Théodore de Cantorbéry

Théodore de Tarse
Image illustrative de l’article Théodore de Cantorbéry
La tombe de Théodore de Tarse à l'abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry.
Saint, archevêque de Cantorbéry
Naissance 602
Tarse
Décès 19 septembre 690  (88 ans)
Cantorbéry
Vénéré par Église catholique
Église orthodoxe
Communion anglicane
Fête 19 septembre

Théodore de Tarse est un prélat chrétien né en 602 et mort le .

Originaire de Cilicie, il étudie à Antioche avant de se rendre à Constantinople, puis à Rome. Le pape Vitalien le choisit pour devenir archevêque de Cantorbéry. Sacré en 668, il arrive en Angleterre l'année suivante. Avec l'aide de l'abbé Adrien, il entreprend une grande réforme de l'Église anglaise : il divise le vaste diocèse d'York, s'attirant l'inimitié du puissant évêque Wilfrid, ordonne la tenue de synodes réguliers et fonde une école à Cantorbéry.

Bède le Vénérable dresse un portrait élogieux de Théodore dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais. Considéré comme saint, il est fêté le 19 septembre par les catholiques, les orthodoxes et les anglicans.

Biographie

Origines

Théodore naît en 602 à Tarse, en Cilicie, alors province de l'empire byzantin. Ses écrits suggèrent qu'il est éduqué dans l'important centre théologique d'Antioche : comme les exégètes antiochiens, il avance une lecture historique et philologique de la Bible qui s'oppose à la vision allégorique des exégètes d'Alexandrie. Une brève mention de la ville d'Édesse dans ses écrits suggère qu'il a pu y séjourner à un moment. C'est soit à Antioche, soit à Édesse qu'il est exposé au christianisme syriaque[1].

Pendant la guerre perso-byzantine de 602-628, la Syrie byzantine est envahie en 613 par les Perses sassanides. Ils sont repoussés, mais les Byzantins sont chassés de la région en 637 lors de la conquête musulmane du Levant. C'est peut-être en fuyant l'une ou l'autre de ces invasions que Théodore, devenu moine, se retrouve à Constantinople[2]. Il est possible qu'il y étudie auprès d'Étienne d'Alexandrie, le plus grand savant de son temps[1].

Théodore se rend ultérieurement à Rome, où il séjourne probablement au monastère de ad Aquas Salvias qui abrite une communauté de moines ciliciens. Il participe vraisemblablement à la rédaction des actes du synode du Latran, organisé par le pape Martin Ier en 649, qui condamne la doctrine monothélite sous l'influence du théologien Maxime le Confesseur[3].

En 667, une épidémie de peste frappe Rome. L'une de ses victimes est Wighard, un prélat anglais envoyé auprès du pape Vitalien par les rois Ecgberht du Kent et Oswiu de Northumbrie pour être sacré archevêque de Cantorbéry. Sa disparition offre à Vitalien l'opportunité de choisir lui-même le prochain occupant de ce siège. Son choix se porte d'abord sur Adrien, abbé de Niridie (près de Naples), mais celui-ci refuse par deux fois et propose au pape le nom de Théodore[1],[4].

Vitalien hésite à nommer Théodore à Cantorbéry et exige d'Adrien qu'il l'accompagne en Angleterre. Le pape craint peut-être la réaction de l'empereur byzantin Constant II Héraclius, qui a fait arrêter et condamner en 653 Martin Ier et Maxime le Confesseur pour leur opposition au monothélisme[5]. Cela expliquerait pourquoi Bède rapporte qu'Adrien est censé « veiller avec un soin tout particulier à ce que [Théodore] n'introduise pas, selon la coutume des Grecs, des éléments étrangers à la vraie foi dans l'Église qu'il dirigerait désormais[6] ».

Archevêque de Cantorbéry

Théodore, jusqu'alors tonsuré à la manière orientale, avec le crâne entièrement rasé, doit attendre quatre mois que ses cheveux repoussent pour pouvoir recevoir une tonsure en forme de couronne[6]. Il est consacré archevêque par Vitalien le [7].

