Théodore de Tarse est un prélat chrétien né en 602 et mort le .
Originaire de Cilicie, il étudie à Antioche avant de se rendre à Constantinople, puis à Rome. Le pape Vitalien le choisit pour devenir archevêque de Cantorbéry. Sacré en 668, il arrive en Angleterre l'année suivante. Avec l'aide de l'abbé Adrien, il entreprend une grande réforme de l'Église anglaise : il divise le vaste diocèse d'York, s'attirant l'inimitié du puissant évêque Wilfrid, ordonne la tenue de synodes réguliers et fonde une école à Cantorbéry.
Théodore naît en 602 à Tarse, en Cilicie, alors province de l'empire byzantin. Ses écrits suggèrent qu'il est éduqué dans l'important centre théologique d'Antioche : comme les exégètes antiochiens, il avance une lecture historique et philologique de la Bible qui s'oppose à la vision allégorique des exégètes d'Alexandrie. Une brève mention de la ville d'Édesse dans ses écrits suggère qu'il a pu y séjourner à un moment. C'est soit à Antioche, soit à Édesse qu'il est exposé au christianisme syriaque[1].
En 667, une épidémie de peste frappe Rome. L'une de ses victimes est Wighard, un prélat anglais envoyé auprès du pape Vitalien par les rois Ecgberht du Kent et Oswiu de Northumbrie pour être sacré archevêque de Cantorbéry. Sa disparition offre à Vitalien l'opportunité de choisir lui-même le prochain occupant de ce siège. Son choix se porte d'abord sur Adrien, abbé de Niridie (près de Naples), mais celui-ci refuse par deux fois et propose au pape le nom de Théodore[1],[4].
Vitalien hésite à nommer Théodore à Cantorbéry et exige d'Adrien qu'il l'accompagne en Angleterre. Le pape craint peut-être la réaction de l'empereur byzantin Constant II Héraclius, qui a fait arrêter et condamner en 653 Martin Ier et Maxime le Confesseur pour leur opposition au monothélisme[5]. Cela expliquerait pourquoi Bède rapporte qu'Adrien est censé « veiller avec un soin tout particulier à ce que [Théodore] n'introduise pas, selon la coutume des Grecs, des éléments étrangers à la vraie foi dans l'Église qu'il dirigerait désormais[6] ».
Archevêque de Cantorbéry
Théodore, jusqu'alors tonsuré à la manière orientale, avec le crâne entièrement rasé, doit attendre quatre mois que ses cheveux repoussent pour pouvoir recevoir une tonsure en forme de couronne[6]. Il est consacré archevêque par Vitalien le [7].
Avec Adrien, il quitte Rome le pour se rendre à Cantorbéry. Les deux hommes prennent la mer jusqu'à Marseille, puis poursuivent son voyage par voie de terre jusqu'à Arles. Munis d'un sauf-conduit du maire du palais de NeustrieÉbroïn, ils se séparent et Théodore se rend auprès de l'évêque Agilbert de Paris, qui a été évêque des Ouest-Saxons dans les années 650. Malade, il reste quelque temps à Quentovic avant de traverser la Manche et arrive à Cantorbéry le , un an jour pour jour après son départ[7],[8]. Adrien le rejoint en 670, ayant été retenu prisonnier par Ébroïn, et Théodore lui offre immédiatement le poste d'abbé de Saint-Pierre de Cantorbéry.
Théodore commence aussitôt à transformer l'église de Cantorbéry[9]. D'après Bède, Théodore entreprend une tournée à travers toute l'Angleterreanglo-saxonne, afin de faire cesser les abus, d'imposer sa présence et donner ses instructions, notamment au sujet de la règle monastique et de la Pâques canonique[10]. Bède indique qu'il fut « le premier archevêque à qui se soumit l'Église des Angles[11] ».
Il renouvelle la formation des moines en introduisant l'enseignement de la littérature, de la poésie et de la musique. En 672, Théodore préside le concile de Hertford, première grande réunion du clergé d'Angleterre. Ce concile souligna l'importance de diverses règles de discipline, et décida d'une réunion annuelle en un lieu appelé Clofesco. Après la tenue de ce concile, Théodore rétablit l'évêché d'Essex, auquel il nomme Earconwald.
Wilfrid ayant encouragé la reine dans le désir de celle-ci de quitter le roi pour devenir religieuse (ce qu'elle fait en 672), Théodore de Tarse de concert avec Ecgfrith de Northumbrie divise le diocèse d'York (Northumbrie) en quatre évêchés plus petits et en attribue un à Wilfrid mais appointe un autre évêque pour celui qui contient York, et Trumwine comme évêque des Pictes. Wilfrid en appelle au pape, qui éventuellement décide en sa faveur mais dont la décision n'est pas acceptée en Angleterre : il est banni de Northumbrie et va dans le Sussex, où son premier baptême de convertis coïncide avec le retour de la pluie après une grave sécheresse. Subséquemment réconcilié avec Théodore, vers 686–687 il retourne en Northumbrie et retrouve un évêché où il sert pendant cinq ans avant qu'un conseil royal le déclare inadéquat ; il est de nouveau déposé, en appelle de nouveau à Rome, et finit évêque du petit diocèse de Hexham.
En 679, Ælfwine, le frère du roi Ecgfrith, est tué lors d'une bataille contre les Merciens, et Théodore intervient pour conclure la paix entre les deux royaumes en persuadant le roi Æthelred de Mercie de payer un wergild en compensation de la mort d'Ælfwine.
Théodore préside d'autres synodes, tenus à Hatfield en 680, puis à Twyford en 684. Il meurt le [7].
Il subsiste un pénitentiel manuscrit composé d'après les instructions de Théodore, le Paenitentiale Theodori.
(en) Simon Keynes, « Appendix II: Archbishops and Bishops, 597–1066 », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN978-0-470-65632-7).
(en) Michael Lapidge, « The school of Theodore and Hadrian », Anglo-Saxon England, vol. 15, , p. 45-72 (DOI10.1017/S0263675100003689).
(en) Michael Lapidge, « The career of Archibishop Theodore : Commemorative Studies on His Life and Influence », dans Michael Lapidge (éd.), Archbishop Theodore, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN978-0-521-03210-0).