Marie-Madeleine-Claudine Lidoine est née . Lorsqu'elle se présente pour rentrer au Carmel, elle ne parvient pas à rassembler la dot nécessaire[Note 1]. La mère supérieure du couvent de Saint-Denis, Mère Thérèse de Saint-Augustin[Note 2], lui verse alors sa dot pour faciliter son admission. En reconnaissance, la jeune carmélite prendra comme nom de religion, le même nom que sa bienfaitrice : Sœur puis Mère Thérèse de Saint-Augustin[1].
La Révolution
Lorsque la Révolution française éclate en 1789, Mère Thérèse de Saint-Augustin est la supérieure du couvent[1] du Carmel de Compiègne qui compte vingt-et-une religieuses.
À cause du décret du qui supprime les Ordres religieux, chaque carmélite est invitée à déclarer si son intention est de sortir de son monastère. Toutes affirment « vouloir vivre et mourir dans cette sainte maison ». En , Mère Thérèse de Saint-Augustin est réélue prieure[2]. Les religieuses sont expulsées du couvent en .
La Consécration pour la France
Un siècle avant la Révolution, une carmélite de ce monastère, sœur Élisabeth-Baptiste, avait vu en songe toutes les religieuses de son couvent dans la gloire du ciel, revêtues de leur manteau blanc et tenant une palme à la main[Note 3]. L'interrogation quant à l'éventualité d'un martyre pour les religieuses de ce couvent était restée présente tout au long du siècle, jusqu'à l'arrivée de la Révolution et du début des violences.
En , lorsque mère Thérèse sent dans la communauté monter le désir du martyre, elle propose aux religieuses, de faire un acte de consécration par lequel « la communauté s'offrirait en Holocauste[Note 4] pour apaiser la colère de Dieu et (pour) que cette divine paix que son cher Fils était venue apporter au monde fût rendue à l'Église et à l'État ».
Cette consécration est faite d'enthousiasme par toutes les religieuses, sauf deux, plus anciennes, qui expriment leurs craintes. Elles sont moins émues par le sacrifice lui-même que de la manière dont il devra s'accomplir (la guillotine). Mais quelques heures plus tard, en pleurant, elles sollicitent la faveur de prêter à leur tour le serment, et ainsi de se joindre à leurs sœurs.
Chaque jour, la communauté renouvelle sa consécration, et son engagement à mourir pour la France[3].
Le , en application de la loi sur les congrégations religieuses, les carmélites sont expulsées de leur couvent. Elles sont hébergées dans la ville de Compiègne par quelques familles, et vivent réparties en petits groupes dans quatre maisons, étroitement surveillées par la police locale. Elles n'en continuent pas moins, mais secrètement, de mener leur vie selon la Règle de sainte Thérèse d'Avila et de se rendre discrètement à la messe.
Le martyre
Les lois de Prairialan II durcissent la politique anti-religieuse et le , les religieuses sont arrêtées et incarcérées dans l'ancien couvent de la Visitation devenu prison. Elles sont envoyées le 12 juillet à Paris pour être jugées.
Arrivées dans la cour de la Conciergerie après un voyage harassant, les sœurs, les mains liées dans le dos, doivent se débrouiller comme elles le peuvent pour descendre rapidement de la charrette.
Les religieuses sont jugées sommairement, condamnées et conduites pour l'exécution place de la Nation le . Lors de l'exécution d'une communauté de religieuses, les bourreaux avaient l'habitude de faire passer le ou la supérieure de la communauté en premier, puis successivement tous les religieux, du plus âgé au plus jeune. Exceptionnellement, pour cette exécution, ce fut l'inverse : Constance de Jésus, la plus jeune carmélite s'agenouille devant sa supérieure pour recevoir sa bénédiction[2]. Puis toutes les autres religieuses suivent (après avoir reçu la bénédiction de Mère Thérèse), et enfin, la carmélite monte à son tour sur l’échafaud[3].
Pour le détail de la vie, du procès et de l'exécution des Carmélites, dont Charlotte de la Résurrection, se reporter à l'article des Carmélites de Compiègne qui traite la vie de toute la communauté.
Notes et références
Notes
↑À l'époque, toute religieuse qui souhaitait entrer au Carmel, devait verser une dot (une somme d'argent) pour financer son admission.
↑La palme est le signe du martyre chez les chrétiens. Le martyre s'entendant bien sûr comme une vie donnée, offerte par amour, sans violence et sans laisser couler un sang autre que le sien.
↑Le terme d'holocauste est à prendre ici dans le sens hébraïque du terme : un sacrifice offert à Dieu pour expier une faute. Traditionnellement il s'agissait d'un animal (bouc, agneau, taureau…) tué en offrande à Dieu, mais ici, il s'agit de la vie même des religieuses.
Références
↑ a et b« Histoire du martyre communautaire », sur Martyre de la communauté des 16 carmélites de Compiègne, martyres.carmelites.free.fr (consulté le )