Steve Jobs est un film américain réalisé par Danny Boyle et sorti en 2015. Il est consacré au personnage éponyme interprété par Michael Fassbender, et adapté par Aaron Sorkin de la biographie de Walter Isaacson, publiée en 2011. Le film est composé de trois actes décrivant trois importants lancements commerciaux ayant jalonné entre 1984 et 1998 la carrière de Steve Jobs, mais conserve comme fil conducteur les relations entre Jobs et sa fille Lisa. Chaque partie a été tournée avec des procédés et pellicules différents.
Quelques minutes avant les lancements médiatiques respectifs du Macintosh 128K (1984), du NeXT Computer (1988) et de l'iMac (1998), Steve Jobs s'entretient, parfois violemment, avec plusieurs interlocuteurs, en particulier Joanna Hoffman, sa fidèle responsable marketing, Steve Wozniak, son associé des débuts, Andy Hertzfeld, un des principaux membres de son équipe d'ingénieurs, John Sculley, le PDG d'Apple, et sa fille Lisa[1].
Fiche technique
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Courant 2012, un projet concurrent de film indépendant à petit budget est produit par Five Star Institute. Jobs, avec Ashton Kutcher, sort au cinéma en [10]. En , Aaron Sorkin confirme officiellement qu'il écrit le scénario[11] et qu'il a demandé l'aide de Steve Wozniak, cofondateur d'Apple, pour les vérifications historiques[12] sans jamais lui donner accès au scénario[2]. En , le scénariste révèle la structure peu banale qu'il a choisi : « Tout le film ne sera composé que de trois scènes, chacune se déroulant en temps réel. À chaque fois, on se situera juste avant le lancement d'un produit, dans les coulisses de ce lancement : le premier sera le Mac, le second l'ordinateur NeXT (lancé après son départ d'Apple) et le troisième l'iMac »[13]. Danny Boyle précise que le film est « un portrait fondé sur un patchwork de témoignages[2]. »
Le développement du film est relancé, en , lorsque David Fincher entre en négociation pour réaliser le film[14]. Cependant, il quitte le projet en pour différends artistiques[15],[16]. D'après Aaron Sorkin, les deux principaux sujets d'inquiétude de Fincher furent le budget et le marketing (une inquiétude confirmée car le film a été mal vendu à travers le monde)[17]. Danny Boyle est alors engagé en remplacement[18]. Après de nombreux rebondissements pour le choix de l'acteur principal (Christian Bale a quitté deux fois le film), c'est au tour du studio Sony Pictures d'abandonner le projet, en [19]. Le film est finalement repris en main par Universal Pictures[20]. Diverses pressions sont exercées sur l'ensemble du projet, entre autres par la femme de Steve Jobs[2] : Danny Boyle précise même que « d'ailleurs, les gens Apple ne voulaient pas que notre film se fasse, que l'on touche à cette image de légende de pionnier »[21].
Attribution des rôles
George Clooney et Noah Wyle étaient les choix de Sony pour incarner Steve Jobs[22]. À l'arrivée de David Fincher comme réalisateur, ce dernier souhaite plutôt Christian Bale pour interpréter Jobs[23]. À la suite du départ de David Fincher, Danny Boyle récupère le poste de réalisateur et envisage Leonardo DiCaprio[24]. Alors qu'il avait accepté le rôle, Leonardo DiCaprio se retire finalement du projet en [25]. Quelques jours plus tard, le nom de Christian Bale revient dans les négociations[26], avant d'être officiellement confirmé quelques jours plus tard, alors qu'étaient également évoqués Ben Affleck, Matt Damon, Bradley Cooper. Le scénariste Aaron Sorkin déclare alors « Nous voulions le meilleur acteur, dans une certaine limite d'âge, et le meilleur c'est Christian Bale »[27]. Christian Bale quitte à nouveau le projet en pour des raisons inconnues[28]. Variety rapporte alors que Michael Fassbender est envisagé pour le remplacer[29]. Puis sa présence dans le rôle principal est confirmée au début du tournage du film en [30]
En , Seth Rogen est officialisé dans le rôle de Steve Wozniak, alors que Jessica Chastain est annoncée dans un rôle féminin principal[31]. Natalie Portman est également annoncée, dans un rôle non spécifié[20], mais n'est finalement pas dans le film.
