À la fois organisme humanitaire et politique en faveur de l'anarchisme, SIA est conçue comme une réponse à la mainmise des communistes et de leurs organisations (le Secours rouge notamment) sur la vie publique et politique lors de la guerre d’Espagne.
En quelques mois, SIA va regrouper des milliers d’adhérents (plus de 150000 ?) et de groupes (plus de 400 en Espagne républicaine ?)[2].
Actions humanitaires
Si la SIA est d'abord créée comme moyen politique au service du mouvement libertaire, elle est rapidement amenée à intervenir sur le terrain afin de pallier le manque d’efficacité des organismes déjà en place.
Pour aider les enfants orphelins ou réfugiés, la SIA a ouvert trois garderies à Barcelone, un foyer à Badalone installé dans un ancien couvent et des colonies à Masnou, Rabos, Cervera, Beguda Alta, Esparraguera, Sabadell (Catalogne) et deux foyers pour enfants à Madrid[3].
Solidarité internationale
Organisation politico-humanitaire, ayant une action non négligeable en Espagne, la SIA est aussi une organisation internationale.
Le 30 octobre 1937, à Paris. Lors du congrès de l'Union anarchiste, le Comité pour l'Espagne Libre créé par Louis Lecoin, Nicolas Faucier, Pierre Odéon[4] et Pierre Le Meillour se transforme (à la demande de la CNT-FAI) en section française de Solidarité internationale antifasciste et édite, à partir du 10 novembre 1938, l'hebdomadaire du même nom SIA[5],[6],[7]. La section française compte 15000 adhérents et son journal, 5500 abonnés, en février 1939[8]. Elle organise l’envoi de vivres, d'argent et de médicaments au profit des libertaires espagnols. Le produit des souscriptions lui permet d’entretenir une colonie d’orphelins à Llançà non loin de la frontière française. Mais ses activités ne se limitent pas à ces actions d’ordre humanitaire, elle organise également l’expédition d’armes et de munitions à l’intention des anarchistes espagnols qui en manquent cruellement[9]. Le journal est interdit par le gouvernement en avril 1939[10].
Le 1er novembre 1938, lors de la réunion internationale de la SIA tenue à Paris, est mentionné l’existence d’une section polonaise ainsi que de sections palestinienne, canadienne et japonaise en création.
Renaissance en 1945
Après la Deuxième Guerre mondiale, mi-juin 1945, Solidarité internationale antifasciste (en exil) est reconstituée à Toulouse par des réfugiés espagnols[11].
La section belge est fondée le 18 mai 1946 et rassemble des anti-fascistes anti-staliniens (voir Anarchisme en Belgique). L’association organise la défense des demandeurs d’asile qui ont fui leur pays et les régimes autoritaires. Elle constitue un lieu de rencontre pour les immigrés dont les nombreux espagnols anarcho-syndicalistes de la CNT en exil[12],[13].
SIA continue son activité notamment à Toulouse où elle anime une campagne de solidarité avec les réfugiés syriens.
Personnalités
En Espagne
En 1937, Lucia Sanchez Saornil, est secrétaire de presse et propagande de la SIA. L’année suivante elle est secrétaire du Conseil Mondial de SIA et en mai est nommée secrétaire national. Elle fait pendant toute cette période de fréquents voyages en France pour y recueillir vivres et aides[14].
Renée Lamberet développe une intense activité au sein de la SIA, notamment avec la colonie d’enfant Spartaco organisée à Ajentona par le syndicat CNT des chemins de fer et la colonie organisée à Llançà pour accueillir des enfants réfugiés du Pays Basque, des Asturies et du front de Madrid[3],[17].
Edgar Morin : « Mon premier acte politique fut d’intégrer une organisation libertaire, Solidarité internationale antifasciste, pour préparer des colis à destination de l’Espagne républicaine. »[18]
Jean De Boë est parmi les fondateurs de la section belge.
