Traité d'alliance et Convention militaire du 4/17 août 1916 entre la Roumanie, la France, la Grande Bretagne, l'Italie et la Russie. Documents exposés au Palais Cotroceni, Bucarest
Le traité prévoyait que la Roumanie attaquerait les Empires centraux, en pratique l'Autriche-Hongrie, avec l'aide et en coordination avec l'armée impériale russe, et qu'en échange, l'Entente permettrait à la Roumanie, en cas de victoire, de s'agrandir des territoires à majorité roumaine à l'issue de la guerre, selon des modalités restant à définir (plébiscites, tracé des nouvelles frontières).
L'avance de l'armée roumaine fut d'abord facile, l'Autriche-Hongrie n'ayant laissé que peu de troupes sur cette frontière. Cependant, à la mi-septembre, l'offensive fut enrayée, des troupes allemandes et bulgares ayant lancé une vigoureuse contre-attaque.
En décembre 1918, la dislocation de l'Autriche-Hongrie vaincue permet l'union de la Bucovine et de la Transylvanie à la Roumanie, reconnues par les traités de Saint-Germain en 1919 et de Trianon en 1920. En outre, un autre rattachement, non prévu par le traité de Bucarest de 1916, est celui de la république démocratique moldave proclamée en 1917 à la faveur de la dislocation de l'Empire russe[4], de sorte qu'à l'issue de la guerre, la Roumanie triple son territoire, mais à un prix économiquement et humainement très élevé : la Roumanie perdit 120 000 hommes sur 4 700 000 habitants au cours de la Première Guerre mondiale[5].
Depuis 1948, la superficie de la Roumanie n'a plus varié et au XXIe siècle comprend 117 659 km2 issus de la dislocation de l'empire austro-hongrois, soit 48% de sa superficie totale (238 391 km2), héritage du Traité de Bucarest de 1916 confirmé ultérieurement par d'autres traités, le plus récent étant celui de Paris de 1947[6].
↑Les revendications roumaines suscitèrent la réaction des historiens des Empires voisins, comme Franz-Josef Sulzer, Josef-Karl Eder, Johann-Christian von Engel ou Eduard-Robert Rössler dans son livre Romänische Studien, untersuchungen zur älteren Geschichte Rumäniens, Leipzig 1871, qui se mirent à affirmer que les Roumains seraient apparus en Dacie aurélienne, dans les Balkans, et ne seraient arrivés en Hongrie et Moldavie qu'à partir du XIIIe siècle, ce qui crée une interrogation : pourquoi, auparavant, les Carpates et le Danube auraient-ils été facilement franchissables pour les Goths, les Huns, les Avars, les Slaves, les Bulgares et les Magyars, mais totalement infranchissables pour les locuteurs langues romanes orientales, alors que les chroniques anciennes décrivent ces « Valaques » comme des pasteurstranshumants semi-nomades ? Cf. E. Petrović, cité par D. Macrea dans Probleme de lingvistică romînă, Bucarest 1961, p. 58-59, et Ferdinand Lot dans son livre La Fin du monde antique et le début du Moyen Âge, La Renaissance du Livre, Paris, 1927 sur [1].
Références
↑Traian Sandu, Histoire de la Roumanie, éd. Perrin, Paris 2008, p. 265.
↑Florin Constantiniu, Une histoire sincère du peuple roumain, 4e édition revue et augmentée, éd. Univers encyclopédique, Bucarest, 1997.
↑Jean-Noël Grandhomme, Michel Roucaud et Thierry Sarmant (préf. André Bach), La Roumanie dans la Grande Guerre et l'effondrement de l'Armée russe : édition critique des rapports du général Berthelot, chef de la Mission militaire française en Roumanie, 1916-1918, Paris, Harmattan, coll. « Aujourd'hui l'Europe », , 461 p. (ISBN978-2-7475-0154-5, OCLC716779359, lire en ligne), p. 392-394.