Fils de Jean-Charles Garneau et de Marthe Devarennes[4] et descendant de la même souche que l'historien François-Xavier Garneau[5],[1],[6],[7], Richard Garneau est né à Québec[1] au milieu de la Grande Dépression, le [1]. Il demeurait sur la rue Fraser. Il a une sœur, Madeleine, de huit ans sa cadette. Son père, jadis courtier, s'était enrichi assez rapidement après quelques transactions réussies. Il est toutefois victime du krach d'octobre 1929, qui le ruina[8].
Se décrivant comme un élève moyen et dissipé qui ramassait « suffisamment de miettes ici et là pour réussir [ses] examens avec tout juste ce qu'il fallait », Garneau écrit dans À toi Richard..., le premier tome de son autobiographie, paru en 1992, qu'il était doué pour l'expression orale. Il remportait, à chaque année, le premier prix au concours de diction de son école[9].
Suivant les conseils de Roger Daveluy (autrefois de CBV), au printemps 1953, Richard Garneau passe une audition pour travailler à Radio-Canada. Toutefois, il n'est pas retenu, par manque d'expérience. En novembre suivant, il commence à travailler à la radio de CHRC. Puis, en juillet 1954, il est embauché pour la nouvelle station de télévision de Québec (alors propriété de Famous Players) et en devient le premier annonceur. Pendant deux ans et demi, il comble les tâches d'annonceur, de commentateur, de rédacteur, s'occupant des présentations, des bulletins d'informations, du sport et de la présentation des concerts[11].
Richard Garneau entre à Radio-Canada[12] en [5], comme « annonceur » (c'est-à-dire comme narrateur polyvalent, généraliste[5]). Il y reste 33 ans et devient animateur puis, choisissant la section des sports, il est notamment commentateur à la Soirée du hockey pendant 23 ans.
La Soirée du hockey
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Couverture des Jeux olympiques
Il est présent à tous les Jeux d’été à partir de Rome en 1960 jusqu'à Londres en 2012 (à l'exception d'Atlanta), surtout en tant que spécialiste de l'athlétisme, aux côtés de l'entraîneur et analyste Jo Malléjac, puis de Jean-Paul Baert, et à tous les Jeux d'hiver depuis Innsbruck en 1964 jusqu'à Vancouver en 2010[13] (à l’exception de Nagano[14]). Aux Jeux d'hiver, ainsi qu'à plusieurs championnats canadiens et mondiaux, il se spécialisait en patinage artistique, aux côtés de l'analyste Alain Goldberg. Il a commenté tous les jeux du Commonwealth de 1962 à 1986 ainsi que de nombreux Jeux panaméricains, d’été et d’hiver, du Canada et du Québec.
Commentateur d'un grand nombre de Jeux olympiques d'été et d'hiver, entre autres pour Radio-Canada et RDS, il est celui qui en détient le record pour la plus longue couverture, soit 23 Jeux sur 25, en 48 ans.
Chroniqueur à la radio
Entre et le , il participe aux émissions de Joël Le BigotSamedi et rien d’autre et Pourquoi pas dimanche à l’antenne de la Première Chaîne, en compagnie du comédien mélomane Edgar Fruitier, du cuisinier Philippe Mollé, de la journaliste culturelle Francine Grimaldi et de l'historien André Champagne.
Il a aussi été coanimateur de l'émission Les héros du samedi (au moins en 1983).
En attendant « Sotchi 2014 » et « Rio 2016 »
Le , à 82 ans, Richard Garneau a la douleur de vivre la mort de son fils aîné, âgé de 54 ans, Jean Garneau[15]. Peu après, en tout début de 2013, il doit lui-même entrer à l'hôpital pour une chirurgie cardiaque. Son fils Stéphane Garneau témoigne qu'il aurait accepté en souhaitant une remise en forme, pour pouvoir commenter ses 24e et 25e Jeux olympiques, ceux d'hiver 2014 à Sotchi, en Russie — patrie d'origine de son actuelle épouse, mère de ses jeunes filles — et ceux de « Rio 2016 »[16]…
Le , les médias transmettent la nouvelle que Richard Garneau a subi une chirurgie cardiaque en tout début d'année et se trouve encore hospitalisé aux soins intensifs, pour des complications survenues à la suite de l'intervention — ce qui suscite aussitôt une grande vague de sympathie chez ses collègues des médias et sur les réseaux sociaux[17].
Puis, le 12, une semaine après l'opération, l'espoir renaît : le coma artificiel est terminé, qui a duré 4 jours (du 5 au )[18], mais son fils Stéphane invite à un « optimisme prudent »[19].
Encore aux soins intensifs, Richard Garneau meurt le [1],[2],[3]. La tristesse, les regrets et les hommages fusent[20].
« Richard Garneau mérite sans conteste une place sur la plus haute marche du podium des grandes personnalités du Québec, selon tous les professionnels qui ont eu le privilège de le côtoyer. […] Dans une entrevue accordée au Devoir en 2002, il déclarait : « Je ne veux pas prendre ma retraite. Ils devront m’arrêter parce que je vais continuer ! » — Personne n’a jamais eu l’intention de l’arrêter, et sa voix s’éteint beaucoup trop tôt. »
— Jean Dion, « Richard Garneau (1930–2013) : un monument disparaît », Le Devoir, 21 janvier 2013[21].
Le , le Gouvernement du Québec annonce sa décision d'honorer la mémoire de Richard Garneau par une « cérémonie de commémoration nationale » et offre à la famille l'aide de son service du protocole, pour l'organisation de l'événement[22]. Le jour du rassemblement commémoratif, est aussi prévue la traditionnelle mise en berne du drapeau du Québec sur l'Hôtel du Parlement du Québec.