Citation
« La SIA espagnole demande au peuple français solidarité complète pour aider à évacuer la population des zones d’opérations où l’armée de la liberté résiste héroïquement devant l’avalanche barbare. Nous prions la France républicaine, la France issue de 1789, de recevoir nos enfants, nos vieillards, nos femmes et de leur faire bon accueil. Ils le méritent. Mille et mille fois merci » - Télégramme envoyé par Mateo Baruta Vila et Lucia Sanchez Saornil au nom de la SIA, 26 janvier 1939.
Publications
Outre la publication de périodiques locaux :
Solidarite internationale antifasciste. Son but : sa ligne de conduite ses moyens d'action et ses réalisations, 1937.
Grigor Balkanski, Solidarité internationale antifasciste, Le Fascisme hier et aujourd'hui, 1974.
Bibliographie
Valentin Cionini, Solidarité internationale antifasciste, ou l’humanitaire au service des idées anarchistes, Studi di Storia Contemporanea, Diacronie, no 7, 2011, p. 11-12, texte intégral.
Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France de 1914 à nos jours, tome II, Paris, Gallimard, 1992.
David Berry, L’anarchisme français et la révolution espagnole 1936-1939, Paris, éd. Alternative libertaire, 2001.
Valentin Frémonti, Solidarité internationale antifasciste (1937-1939) : une action humanitaire et libertaire dans la guerre d'Espagne,éd. Alternative libertaire, 2017.
CNT-AIT France, SIA une autre conception de la solidarité, Anarchosyndicalisme, n°157, Automne 2017, texte integral[26]
Travaux universitaires
Valentin Cionini, L’Union Anarchiste face à la guerre d’Espagne. De la solidarité politique et matérielle au Front Révolutionnaire, Mémoire de Master 1, Université de Provence, Marseille 1, 2007, (OCLC494322935)[27].
Valentin Cionini, Solidarité internationale antifasciste. Une organisation « proto-humanitaire » dans la guerre d’Espagne. 1937-1939, Mémoire de Master, Université de Provence, 2008, (OCLC497029866)[28], texte intégral.
(en) David Berry, French anarchists in Spain, 1936-1939, Oxford University Press, 1989, pp. 427-465[29].
Filmographie
SIA finance quatre films en Espagne et un aux États-Unis.
Luis Franck, Juan Palleja, Amanecer sobre España, documentaire de près de 45 min, SIE Films, 1938[2].
Louis Frank, Amenacer sobre España (Réveil en Espagne - The Will of a People – Spain Fights On), moyen métrage en plusieurs langues, 1938-1939, SIA[2].
Homenaje a los fortificadores de Madrid (Éloge de l’Armée du Centre), SIA, 1937[2].
Picnic del SIA, film muet en 16 mm sur un repas de solidarité organisé par des anarchistes aux États-Unis le 28 août 1938[2].
Iconographie
Fédération internationale des centres d'études et de documentation libertaires : affiches.
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine : affiche.
↑Nicolas Inghels, Histoire du mouvement anarchiste en Belgique francophone de 1945 à aujourd'hui, revue Dissidences, 3 novembre 2011, texte intégral.
↑ abcd et eŒuvre mutualiste, Filmographie : Guerre et Révolution Espagnole 1936-1939, CNT-f, Paris, 1re édition 1995, mise à jour septembre 2011 texte intégral
↑Jacques Gillen, Les anarchistes en Belgique, in Anne Morelli, José Gotovitch, Contester dans un pays prospère: l'extrême gauche en Belgique et au Canada, Peter Lang, 2007, p. 30, texte intégral.
↑Daniel Bénédite, « Le Centre américain de secours après le départ de Varian Fry », revue Agone. Histoire, Politique & Sociologie, Editions Agone, nos 38-39, , p. 255-277 (ISBN978-2-7489-0071-2, ISSN1157-6790, lire en ligne).
↑ abcd et eBenjamin Stora, La gauche socialiste, révolutionnaire et la question du Maghreb au moment du Front populaire (1935-1938), Aden, 2009, note 127.