Selon une tradition locale d'ancienneté inconnue, elle aurait d'abord été appelée Strongylé (en grec ancienΣτρογγύλη / Strongýlê, « la ronde »), en raison de la forme supposée qu'elle aurait eue avant sa destruction par une éruption[7].
Le nom de Santorin, dérivé de celui de sainte Irène, est attesté dès le milieu du XIIe siècle (la première mention connue du nom est faite par le géographe Al Idrissi vers 1154)[8].
Après l'indépendance de la Grèce , l'île reprend officiellement le nom antique de Théra mais le nom de Santorin est toujours largement utilisé. Le nom officiel (depuis 1940[9]) d'une des anciennes capitales de l'île, Pýrgos Kallístis, en français « Tour-de-Kallisté » fait référence à l'ancien nom de Kallistē.
L'île de Santorin a la forme d'un croissant ouvert vers l'ouest et un profil dissymétrique : son littoral occidental est constitué de falaises et l'altitude décroit progressivement vers la côte orientale qui est généralement basse.
Géologie
Santorin est le site d'un volcanisme encore actif aujourd'hui et d'origine ancienne : l'Archaeos Tuf, un gigantesque dépôt sous-marin de ponces et de cendres, est daté de 520 000 ± 10 000 ans. Ce dépôt, échantillonné sur sept sites autour de l'île de Santorin, a une épaisseur atteignant 150 m et un volume supérieur à 90 km3[10],[11].
La dernière éruption de l'archipel se produit à Néa Kaméni du 10 janvier au 2 février 1950[12]. Assez faible, elle produit un petit dôme de lave. Cet événement fait suite à une série d'explosions phréatiques de type faible à modéré qui ont ouvert deux évents à l'emplacement des fissures développées durant les éruptions précédentes. La surface totale des nouvelles laves atteint 7 312 m2[14],[15].
En 1956, l'île est touchée par un séisme qui fait 48 morts et 200 blessés et détruit plus de 2 000 habitations[16].
Durant l'année 2011, l'île subit une activité sismique liée au gonflement de la chambre magmatique située à 4 km de profondeur, détecté par 20 stations GPS installées depuis 2006[17]. Ce gonflement traduit un remplissage qui pourrait provoquer de nouvelles éruptions.
Milieu naturel
L'eau douce est précieuse sur cette île quasi-désertique qui n'a que très peu de réserves et aucune source naturelle. Les habitants récupèrent traditionnellement dans des citernes l'eau de pluie tombée sur les toits[18]. Aujourd'hui, une usine de dessalement d'eau de mer produit l'essentiel de l'eau courante, maintenant potable.
La sécheresse du sol recouvert d'une épaisse couche de cendres, et son acidité ne permettent que peu de cultures (agrumes, fourrage, vignes).
Le site d'Akrotiri témoigne de la présence de la civilisation minoenne remontant au IIe millénaire av. J.-C. À partir de 1967[19], des fouilles mettent au jour de nombreuses fresques dont celles dites des « enfants-boxeurs »[20], du "pêcheur aux coryphènes" et des "singes bleus"[21], D'importantes collections de céramiques sont aussi dégagées du champ de fouilles. Ces œuvres d'art ont été ensevelies sous les cendres volcaniques et la ponce qui les ont préservées de l'éruption minoenne, des séismes ultérieurs et de l'érosion. Une fois dégagées, elles sont conservées dans des musées et le site est protégé par une toiture.
Comme le reste des Cyclades, l'île est conquise par les Latins après la conquête de Constantinople (1204) ; elle dépend alors vraisemblablement du duché de Naxos dirigé par la famille vénitienne Sanudo (l'assertion de Karl Hopf selon laquelle elle aurait été conquise par Jacopo Barozzi n'étant pas confirmée par les documents contemporains, elle est généralement rejetée par les historiens récents)[23],[24]. Elle est reconquise vers 1275 pour les Byzantins par Licario. La guerre vénéto-byzantine (1296-1302) offre aux Vénitiens l'occasion de prendre leur revanche : en août 1301, le duc de Naxos Guglielmo Sanudo passe ainsi un contrat avec un corsaire anconitain en vue de la reconquête de l'île, mais il est devancé par un membre de la colonie vénitienne de Crète, Jacopo II Barozzi, ce qui déclenche un conflit entre les deux familles se terminant par une annexion par les Sanudo vers 1335.