Pour distinguer chacune des trois parties, Danny Boyle et son directeur de la photographie Alwin H. Küchler ont eu l'idée d'utiliser trois types de format : le 16 mm pour 1984, le 35 mm pour 1988 et le digital (avec la caméra Arri Alexa) pour 1998. De plus, selon le souhait de Danny Boyle, le tournage s'est déroulé dans l'ordre chronologique. Chaque partie a été tournée indépendamment, avec trois semaines de répétitions avant le premier acte et deux semaines avant l'acte II et III. Le réalisateur explique : « Ça permet aux acteurs de se concentrer sur chaque acte séparément et sur la façon de parler, de s'habiller, sur l’état d’esprit de leur personnage à chacune de ces périodes de leur vie[36] ».
La musique du film est composée par Daniel Pemberton, qui a utilisé diverses techniques pour chaque partie du film. Pour la première partie se déroulant en 1984, il a ainsi utilisé des synthétiseurs de l'époque comme le Roland SH-1000 ou le Yamaha CS-80. Pour « coller » au décor de la seconde partie, tournée au San Francisco Opera, il propose une musique davantage épique. Finalement, pour la troisième partie, il a composé sur un logiciel sur son propre iMac[38],[39],[40],[41]. Le réalisateur Danny Boyle explique quant à lui que le compositeur s'est inspiré du bruit des premiers ordinateurs pour la musique du premier acte, alors que « le second est également un air d'opéra mais il est plus pesant, escaladant jusqu’à l’affrontement musclé qui conclut ce chapitre ». Le réalisateur décrit le troisième acte comme « beaucoup plus épuré et élégant, à l’image des créations de Steve Jobs »[36]. L'album commercialisé par Back Lot Music contient par ailleurs des chansons non originales de Bob Dylan, The Maccabees et The Libertines.
Liste des titres
No
Titre
Durée
1.
The Musicians Play Their Instruments?
1:04
2.
It's Not Working
3:44
3.
Child (Father)
1:49
4.
Jack It Up
3:59
5.
The Circus of Machines I (Overture)
2:58
6.
Russian Roulette
1:46
7.
Change the World
5:09
8.
The Skylab Plan
5:01
9.
Don't Look Back into the Sun (interprété par The Libertines)
Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 85 % d'opinions favorables pour 310 critiques[42]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 82⁄100 pour 45 critiques.
En France, le site Allociné propose une note moyenne de 3,8⁄5 à partir de l'interprétation de critiques provenant de 37 titres de presse[43].
L'Obs écrit du film que celui-ci est « mieux qu'un biopic, Steve Jobs est le portrait complexe, peu flagorneur et sans pincettes du magnat d'Apple » et souligne que Danny Boyle « signe là son meilleur film, au rythme d'une screwball comedy suprêmement dialoguée et interprétée[1] ». De son côté, Pierre Murat pour Télérama donne une critique très positive du long-métrage, en écrivant : « Le génial scénariste Aaron Sorkin fait de Steve Jobs un de ces monstres fascinants et terribles comme le cinéma les aime[44] ». Le Daily Telegraph donne la note de quatre étoiles sur cinq[45].
Box-office
Le film est un échec au box-office avec seulement 34 millions de dollars de recettes mondiales, pour un budget de production presque équivalent.
Le film, outre le rapport avec la marque à la pomme, reste également centré sur les relations de Jobs avec sa fille Lisa[2]. Il montre également comment Wozniak est mis à l'écart de la légende de Steve Jobs[21]. « L'inévitable morale familialiste », comme l'écrit L'Obs, avec la fin en happy end, est reprochée par plusieurs personnes[2]. Bob Dylan revient de façon récurrente dans le film[2].
↑« Steve Jobs », sur JP box-office.com (consulté le )
Annexes
Bibliographie
Jean-Philippe Gunet, « Un Jobs en or. Deux ans après Ashton Kutcher, Michael Fassbender incarne à son tour le cofondateur d'Apple, Steve Jobs, et le réinvente brillamment », Télécâble Sat Hebdo no 1400, SETC, Saint-Cloud, , p. 25, (ISSN1630-6511)
Article et interview de Danny Boyle : Nicolas Schaller, « Steve Jobs vu par Danny Boyle », L'Obs, no 2673, 28 janvier au 3 février 2016, p. 92 à 94 (ISSN0029-4713)