La stratégie du collier de perles (en anglais : String of Pearls ; en chinois : 珍珠链战略) est une expression désignant l'installation par la marine de guerre chinoise de points d’appui (les « perles ») le long de sa principale voie d’approvisionnement maritime vers le Moyen-Orient. Pour la république populaire de Chine, cette stratégie consiste dans la construction, l'achat ou la location pour de longues durées d'installations portuaires et aériennes échelonnées jusqu'en Afrique, pour protéger ses intérêts commerciaux en mer de Chine méridionale, dans le golfe du Bengale, la mer d'Arabie et la mer Rouge. Du point de vue indien, il s'agit d'une manœuvre d'encerclement avec des ports au Pakistan, au Sri Lanka, au Bangladesh et en Birmanie.
Le terme a été utilisé pour la première fois en novembre 2004 dans un rapport de la société de conseils Booz Allen Hamilton pour le département d'État des États-Unis ayant pour titre Energy Futures in Asia[1],[2]. La notion a été abondamment reprise par les médias américains et indiens, mais n'est pas utilisée par les publications gouvernementales chinoises[3].
Cette stratégie s'inscrit dans une offensive générale chinoise pour étendre son contrôle sur la mer de Chine méridionale[10] (ou du sud) et la mer de Chine orientale (dont les champs gaziers de Chunxiao disputés au Japon[11]) ; ces actions visent à augmenter la marge de manœuvre chinoise dans une partie du monde où le commerce est intense et où la Chine doit partager avec ses voisins (le Japon et les quatre dragons asiatiques). 80 % des importations énergétiques chinoises transitent par la mer de Chine méridionale. La Chine lance ainsi une grande offensive notamment dans les revendications territoriales telles que les archipels des Spratleys et des Paracels, tous deux revendiqués par la Chine et par le Viêt Nam. Le Viêt Nam se rapproche des États-Unis, son ennemi d'hier, pour contrer la menace chinoise d'aujourd'hui.
Cambodge
Au Cambodge, Pékin a financé l'extension et la modernisation de la base navale de Ream, achevée en juillet 2023 dans le sud du pays[12]. Les États-Unis suspectent cette dernière de servir de tête de pont à la Chine pour étendre son influence, stationner des troupes et des équipements[12]. Il s'agirait de la deuxième plus grande base navale chinoise à l'étranger, après Djibouti[12]. Selon des photos satellite publiées par la société américaine BlackSky deux jetées de 363 mètre y ont été bâties, leur permettant d'accueillir n'importe quel navire de la marine chinoise, y compris le porte-avions « Fujian »[12].
Thaïlande
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La Chine est présente dans les ports de Gwadar au Pakistan, de Hambantota au Sri Lanka, de Chittagong au Bangladesh, de Kyauk Phyu en Birmanie (État d'Arakan), etc. L'Inde est ainsi encerclée par le collier de perles chinois.
En réaction, l'Inde a développé une stratégie appelée Look East Policy, pour essayer notamment de se rapprocher des pays d'Asie du Sud-Est. En 2018, elle a aussi noué des accords avec les Seychelles et l'île Maurice pour y installer des bases ou des installations militaires[16],[17].
Le pays s'ouvre également sur le Pacifique nord via le port de Rason en Corée du Nord, et manifeste un intérêt pour l'Islande où le ministre des Affaires étrangères chinois a expliqué en visite officielle, que la république populaire de Chine construirait volontiers un port permettant un aiguillage des navires chinois vers l'Europe, lorsque le réchauffement climatique et la fonte des glaces permettront la navigation par l'océan Arctique, ce qui réduirait le trajet entre les ports de Shanghai et de Hambourg de 6 400 km, les mois d'été. La Chine déploie aussi ses forces dans le golfe d'Aden et dans les alentours, pour escorter ses navires à travers cette zone infestée de pirates.
Notes et références
↑(en) Juli A. MacDonald, Amy Donahue et Bethany Danyluk, Energy Futures in Asia : Final Report, Booz-Allen & Hamilton, .
(en) Lieutenant-colonel Christopher J. Pehrson, String of Pearls: Meeting the Challenge of China's rising power across the Asian Littoral, U.S. Army War College, , 30 p. (ISBN1-58487-250-0, lire en ligne [PDF]).
(en) Martin E. Conrad, Does China need a "String of Pearls"?, Monterey, Naval Postgraduate School, , 147 p. (lire en ligne [PDF]).
(en) Christopher D. Yung et Ross Rustici, Not an Idea Wa Have to Shun: Chinese Overseas Basing Requirements in the 21st Century, Washington, Institute for National Strategic Studies, , 61 p. (lire en ligne [PDF]).