La Rose des saules est une galle initiée par Rabdophaga rosaria , une espèce d'insectes de l'ordre des diptèresnématocères et de la famille des Cecidomyiidae. Cette cécidie en forme de rosette est produite à l'extrémité des rameaux des Saules sur l'ensemble de l'écozone holarctique. D'autres espèces de Cécidomyies logent à ses côtés à l'instar de Rabdophaga strobilina qui la déforme en un artichaut dense.
Description
La Rose des saules se compose de trente à soixante feuilles raccourcies et ramassées en rosette. La ponte de Rhabdophaga rosaria entraîne une interaction chimique qui arrête la croissance longitudinale des pousses de Saules infectées, les feuilles continuant cependant à se développer et ainsi la "rose" caractéristique se forme à l'extrémité de la pousse affectée. Son diamètre dépend de l'espèce sur laquelle elle pousse : elle mesure par exemple 8 cm de haut sur Salix caprea et 3 cm sur Salix alba. Chaque rosette contient une seule loge comportant une seule larve rose orangé où elle se pupose et hiverne[3],[4],[5],[2].
Son développement débute à la fin du printemps pour atteindre sa pleine maturité à la fin de l'été ou au début de l'automne, alors que les feuilles sont encore vertes. La galle devient brune et reste sur l'arbre durant l'hiver jusqu'à ce qu'elle soit évacuée par une nouvelle croissance des bourgeons au printemps suivant. Elle peut parfois persister au delà[6],[7],[3],[4].
La Rose des Saules est initiée par R. rosaria, mais d'autres espèces d'arthropodes peuvent vivre en association inquiline au sein même de la galle. Il s'agit notamment de Rabdophaga strobilina qui est étroitement apparentée, et dont les larves peuvent modifier, lorsqu'elles sont nombreuses, la rosette initiale jusqu'à ce qu'elle devienne un cône dense en artichaut de 30 à 40 mm de long. Ses larves rouges sont chacune logées dans des cavités individuelles, situées autour de la chambre centrale contenant la larve de R. rosaria. Elle a été exclusivement répertoriée sur Salix purpurea[3],[4],[8],[9],[5],[10]
Ce n'est pas la seule Cécidomyie à partager cette galle : la larve jaune rougeâtre de Macrolabis saliceti est également inquiline de R. rosaria sur Salix fragilis, S. glauca et S. purpurea[11], comme la larve rouge de Rabdophaga schreiteri sur S. repens subsp. rosmarinifola[12]. Enfin, l'AcarienEriophyes marginatus s'invite également pour faire ménage à trois[3],[4].
Distribution
La Rose des saules se rencontre assez fréquemment sur l'ensemble de l'écozone néarctique, c'est-à-dire en Amérique du Nord, et de l'écozone paléarctique, c'est-à-dire en Europe, en Afrique du Nord et en Asie[1],[8],[9].
Systématique
Suivant les sources, Rabdophaga rosaria est soit considérée comme un complexe d'espèces cryptiques, chacune étant strictement inféodée à une ou quelques espèces de Saules[13], soit, au contraire, considérée comme une seule et même espèce généraliste[9].
Une étude phylogénétique de 2020 a analysé l'ADN mitochondrial extrait de larves de différents spécimens de Rabdophaga qui induisent des galles en rosette sur « Salix » dans la région holarctique. Elle a montré que R. rosaria pourrait être divisée en 2 clades et 2 sous-clades. Le premier comprend les galles produites sur Salix du groupe cinerea (section Cinerella, sous-genre Vetrix) en Géorgie et au Royaume-Uni, le sous-clade 2A qui contient les populations issues de Salix alba (section Salix, sous-genre Salix) aux Pays-Bas et au Royaume-Uni et le sous-clade 2B qui comporte les populations de la section Helix en Pologne, Phylicifoliae en Alaska et Salix dans la région du Paléarctique oriental[14].
↑ abc et d(en) W.N. Ellis (Amsterdam, The Netherlands), « Rabdophaga rosaria », sur Plant Parasites of Europe, (consulté le )
↑ abc et d(en) Stubbs, Fred B., Provisional Keys to British Plant Galls, Pub. Brit Plant Gall Soc., (ISBN0-9511582-0-1)
↑ abc et d(en) Darlington, Arnold, The Pocket Encyclopaedia of Plant Galls in Colour., Pub. Blandford Press. Poole., (ISBN0-7137-0748-8)
↑ a et bSkuhravâ M ., Skuhravyv., Dauphin P.& Coutin R., « Gall midges of France. Les Cécidomyies de France (Diptera : Cecidomyiidae). », Mémoires Société Linnéenne de Bordeaux, vol. 5,
↑Karl Gillebert, « Enquête-Galles de l'automne », sur Groupe ornithologique et naturaliste du Nord - Pas-de-Calais, (consulté le )
↑ ab et cPatrick Dauphin & Jean-Claude Aniotsbehere, « Les Galles de France », Mémoire de la Société Linnéenne de Bordeaux, vol. 2,
↑ ab et cLambinon, J., Carbonnelle, S. & Claerebout, S., « Aide-mémoire de cécidologie : Choix de zoocécidies de la Belgique (2ème édition) », Cercle des Naturalistes de Belgique, , p. 76
↑(en) W.N. Ellis (Amsterdam, The Netherlands), « Rabdophaga strobilina », sur Plant Parasites of Europe, (consulté le )
↑(en) W.N. Ellis (Amsterdam, The Netherlands), « Macrolabis saliceti », sur Plant Parasites of Europe, (consulté le )
↑(en) W.N. Ellis (Amsterdam, The Netherlands), « Rabdophaga schreiteri », sur Plant Parasites of Europe, (consulté le )
↑(en) K M Harris, « The willow rosette gall, Rabdophaga rosaria; name correction », Cecidology, no 21, , p. 34–35
↑(en) Shinsuke Sato, Keith M. Harris, Dominique M. Collet, Wanggyu Kim et Junichi Yukawa, « Genetic variation in intraspecific populations of Rabdophaga rosaria (Diptera: Cecidomyiidae) indicating possible diversification scenarios into sibling species along with host range expansion on willows (Salicaceae: Salix) », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 189, no 4, , p. 1426-1437 (DOI10.1093/zoolinnean/zlz179, lire en ligne)