution[62], l'éleveur poursuit Triskalia pour 9 chefs d'accusation, dont ceux de mise en danger de la vie d'autrui, tromperie caractérisée, atteinte volontaire à l'intégrité et à la vie d'un animal[61]. La direction départementale de la protection des populations confirme la pollution des aliments[63]. Le collectif de soutien aux victimes de Triskalia indique que « le lait collecté dans cette ferme a pu contaminer la production de lait infantile, sans que la coopérative n’avertisse les autorités sanitaires et ne prenne de mesures de précaution pour la chaîne alimentaire »[64].
Licenciements sans cause réelle, sérieuse et licenciement au titre de maladie professionnelle
Deux anciens employés de Triskalia gagnent des indemnités à hauteur de 100 000 euros le jeudi aux prud'hommes de Guingamp pour licenciements sans cause réelle et sérieuse et pour licenciement au titre de maladie professionnelle[65].
↑Stanislas Du Guerny, « Face à la baisse des budgets, grandes écoles et universités multiplient les chaires d’entreprise. », Les Echos, (lire en ligne)
↑Hélène Laurandel, « La centrale d'achat Agrihub est née », Agrodistribution,
↑D.B., « Keltivia expédie les légumes bretons
sur tous les marchés », Tribune verte, (lire en ligne)
↑« Triskalia lance son site de e-commerce : Laboutik-triskalia.fr - Cultivert », Cultivert, (lire en ligne, consulté le )
↑« Noces bretonnes entre D’Aucy et Triskalia », Le Monde, (lire en ligne).
↑« Grâces - Triskalia. Le ras-le-bol des salariés », Le Telegramme, (lire en ligne, consulté le )
↑Thierry Peigné, « Triskalia: rassemblements contre des "actions de dénigrement" de la coopérative », France 3 Bretagne, (lire en ligne, consulté le )
↑Valérie Le Nigen, « Les salariés de Triskalia manifestent en soutien à leur entreprise », France Bleu, (lire en ligne, consulté le )
↑Julie Lallouët-Geffroy et Inès Léraud, « Le drame des salariés de Triskalia intoxiqués aux pesticides », Reporterre, le quotidien de l 'écologie, (lire en ligne, consulté le )
↑« Logistique. L’entrepôt Distrivert transféré de Landerneau à Rostrenen », Ouest-France, (lire en ligne)
↑Le Monde avec AFP, « Intoxication aux pesticides à la coopérative bretonne Triskalia : deux victimes indemnisées », Le Monde, (lire en ligne)
↑Jade Lindgaard, « Triskalia: indemnisation historique de deux salariés victimes de pesticides », Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
↑Cathy Dogon, « Affaire Nutréa-Triskalia : les Prud'hommes condamnent l'entreprise pour licenciements abusifs », France 3 Bretagne, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bAlexandra Chaignon, « Pesticides. La France sommée de rendre des comptes dans l’affaire Triskalia », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
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↑Hamiot, « Ex-salariés de Triskalia : le collectif reçu ce lundi par le commissaire européen à la santé », France 3 Bretagne, (lire en ligne, consulté le )
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↑Patrick Herman, « Pratiques criminelles dans l'agroalimentaire », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
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↑Inès Léraud et Anna Szmuc, « Collection Particulière : Paysans et salariés de l'agroalimentaire breton », France Culture, (lire en ligne, consulté le )
↑Inès Léraud, « La peste soit des pesticides ! », Le Canard enchaîné, , p. 5