La principauté de Stavelot-Malmedy, ou principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy, était une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain. La souveraineté était exercée par le prince-abbé bénédictin des double monastères impériaux de Stavelot et de Malmedy fondés en 651, qui était détenteur à la fois des pouvoirs politiques et religieux de la Principauté. Avec le duché de Bouillon et la principauté de Liège, c'était l'un des trois territoires aujourd'hui belges qui n'ont jamais fait partie des Pays-Bas espagnols (et plus tard des Pays-Bas autrichiens)[1]. En tant que prince-abbé, l'abbé de Stavelot-Malmedy avait un siège à la Diète d'Empire sur le banc ecclésiastique du collège des princes régnants, aux côtés des princes-évêques. Avec les autres princes-abbés, il possédait une voix personnelle (voix virile), contrairement aux prélats, qui ne possédaient qu'une voix collective (voix curiale). En 1795, la principauté est abolie et son territoire est intégré au département de l'Ourthe. Le congrès de Vienne de 1815 assigna Stavelot au royaume uni des Pays-Bas et Malmedy devint une partie du district prussien d'Eupen et Malmedy. Tous deux font actuellement partie du royaume de Belgique - depuis la révolution belge de 1830 et le traité de Versailles de 1919, respectivement.
Les catalogues des abbés de Stavelot citent dans les dernières années du IXe siècle, en 891 et en 895, un comte-abbé Liutfrid ; il avait possédé un bénéfice royal à Bihain[4].
Après lui, Régnier Ier fut doté de l'abbaye jusqu'à sa mort en 915 ; il y eut pour successeur Évrard, dans lequel il faut voir probablement le personnage auquel Henri Ier confia, en 925, la pacification de la Lotharingie[4].
Gislebert reprit ensuite la succession de son père et conserva l'abbaye jusque vers 939. Le duc Conrad le Roux obtint ce même bénéfice, mais on sait qu'il fut disgracié en 953[5].
Les comtes-abbés de cette première période n'étaient pas nécessairement les chefs immédiats du territoire ; mais lorsqu'ils disparurent, c'est-à-dire au milieu du Xe siècle, ce furent en règle générale les comtes qui exercèrent l'avouerie sur les établissements ecclésiastiques de leur circonscription. Les premiers avoués de cette espèce à Stavelot sont des membres de la famille dite de Luxembourg (descendants de Sigefroid de Luxembourg)[6].
Le petit État ne faisait pas partie des Dix-Sept Provinces, pas plus que la principauté de Liège voisine, la transmission du pouvoir étant soumise aux spécificités de leur statut religieux. Il disparut en 1795 en même temps que les autres États de la région, intégré qu'il fut au département de l'Ourthe. Après la chute de l'Empire français, son territoire fut partagé entre la province de Liège du royaume des Pays-Bas (Stavelot et l'ouest du territoire) et la Prusse (Malmedy et l'est). La rivière de l'Eau Rouge séparait les deux États dans la région. La partie orientale revint à la Belgique en 1919 selon les termes du traité de Versailles, et fut également intégrée à la province de Liège (voir : Cantons de l'Est).
Territoire
Établie sur la plus grande partie de la vallée de l'Amblève et dans une moindre mesure sur l'Ourthe, la principauté était limitée au nord par la principauté de Liège, à l'est par d'autres principautés du Saint-Empire, au sud et à l'ouest par les Dix-Sept Provinces et leurs avatars. Comme dans tous les États de la région, les enclaves étaient nombreuses. Sclessin et Ougrée par exemple, dans l'actuelle banlieue de Liège, de même que Chooz (actuellement en France) firent partie de la principauté jusqu'en 1768, date à laquelle ces localités furent échangée contre Anthisnes et Vien, avec la principauté de Liège[7]. Formée d'une quarantaine de localités, la principauté comprenait un bloc étiré d'est en ouest, de Hamoir à Waimes, et les trois enclaves de Ocquier-Bende, Hody et Louveigné-Fraipont. Le territoire était divisé en trois districts d'origine fiscale, les postelleries de Stavelot et de Malmedy et le comté de Logne.