En 1318, elle est attaquée par les Turcs des émirats côtiers (Menteshe ou Aydin), alliés des Catalans du duché d'Athènes avec lesquels Venise est en conflit[25], puis en 1345 par la flotte d'Umur Bey depuis Theologo[26].
En 1423, un procès oppose Maria Sanudo et sa fille Fiorenza au beau-frère de cette dernière, le duc Giovanni II Crispo ; Fiorenza, qui revendique l'île en vertu du testament de son défunt époux (entre autres litiges), est déboutée par les tribunaux vénitiens sur ce point[27]. En 1479, le duc Giacomo III Crispo la donne en dot à sa fille, une autre Fiorenza, mariée à Domenico Pisani ; cependant l'ile est occupée par le frère et successeur de Giacomo, Giovanni III, et un autre procès l'oppose aux époux Pisani jusqu'en 1486[28].
L'île passe progressivement sous domination ottomane à partir du milieu du XVIe siècle et rejoint la Grèce au cours de la guerre d'indépendance en 1821.
Hypothèse de localisation de l'Atlantide
L'archéologue grec Spyrídon Marinátos et son compatriote le sismologue Angelos Galanopoulos proposent dans les années 1960 l'« hypothèse minoenne » selon laquelle la destruction de l'île, passée dans la mémoire collective sous forme de mythe, aurait inspiré à Platon son récit de l'Atlantide[29],[30]. Cette hypothèse est de nos jours discutée car la persistance dans la mémoire collective d'un souvenir, même mythifié, sans qu'aucun texte antique ne nous soit parvenu à ce sujet, et ce durant neuf siècles (durée que Platon multiplie par dix en évoquant une Atlantide ayant existé « neuf mille ans avant le règne de Solon »), semble peu probable[31],[32] ; Platon n'évoque d'ailleurs aucun cataclysme volcanique et sa topographie, l'orographie et la luxuriance qu'il décrit ne correspondent pas à la géographie de l'ancienne île[33]. Même les preuves du méga-tsunami destructeur sont actuellement remises en question[34].
Administration
Santorin est incluse dans la périphérie d'Égée-Méridionale. Jusqu'à la réforme Kallikratis de 2010, l'île dépendait de l'ancien nome des Cyclades et était divisée depuis 1997 entre le dème de Théra, sur sa majeure partie, et la communauté d'Oia à l'extrême Nord. Depuis, les deux anciennes circonscriptions ont été fusionnées et sont devenues des districts municipaux du dème de Théra, qui comprend donc la totalité de l'île ainsi que celle de Thirassía et des îlots inhabités.
La municipalité de Santorin est divisée en 14 communautés :
district municipal de Théra : Akrotiri, Emporio, Episkopi Gonias, Exo Gonia, Imerovígli, Fira (Théra), Karterados, Megalochori, Mesaria, Pýrgos Kallístis, Vothon et Vourvoulos ;
Santorin abrite une variété spécifique et très ancienne de vigne, l'Assyrtiko, au rendement très faible (10 à 20 % du rendement de la vigne française ou californienne) mais naturellement très résistante au phylloxéra. Poussant à même le sol sans aucun tuteur, les pieds sont plus espacés que partout ailleurs à cause de la sécheresse du sol (leur principale source en eau est celle de la rosée et la brume d'origine marine). Les branches sont seulement disposées en anneau spiralé, et les grappes pendent au centre à l'abri du vent. Elle donne un vin recherché très sec, à l'acidité prononcée (liée à la nature du sol), l'assyrtiko aux arômes citronnés, ainsi qu'un vin doux, le vinsanto.
