Fils de Roger de Martel de Janville et de son épouse, née Sibylle de Mirabeau, romancière connue sous le nom de Gyp, Thierry de Martel est élevé dans un milieu nationaliste, patriote et antidreyfusard.
Militant de l'Action française, il rejoint le Faisceau de Georges Valois et en devient le président de la corporation des médecins, mais il s'en éloigne dès 1926. Il adhère au Parti social français et devient le premier président de sa filiale sociale, Travail et loisirs, dont il démissionne en pour des raisons professionnelles, assurant le colonel François de La Rocque de son attachement mais faisant savoir à Joseph, duc Pozzo di Borgo qu'il se faisait « l'effet d'un enfant de Marie attardé au milieu d'autres enfants de Marie, sans initiative »[2].
Activités médicales
Thierry de Martel développe la neurochirurgie en France avec son collègue Clovis Vincent. Chirurgien réputé à Paris durant les années 1920-1930, on lui doit de très nombreux travaux spécialisés qui ont contribué à faire de la neurochirurgie une branche autonome de la chirurgie. Il porte un grand intérêt à l'amélioration des techniques opératoires dans cette spécialité naissante et invente notamment un instrument permettant une trépanation sûre et à bords nets, le « trépan à débrayage automatique de Martel »[3]. Entretenant de fructueuses relations avec ses collègues neurologues, il collabore notamment avec Joseph Babinski, avec qui il publie en 1909 le premier cas français d'ablation d'une tumeur du cerveau réalisée avec succès.
Il se suicide le dans son appartement de la rue Weber, jour de l'entrée des troupes allemandes à Paris, en absorbant de la strychnine[1],[4].
Il laisse une note à l'intention de son épouse : « Les quelques années qui nous restent à vivre ne valent pas d'être vécues. Je ne veux pas voir mon pays devenir un petit Portugal. »[5], et pour Bullit, « Je vous ai promis de ne pas quitter Paris. Ne vous ai pas dit si j'y resterai mort ou vivant. Adieu. Martel ». André Maurois écrit à l'annonce de sa mort : « Avec lui nous perdons un ami incomparable. »[6]. Il est enterré au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine.
Traitement opératoire des plaies du crâne, Masson (Paris), 1918.
La Thérapeutique des tumeurs cérébrales : technique chirurgicale, impr. médicale et scientifique (Bruxelles), 1926.
En collaboration
avec Charles Chatelin : Blessures du crâne et du cerveau : formes cliniques, traitement médico-chirurgical, préface du professeur Pierre Marie, Masson (Paris), 1917, lire en ligne sur Gallica.
avec Clovis Vincent : Diagnostic et traitement des syndromes d'hypertension intracrânienne, [Clermont, Oise, impr. Thiron], 1925.
avec Jean Guillaume : Neurinome des nerfs mixtes : opération, guérison, Masson (Paris), 1932.
avec Jean Guillaume : Présentation de malades opérés par un nouveau procédé d'utilisation des courants à haute fréquence en neuro-chirurgie : statistique opératoire depuis l'emploi de cette méthode, Masson (Paris), 1932.
avec Edouard Antoine : Appendicites chroniques : Étude clinique et traitement médico-chirurgical, impr. de l'Édition artistique ; S.E.P. (Paris), 1933.
avec Jean Guillaume : Remarques sur la conduite à tenir en présence de troubles bulbaires dans les tumeurs de la fosse cérébrale postérieure, Masson (Paris), 1937.
André Maurois : « Il se tua, il s’appelait Thierry de Martel », in : L’Histoire pour tous, no 9, .
André Sicard : « Thierry de Martel, seigneur de la chirurgie et homme d'honneur », in : Histoire des sciences médicales,1992, 26 (2), p. 99-104, [lire en ligne].
Jacques Philippon : « Histoire de la neurochirurgie à la Pitié Salpêtrière », in : Histoire des sciences médicales, 1997, 31 (2), p. 173-180, [lire en ligne].
Isabelle Mahéo de La Tocnaye : Thierry de Martel, fils de la romancière Gyp : pionnier de la neurochirurgie française 1875-1940, [Thèse de médecine, Rennes], 1979.