Institutions
Le prince-abbé gouvernait en souverain absolu ; il pouvait en certaines matières consulter une sorte d'organe représentant ses sujets : l'assemblée générale, ou États, composée de religieux, de dignitaires héréditaires ou d'officiers du prince, maires et échevins, dont le rôle principal était de voter l'impôt. Des États provinciaux existaient dans chacun des trois districts. Sur le plan judiciaire se retrouvait cette division tripartite du pays. Un Conseil de la principauté tranchait les cas contestés. Enfin, en dernier ressort, et comme à Liège d'ailleurs, il pouvait être fait appel à la Chambre impériale (Reichskammergericht), tribunal suprême de l'Empire créé par Maximilien d'Autriche sur le modèle des parlements de Paris et de Malines et qui eut son siège successivement à Francfort (1495-1527), Spire (1527-1693) et Wetzlar (1693-1806)[1].
En 1768, les villages d'Anthisnes et Vien qui appartenaient à la principauté de Liège, rejoignent la principauté de Stavelot-Malmedy et le comté de Logne en échange de Sclessin et une partie d'Ougrée, dans la banlieue de Liège.
Notes et références
↑ a et bAndré Uyttebrouck, « Une Confédération et trois principautés », La Wallonie, le Pays et les Hommes, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1975, p. 215-244, p. 235
↑Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. II, Bruxelles, H. Lamertin, (réimpr. 1981), 88 p. (lire en ligne), p. 230
↑François-Augustin Villers, Histoire chronologique des abbés-princes de Stavelot et Malmedy, t. I, Liège, Imprimerie L. Grandmont-Donders, , 396 p. (lire en ligne)
↑François-Augustin Villers, Histoire chronologique des abbés-princes de Stavelot et Malmedy, t. II, Liège, Imprimerie L. Grandmont-Donders, , 394 p. (lire en ligne)
↑François-Augustin Villers, Histoire chronologique des abbés-princes de Stavelot et Malmedy, t. III, Liège, Imprimerie L. Grandmont-Donders, , 487 p. (lire en ligne)
↑Richard Courtois, Recherches sur la statistique physique, agricole et médicale de la province de Liége, vol. 1, Beaufays, (lire en ligne), p.56.
Voir aussi
Bibliographie
Baron de Chestret de Haneffe, « Numismatique de la principauté de Stavelot et de Malmédy », Revue Belge de Numismatique, Bruxelles, J. Goemaere, vol. XLVIII, , p. 176-210 (lire en ligne)
Philippe George, « Un réformateur lotharingien de choc: l'abbé Poppon de Stavelot (978-1048) », Revue Mabillon, vol. 10, , p. 89-111 (lire en ligne)
Nicolas Schroeder, « Wibald de Stavelot (†1158) », dans Albert Lemeunier (dir.), Wibald de Stavelot, abbé d’Empire (†1158). D’or et de parchemin, Stavelot, Abbaye de Stavelot, , 71 p., p. 7-14
Gaston Schuind, Stavelot-Malmedy : une principauté ecclésiastique de l'ancien régime, Stavelot, 1914, rééd. en fac simile bruxelles, éditions culture et civilisation, 1982, 120 p.
François-Augustin Villers, Histoire chronologique des abbés-princes de Stavelot et Malmédy, t. I, Liège, Imprimerie L. Grandmont-Donders, , 396 p. (lire en ligne)
François-Augustin Villers, Histoire chronologique des abbés-princes de Stavelot et Malmédy, t. II, Liège, Imprimerie L. Grandmont-Donders, , 394 p. (lire en ligne).
François-Augustin Villers, Histoire chronologique des abbés-princes de Stavelot et Malmedy, t. III, Liège, Imprimerie L. Grandmont-Donders, , 487 p. (lire en ligne).