Le , son fils Stéphane Garneau annonce le jour, l'heure et le lieu de cette cérémonie[23] : le , à 14 h, à la Maison symphonique de Montréal, inaugurée l'année précédente et comportant une salle de 1 900 sièges.
Famille
Marié à Lucie Bégin, puis remarié à Valentina Neven-Dumont, une Allemande d'origine russe que Richard Garneau a rencontrée lors des jeux panaméricains de Cali, en Colombie, en 1966[24], Richard Garneau est le père de deux filles, Catherine, et Nina, et de deux garçons, Jean (1958-), l'aîné, et le journaliste Stéphane Garneau[15].
Influence
Des analystes sportifs qui ont partagé le micro avec lui comme Jean-Paul Baert ou Gilles Tremblay parlent de lui comme l'un grand commentateur sportif, à l'image de l'illustre René Lecavalier[20], auprès de qui il s'est initié à la fonction.
Le style de Richard Garneau a laissé sa marque chez les journalistes sportifs qui l'ont côtoyé et suivi. Reconnu pour son éloquence, sa maîtrise de la langue parlée ainsi que pour ses connaissances encyclopédiques du sport[3], qu'il actualisait sans cesse.
L'animateur et comédien Paul Houde évoque la « grande polyvalence » de Garneau, qui était capable de commenter aussi bien le patinage artistique, l'athlétisme que le ski alpin[20]. Paul Houde évoque aussi « un homme d'une grande classe », qui « laissait toute la place aux athlètes »[3], ajoutant[3] : « Effacez-vous devant l'image et devant la performance sportive, n'essayez pas de vous mettre en évidence comme tel. Richard Garneau, c'était ça, sa principale qualité, et il le faisait avec une élégance incroyable. Il n'était pas celui qui essayait de se mettre devant. Pourtant, à 6′ 5″ (1,96 m), il aurait pu ! »
L'ancien joueur des Canadiens de Montréal, Pierre Bouchard, qui l'a fréquenté non seulement à titre de joueur mais aussi comme collègue à La Soirée du hockey, de Radio-Canada, souligne lui aussi la toujours grande discrétion et affabilité de son ami[3] : « Il ne prenait pas le plancher, il avait toujours une opinion intéressante et une grande gentillesse. Je retiens sa grande gentillesse et la classe de Richard Garneau. »
Serge Arsenault, grand ami de Richard Garneau depuis les Jeux olympiques d'été de 1976, ajoute : « Il aurait pu vous parler de musique, de cinéma, de politique avec la même aisance qu'il parlait de sport[25]. »
Un autre grand ami, le journaliste retraité Pierre Nadeau, très ému lui aussi, évoque à son tour l'excellence multiple de Richard Garneau[3] : « Toujours élégant, toujours précis, et surtout enthousiaste et passionné, des qualités qui ne lui ont jamais fait défaut. »
Aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, en , la Société Radio-Canada dédie son studio d'animation à Richard Garneau. Toutes les émissions animées en studio, et où les animateurs reçoivent les athlètes canadiens, sont transmises à partir du "Studio Richard-Garneau".
Publications
Richard Garneau, À toi Richard... : altius, angélus, airbus, Montréal, Stanké, , 492 p. (ISBN2-7604-0400-5)
Richard Garneau, Vie, rage... dangereux : abjectus, diabolicus, ridiculus [nouvelles], Stanké, , 213 p. (ISBN2-7604-0437-4)
Il est aussi récipiendaire de quatre prix Gémeaux, respectivement pour La Soirée du hockey (1986 et 1989)[26], le Marathon international de Montréal (1987)[26] et les Jeux olympiques de Barcelone, présentés à l'antenne du Réseau TVA (1992).
2014 : Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale[32]
2016 : La ville de Québec a dévoilé la Place Richard-Garneau à l'angle de la rue Cartier et du boulevard René-Lévesque le lors de sa fête municipale[33].
Notes et références
↑ abcde et fRadio-Canada, « Richard Garneau est décédé », Radio-Canada Nouvelles, (lire en ligne)
↑ a et bAgence QMI, « Garneau : Une grande voix s'est éteinte », TVA Sport, (lire en ligne)
↑ abcdef et gLa Presse canadienne, « La voix du commentateur sportif Richard Garneau s'est éteinte », Le Devoir, (lire en ligne)
↑ ab et cYves Beauregard, « Un esprit sain dans un corps sain : Entrevue avec Richard Garneau », dans Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, Hors série, 1993, p. 52-57. Propos recueillis par Yves Beauregard à Montréal le 19 août 1993. — Article tiré à part et retransmis sur érudit.org ; consulté le 30 janvier 2013.
↑En janvier 2013, son fils, Stéphane Garneau, témoigne, en entrevues sur Radio-Canada, dont en vidéo sur RDI (attachées aux références ci-contre), que Richard Garneau a subi une crise cardiaque à ses côtés, à l'émission matinale de Joël Le Bigot, Samedi et rien d'autre, le samedi matin 5 janvier 2013 ; qu'il l'a aussitôt accompagné à l'hôpital et entendu maintenir son souhait de pouvoir œuvrer à « Sotchi 2014 » et « Rio 2016 »… — Voir et écouter, notamment : [vidéo] Stéphane Garneau, en entrevue à RDI, par Anne-Marie Dussault, entre le 23 janvier et le 4 février 2013.