Le séisme de 2023 dans l'Ouest de la France ou séisme de La Laigne est un séisme de magnitude locale (MLv) 5,3 à 5,5 et de magnitude de moment (MW) 4,8 qui a lieu le à 16 h 38 (UTC). L'épicentre est situé à environ 3 km de la commune de La Laigne, en Charente-Maritime (France). Le foyer est très proche de la surface avec une profondeur estimée entre 3 et 5 km.
Au moins deux répliques sont ressenties après le séisme, dont l'une à 4 h 27 le . De magnitude 4,3 d'après le RéNASS[9], cette secousse est largement ressentie dans l'ouest du pays, notamment près de l'épicentre du séisme.
Une deuxième réplique est ressentie en début de matinée du par les habitants, cette fois-ci de magnitude relativement faible, 3,4 selon le réseau national de surveillance sismique (RéNASS)[10]. Neuf autres répliques de magnitude 1 à 2,5 ont lieu autour de l'épicentre du séisme[11].
Dans un article de La Nouvelle République publié le , le sismologue Jérôme Vergne indique que des répliques peuvent se produire pendant quelques jours encore en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres[12].
Contextes géologique et sismotectonique
Le séisme se produit dans une région connue pour être sismiquement active et dont le risque sismique est classé au niveau 3 sur 5, c'est-à-dire modéré. Cette région constitue la bordure sud du Massif armoricain, dont les failles actives sont des reprises de structures hercyniennes alignées NO-SE[13].
La région concernée par le séisme correspond partiellement au bassin versant de la Sèvre Niortaise et forme la bordure sud du Marais poitevin. L'espace occupé par le Marais poitevin fait initialement partie du plateau de calcaire jurassique de la plaine vendéenne. La dernière glaciation de Würm a entraîné une régression marine et une reprise d'érosion par les cours d'eau de ce plateau, mettant à nu des formations marno-calcaires qui forment à terme une dépression où subsistent des « buttes » calcaires plus résistantes[7]. Cette dépression est remplie d'alluvions meubles qui ont pu amplifier localement l'intensité du séisme[13].
La sismicité historique de la région est marquée par le séisme de 1972 sur l'île d'Oléron, qui occasionna des dégâts matériels, notamment sur le phare de Chassiron et la balise d'Antioche[14],[15].
Après le séisme, environ 1 100 foyers sont privés d'électricité, une ligne à haute tension ayant été touchée par le tremblement de terre[17].
De nombreux dégâts matériels sont signalés en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres à Mauzé-sur-le-Mignon, Arçais, et Saint-Hilaire-la-Palud. Le centre-ville de Niort est un temps interdit à la circulation, en raison de chutes de pierres. De nombreuses toitures se sont effondrées à La Laigne, où tous les habitants sont évacués et rassemblés au milieu du village. Soixante-dix maisons y sont inhabitables, au moins 200 personnes doivent être relogées[18],[19],[20]. Le pont routier de Cram-Chaban est fermé après la découverte d'importantes fissures qui se sont accentuées après les répliques[21].
Plusieurs églises présentent d'importantes fissures dues au séisme. À Arçais, dans le parc naturel régional du Marais poitevin, les voûtes du chœur de l'église Saint-Cyr ont été touchées[22]. À La Laigne, le clocher de l'église. À Saint-Hilaire-la-Palud où un périmètre de sécurité a été établi autour de l’église obligeant les habitants des alentours à être évacués en raison d'un risque d’effondrement de l'édifice[23].
Le séisme a endommagé plus de cinq mille bâtiments pour un coût total estimé entre cent cinquante et deux cents millions d'euros, affirme le cabinet d'expertise en assurance Saretec. Plus de cinq mille bâtiments ont connu « des fissurations des plâtres et chutes d'objets », cent bâtiments sont « fortement endommagés » avec des « effondrements partiels des structures porteuses » et trois cents présentent des dommages partiels aux structures porteuses « sans pour autant provoquer d'effondrement », indique cette société, qui a dépêché des experts sur place[24],[25].
Le , la Caisse centrale de réassurance (CCR) annonce avoir réestimé le coût des dégâts à un montant compris entre deux cents et trois cents cinquante millions d'euros. Elle prendra en charge au moins la moitié du montant total des coûts, qui « sera réévalué progressivement selon les travaux post-sismiques, en cours »[26],[Note 1].
Le , France Assureurs estime le montant des dégâts à 290 millions d'euros répartis entre 21 625 sinistres[28].
Communes reconnues en état de catastrophe naturelle
L'Autorité de sûreté nucléaire indique que le séisme a été ressenti au niveau des bâtiments administratifs des centrales nucléaires du Blayais, de Civaux et de Chinon mais « n'a pas entraîné le déclenchement des alarmes liées à l'ébranlement des bâtiments réacteurs »[29],[30].
↑Agathe Roullé, Isabelle Thinon, Caterina Negulescu et Anne Lemoine, BRGM, « Séisme en Charente-Maritime : mieux comprendre le phénomène », Sud Ouest, (ISSN1760-6454, lire en ligne)