Il a été décidé en 1983[36] que l'extraction de la pouzzolane, source importante pour les cimenteries nationales, et l'exploitation de la mine de pierre ponce qui était auparavant exportée, soient mises à l'arrêt pour préserver les sols et l'environnement naturel fragile de l'île.
Haut lieu du tourisme en Grèce, l'archipel de Santorin et son île principale sont accessibles par des navires de tous gabarits qui peuvent mouiller dans la baie, mais seul le port d'Athinios, où accostent la majorité des visiteurs, permet le débarquement de véhicules. En 2007, le navire de croisière Sea Diamond coule à une grande profondeur dans la caldeira et son épave constitue depuis un risque permanent de pollution[37].
Les villages situés sur la falaise (Fira, Oia), disposent chacun d'un petit port dans la caldeira, auxquels ils sont reliés par un chemin escarpé permettant de les rejoindre à pied ou à dos d'âne, ou encore par un petit téléphérique à Fira. Un service d'autocars permet de relier les différents villages. Depuis la construction de l'usine de dessalinisation de l'eau de mer, de nombreuses piscines ont été construites pour le développement touristique.
Un aéroport construit dans l'est de l'île, près des plages de Kamari et de Périssa, permet des liaisons internationales[38] et intérieures avec Athènes et Héraklion.
Données touristiques dans diverses îles des Cyclades[39]
↑(en) Tim Druitt, Steffen Kutterolf, Thomas A. Ronge, Christian Hübscher, Paraskevi Nomikou et al., « Giant offshore pumice deposit records a shallow submarine explosive eruption of ancestral Santorini », Nature Communications Earth & Environment, vol. 5, , article no 24 (DOI10.1038/s43247-023-01171-z).
↑ a et b(en) « Santorini », sur volcano.si.edu (consulté le )
↑Marina Koumanoudi, « The Latins in the Aegean After 1204: Interdependence and Interwoven Interests », in Urbs capta. The Fourth Crusade and its Consequences, 2005, p. 263.
↑Louise Buenger Robbert, « Venice and the Crusades », dans Kenneth M. Setton, Harry W. Hazard, Norman P. Zacour, A History of the Crusades, Volume 5 : The impact of the Crusades on the Near East, Univ of Wisconsin Press, (ISBN0-299-09140-6, lire en ligne) p.432, citant les travaux de Silvano Borsari et de R-J Loenertz
↑Elizabeth A. Zachariadou, « The Catalans of Athens and the Beginning of the Turkish Expansion in the Aegean Area », in Studi medievali, vol. 21, 1980, p. 827, d'après une lettre du duc de Candie datée de juin 1318.
↑Elizabeth A. Zachariadou, Trade and Crusade. Venetian Crete and the Emirates of Menteshe and Aydin (1300-1415) p.51 et 94
↑David Jacoby, La féodalité en Grèce médiévale. : Les « Assises de Romanie », sources, application et diffusion, Paris, La Haye, Mouton & Co, (lire en ligne) pp. 303-304
↑(en) John V. Luce, « The changing face of the Thera problem », Classics Ireland, Classical Association of Ireland, Dublin, vol. 1, (lire en ligne)
↑(en) Sturt W. Manning, « Eruption of Thera/Santorini », dans Eric. H. Cline (dir.), The Oxford Handbook of The Bronze Age Aegean, Oxford, Oxford University Press, (ISBN978-0199873609), p. 458
↑Guy Kieffer, « A la recherche des sources de l'Atlantide », dans Éric Foulon, Connaissance et représentations des volcans dans l'antiquité: actes du Colloque de Clermont-Ferrand, Université Blaise-Pascal, Centre de recherche sur les civilisations antiques, 19-20 septembre 2002, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, (ISBN9782845162372, lire en ligne), p. 85-92
↑{en}{pdf} « D. Dominey-Howes, « The Late Minoan tsunami in the eastern Mediterranean : a re-examination », Tsunami Symposium, 28-30 mai 2002, Honolulu www.sthjournal.org