Avec Adrien, il quitte Rome le pour se rendre à Cantorbéry. Les deux hommes prennent la mer jusqu'à Marseille, puis poursuivent son voyage par voie de terre jusqu'à Arles. Munis d'un sauf-conduit du maire du palais de Neustrie Ébroïn, ils se séparent et Théodore se rend auprès de l'évêque Agilbert de Paris, qui a été évêque des Ouest-Saxons dans les années 650. Malade, il reste quelque temps à Quentovic avant de traverser la Manche et arrive à Cantorbéry le , un an jour pour jour après son départ[7],[8]. Adrien le rejoint en 670, ayant été retenu prisonnier par Ébroïn, et Théodore lui offre immédiatement le poste d'abbé de Saint-Pierre de Cantorbéry.

Théodore commence aussitôt à transformer l'église de Cantorbéry[9]. D'après Bède, Théodore entreprend une tournée à travers toute l'Angleterre anglo-saxonne, afin de faire cesser les abus, d'imposer sa présence et donner ses instructions, notamment au sujet de la règle monastique et de la Pâques canonique[10]. Bède indique qu'il fut « le premier archevêque à qui se soumit l'Église des Angles[11] ».

Il apparaît que ce principe ne s'appliquait pas à la province d'York, mais Théodore réorganise l'épiscopat, nommant Bifus en Est-Anglie, Putta à Rochester, Leuthère au Wessex, et Chad en Mercie, après sa reconsécration. En 669, il réinstalle aussi Wilfrid à York : celui-ci, nommé évêque d'York en 664 par Alhfrith de Deira (sous-roi de Deira, une division de la Northumbrie) et parti à Compiègne pour se faire consacrer, s'était retiré à Ripon quand, à son retour en 666, il s'était trouvé remplacé par Chad appointé par le roi Oswiu de Northumbrie.

Il renouvelle la formation des moines en introduisant l'enseignement de la littérature, de la poésie et de la musique. En 672, Théodore préside le concile de Hertford, première grande réunion du clergé d'Angleterre. Ce concile souligna l'importance de diverses règles de discipline, et décida d'une réunion annuelle en un lieu appelé Clofesco. Après la tenue de ce concile, Théodore rétablit l'évêché d'Essex, auquel il nomme Earconwald.

Wilfrid ayant encouragé la reine dans le désir de celle-ci de quitter le roi pour devenir religieuse (ce qu'elle fait en 672), Théodore de Tarse de concert avec Ecgfrith de Northumbrie divise le diocèse d'York (Northumbrie) en quatre évêchés plus petits et en attribue un à Wilfrid mais appointe un autre évêque pour celui qui contient York, et Trumwine comme évêque des Pictes. Wilfrid en appelle au pape, qui éventuellement décide en sa faveur mais dont la décision n'est pas acceptée en Angleterre : il est banni de Northumbrie et va dans le Sussex, où son premier baptême de convertis coïncide avec le retour de la pluie après une grave sécheresse. Subséquemment réconcilié avec Théodore, vers 686–687 il retourne en Northumbrie et retrouve un évêché où il sert pendant cinq ans avant qu'un conseil royal le déclare inadéquat ; il est de nouveau déposé, en appelle de nouveau à Rome, et finit évêque du petit diocèse de Hexham.

En 679, Ælfwine, le frère du roi Ecgfrith, est tué lors d'une bataille contre les Merciens, et Théodore intervient pour conclure la paix entre les deux royaumes en persuadant le roi Æthelred de Mercie de payer un wergild en compensation de la mort d'Ælfwine.

Théodore préside d'autres synodes, tenus à Hatfield en 680, puis à Twyford en 684. Il meurt le [7].

Il subsiste un pénitentiel manuscrit composé d'après les instructions de Théodore, le Paenitentiale Theodori.

Références

  1. a b et c Lapidge 2004.
  2. Lapidge 1995, p. 8-10.
  3. Lapidge 1995, p. 20-23.
  4. Bède le Vénérable 1995, livre IV, chapitre 1, p. 235-236.
  5. Lapidge 1995, p. 25-26.
  6. a et b Bède le Vénérable 1995, livre IV, chapitre 1, p. 236.
  7. a b et c Keynes 2014, p. 543.
  8. Bède le Vénérable 1995, livre IV, chapitres 1-2, p. 236-237.
  9. (en) James Campbell, The Anglo-Saxons, p. 50.
  10. (en) James Campbell, The Anglo-Saxons, p. 53.
  11. Bède le Vénérable 1995, livre IV, chapitre 1, p. 238.

Bibliographie

Liens externes

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