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Le réalisme est un courant de pensée des relations internationales. Pour l'école réaliste, les États recherchent avant tout à garantir leur sécurité et à étendre leur puissance en raison de la compétition qui existe entre eux. Historiquement, le réalisme est la théorie dominante au sein des relations internationales. Le réalisme se caractérise par le pessimisme anthropologique, le conservatisme, le rejet de l'idée de progrès et de l'utopie, par opposition aux idéologies socialistes ou libérales[1],[2].
Le réalisme se définit principalement comme opposition à ce qu'il nomme l'espoir ou l'illusion idéalistes d'un système international fondé sur la négation de la force et la valeur absolue accordée à une idée ou à une loi (c'est-à-dire le droit international) – idéalismes idéologique ou légal. Le réalisme rejette l'idéalisme pour deux sortes de raisons : parce qu'il lui reproche de ne pas correspondre à la réalité mais aussi parce que l'idéalisme, lorsqu'il défend des principes totaux, peut mener au fanatisme et donc à la guerre la plus violente[3].
Le réalisme ne se confond cependant pas avec la position qu'on pourrait qualifier de cynique consistant à interpréter les grands principes comme masquant uniquement la volonté de puissance : les théoriciens réalistes estiment que le souci de justice doit contrebalancer celui de prudence[3].
Comme praxéologie, le réalisme déduit de son opposition à un idéalisme excessif la recommandation de faire preuve de prudence dans la conduite des affaires étrangères, ce qui signifie qu'il faut se fixer des objectifs limités et concrets au lieu du triomphe de grands principes absolus justifiant des conflits sans bornes. Cette préconisation existe également chez des auteurs idéalistes et n'est donc pas propre au réalisme[3].
L'insistance mise sur la notion de puissance contre celle de loi conduit, comme le constate Raymond Aron, à définir toute politique comme puissance (même la politique intérieure où les conflits sont pourtant tranchés par la loi et d'autres règles), plutôt que définir l'ordre international comme celui qui n'a pas d'arbitre ; il est dit anomique. Lorsque le réalisme affirme rigoureusement que l'État poursuit et doit poursuivre son intérêt national, il devient lui-même idéologique, et le vrai réalisme consisterait plutôt à reconnaître l'importance de l'idéologie et des passions dans la conduite des nations[3].
Plusieurs auteurs sont considérés comme des références du réalisme politique :
L'école réaliste apparaît avec Reinhold Niebuhr, théologien américain. D'une anthropologie pessimiste d'un homme corrompu par le péché, il fait découler l'immoralité nécessaire de l'État. Les désirs idéalistes de paix éternelle méconnaissent la nature humaine, violente et égoïste, et sont donc vains. Pire encore, ils sont dangereux ; au nom des grandes idées, les limites traditionnelles de la guerre peuvent disparaître au profit de la guerre totale. Les réalistes soutiennent donc que la seule conduite morale d'un État consisterait en fin de compte à ne rechercher que sa puissance nationale[3].
Les principaux penseurs du réalisme sont :
Les postulats fondateurs sont les suivants :
Les réalistes considèrent que :
Les réalistes ont une perspective machiavellienne, hobbesienne, thucydidéenne et augustinienne, de la nature humaine qu'ils perçoivent comme égoïste et belliqueuse, en contradiction avec l'approche libérale ; celle-ci percevant alors l'humanité comme plus coopérative. Les réalistes estiment que les États sont agressifs (de façon offensive ou défensive) et que l'expansion territoriale ne peut être contenue que par la menace de la force. Cette approche agressive conduit à un dilemme sur la sécurité où l'accroissement de la puissance d'un État est perçue comme pouvant apporter un surcroît d'instabilité pendant que les autres États cherchent à renforcer la leur. Cependant la sécurité est un jeu à somme nulle où seul des « gains relatifs » sont possibles.
Le paradigme réaliste a quatre propositions principales et quatre propositions secondaires.
Il existe différentes formes de théories réalistes. Il est possible, au-delà de la simple différence entre auteurs réalistes, d'identifier plusieurs courants majeurs du réalisme[4]. Notamment :
Le réalisme et le néoréalisme ont été accusés par les auteurs critiques, féministes et post-modernes, de propager une vision paranoïaque des relations internationales, qui agirait comme une « prophétie auto-réalisatrice » : la pratique des décideurs étatiques étant guidée par les principes du réalisme politique, la réalité viendrait se conformer à la théorie réaliste, considérée comme la vision la plus pessimiste des rapports interétatiques.
Les auteurs incriminés répondent en général que leurs détracteurs sont des idéalistes incapables de voir le monde tel qu'il est, et que l'expérience historique leur donne raison (Carl Schmitt).
Les critiques portées au réalisme peuvent être globales ou partielles.