Un point de passage sans démarcation visible, vu d'Irlande du Nord, le passage dans l'État d'Irlande étant indiqué par le panneau de limitation de vitesse en km/h.
Relations entre le Royaume-Uni et l'Irlande indépendante
Indépendance de l'Irlande
Au début du XXe siècle, la question de l'indépendance commence à prendre de l'ampleur[1]. La majorité des Irlandais, derrière Charles Stewart Parnell, réclament le Home Rule, un statut d'autonomie ; certains, dont le Sinn Féin, fondé en 1905 par Arthur Griffith, demandent même l'indépendance totale[1]. Cependant, la minorité protestante d'Ulster parvient à retarder le vote du Home Rule jusqu'en , puis, avec la Première Guerre mondiale, le projet est abandonné[1]. À la même époque, le Sinn Féin se dote d'une milice, les Irish Volunteers (« Volontaires irlandais »)[1].
En 1916, tentant de profiter de la guerre pour contraindre les Britanniques à revoir le statut de l'Irlande, les nationalistes irlandais organisent la révolte de Pâques, envahissent le General Post Office de Dublin et proclament la République irlandaise indépendante[1],[2]. La révolte est écrasée par les Britanniques, qui exécutent la plupart des leaders nationalistes, à l'exception de Eoin Mac Néill, Éamon de Valera et William Cosgrave, qui voient leur peine de mort commuée en prison à vie avant d'être amnistiés en 1917[1]. La répression sanglante du gouvernement britannique choque l'opinion publique irlandaise[2].
Considérant la ratification du traité anglo-irlandais comme une trahison, Éamon de Valera démissionne prend la tête de l'opposition « républicaine », appuyé par une fraction importante du Sinn Féin et de l'IRA[1],[2]. Le jeune État se retrouve divisé entre le gouvernement provisoire, dirigé par Michael Collins et soutenu notamment Arthur Griffith (élu président en remplacement de De Valera) et par le clergé catholique, et les plus anciens membres du Sinn Féin refusant la partition de l'Irlande[1]. Aux élections de juin 1922, les pro-traité obtiennent la majorité avec 58 sièges contre 38 aux républicains[1]. La guerre civile irlandaise éclate[2]. L'IRA, républicaine, multiplie les attentats ; peu après la mort de Griffith, Michael Collins est assassiné le [1]. Le Dáil Éireann élit William T. Cosgrave président pour succéder à Griffith[1]. Il rédige la Constitution de l'État libre d'Irlande(en)[1]. L'État libre est officiellement créé le , après que l'Irish Free State Constitution Act a reçu sa sanction royale[3].
L'Irlande du Nord, cependant, dispose d'un droit de retrait du nouvel État[3]. Il est prévu que, si elle décide de rejoindre l'État libre, le Parlement d'Irlande du Nord serait maintenu, en tant qu'assemblée avec un pouvoir dévolu par Dublin ; sinon, l'Irlande du Nord restera au sein du Royaume-Uni selon le statut qu'elle possédait avant la création de l'État libre[3]. Le lendemain de la création de l'État libre d'Irlande, le , l'Irlande du Nord exerce son droit de retrait et quitte l'État libre d'Irlande[3],[4].
À la tête de l'État libre de 1922 à 1932, William Cosgrave adopte une politique conciliante avec le Royaume-Uni, ce qui permet à l'économie irlandaise de connaître une période de prospérité dans le secteur agricole[1]. Cependant, cette politique, outre le fait qu'elle profite plus aux grands propriétaires qu'aux paysans, est frappée par la Grande Dépression à partir de 1929[1].
La Grande Dépression entraîne la défaite du gouvernement Cosgrave et la victoire des républicains aux élections : de Valera succède à Cosgrave à la tête du gouvernement irlandais[1]. Il prend plusieurs mesures dans l'objectif de diminuer l'influence britannique en Irlande[2]. Il supprime le serment d'allégeance des députés irlandais au Roi du Royaume-Uni et met fin aux remboursements des dettes irlandaises au Royaume-Uni, avec pour conséquence une guerre économique entre les deux pays[1]. En , la Constitution de l'Irlande est adoptée[1],[2]. L'État libre d'Irlande est aboli et l'Irlande, ou en irlandais, Éire, est déclaré État souverain, indépendant et démocratique[2] ; toutefois le pays ne se proclame pas officiellement république[1]. Le poste de gouverneur général de l'État libre d'Irlande est aboli, à la place est instauré un poste de président élu au suffrage universel[1]. En 1938, un accord est trouvé avec le Royaume-Uni pour mettre fin à la guerre économique[1].
La Seconde Guerre mondiale débute en 1939[2]. L'Irlande observe une politique de neutralité bienveillante envers les Alliés[1] ; de nombreux Irlandais choisissent cependant de s'engager dans les forces alliées[2].
En 1948, alors que l'Irlande souffre de difficultés économiques, de Valera perd les élections et John A. Costello, du Fine Gael, lui succède[1],[2]. En 1948, le Parlement adopte le Republic of Ireland Act, qui prend effet le lundi de Pâques en 1949 (anniversaire de l'insurrection de Pâques 1916)[1],[2]. Il déclare que la « description de l'État » est « République d'Irlande »[6]. Par la même occasion, l'Irlande quitte le Commonwealth[1],[2]. À la suite de ces décisions, le Parlement britannique adopte l'Ireland Act[1]. Le Royaume-Uni s'engage par ailleurs à ne pas modifier le statut de l'Irlande du Nord sans le consentement de son Parlement[1],[2]. L'indépendance totale vis-à-vis du Royaume-Uni a pour effet de repousser la perspective d'une réunification de l'île[1]. Cependant, à cette époque, la question de l'Irlande du Nord ne fait plus partie des préoccupations principale des Irlandais[1].
La seconde moitié du XXe siècle : intégration européenne et conflit nord-irlandais
Le XXIe siècle : paix en Irlande du Nord et Brexit
↑ abc et d(en) I. Gibbons, The British Labour Party and the Establishment of the Irish Free State, 1918-1924, Springer, , 263 p. (ISBN9781137444080, lire en ligne), p. 107.