Le « pays des Motses » tire son nom de ses habitants, les Motses (en roumainMoți). Leur nom, sans connotation administrative ou politique, est proche du mot roumain moț (prononcé "mots") signifiant « motte », peut-être en raison du caractère montagnard du pays, ou peut-être en référence à leurs anciennes fortifications : les posades, mais cette étymologie est incertaine et discutée. L'identité des Motses et de leur pays est d'ordre ethnographique, pastorale et historique : c'est une ancienne « valachie » transylvaine régie par le jus valachicum, orthodoxe et roumanophone (oláhszég, vlaška, vlašina…). Ces « valachies » sont, plus savamment, appelées « Romanies populaires »[1].
Leurs habitants ont une longue tradition de défense de leurs droits et terroirs : les Motses ont envoyé de nombreux combattants à la révolte de Bobâlna de 1437, à la révolution transylvaine de 1784 et à la révolution roumaine de 1848, et les leaders des deux dernières insurrections : Horea (Vasile Ursu Nicola), Cloșca (Ion Oargă) et Crișan (Marcu Giurgiu) en 1784, Avram Iancu en 1848, étaient eux-mêmes Motses[2]. Ils ont aussi formé des maquis de résistance anti-fasciste dans les années 1940-1944 et anti-communiste dans les années 1949-1953[3] et en 2013 ils ont organisé de grandes manifestations de masse contre l'extension de l'exploitation minière de Roșia Montană, génératrice de pollutions au cyanure et au mercure, alors que leur région est très touristique[4].
↑Alexandru Avram, Mircea Babeş, Lucian Badea, Mircea Petrescu-Dîmboviţa et Alexandru Vulpe (dir.), Istoria românilor : moştenirea timpurilor îndepărtate (« Histoire des Roumains : l'héritage des temps anciens ») vol.1, éd. Enciclopedică, Bucarest 2001, (ISBN973-45-0382-0). Pour ces « temps anciens », les documents irréfutables sont rares, fragmentaires et souvent imprécis, et les historiens roumains s'appuient surtout sur la linguistique, ce qui a permis, aux XIXe et XXe siècles (époque du développement des nationalismes exclusifs) la mise en cause de la notion de « valachie » ou « romanie populaire », bien que celle équivalente de « sklavinie » (pour les locuteurs des langues slaves), soit pour sa part, généralement bien admise. Pour l'historiographie hongroise moderne, une « valachie » (vlachföld) comme le pays de Motses, régie par le « droit valaque » (vlach jog) n'est rien de plus qu'une exemption de taxes accordée par les rois de Hongrie à leurs nobles pour défricher des terres royales avec des ouvriers agricoles valaques importés des Balkans (voir Béla Köpeczi (dir.), (hu) Erdély rövid története, plusieurs fois réédité chez Akadémiai Kiadó (ISBN963 05 5901 3) - abrégé (fr) Histoire de la Transylvanie, Budapest, Akademiai Kiadó, 1992). Ces mises en cause par la méthode hypercritique systématiquement appliquée aux historiens roumains, ont produit dans la cartographiehistorique et dans la majeure partie des sources secondaires l'impression que les locuteurs des langues romanes orientales auraient énigmatiquement disparu durant mille ans aux IIIe et XIIIe siècles pour ressurgir « miraculeusement » ensuite, comme l'écrit Gheorghe I. Brătianu, (ro) O enigmă și un miracol istoric: poporul român (« Une énigme et un miracle historique : le peuple roumain »), ed. Fundația Academia Civică, Bucarest 2019, (ISBN9786068924069) ; le Dictionnaire historique français de Michel Mourre, (ISBN9782047321942), dans son article sur les origines des Roumains, adopte intégralement la thèse de la « disparition durant mille ans » pour qualifier les thèses roumaines, sans plus de nuances, de « nationalistes et infondées ». Selon ce point de vue, les Motses sont donc issus d'un « miracle ».
↑Coriolan Suciu, Dicționar istoric al localităților din Transilvania, éd. de l'Académie roumaine, Bucarest 1967-1968 et Mario Solomon sur [1]
↑Georges Diener, article Résistance paysanne et maquis en Roumanie de 1945 à 1965, in : « Genèses » n° 43, pp. 145-158, éd. Belin, Paris 2001/2